Un homme d'affaire à cheval sur un escargot.
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Le produit intérieur brut réel a avancé de 1,3 % en rythme annualisé au cours du trimestre, alors qu’il avait progressé de 3,5 % au deuxième trimestre, a précisé l’agence fédérale.

L’estimation initiale pour la croissance du deuxième trimestre, annoncée en août, avait été de 3,7 %.

Les économistes tablaient sur une croissance annualisée de 1,2 % pour le troisième trimestre, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

La publication de ces données survient alors que la Banque du Canada doit annoncer la semaine prochaine sa nouvelle décision sur sa politique monétaire. Les économistes s’attendent à ce que la banque centrale maintienne son taux directeur à 1,75 %.

Frances Donald, économiste en chef et responsable de la macrostratégie chez Gestion de placements Manuvie, a souligné que la vigueur des investissements des entreprises était un bon signe pour l’économie canadienne.

Selon Statistique Canada, les investissements des entreprises ont augmenté de 2,6 % au troisième trimestre, enregistrant leur croissance la plus rapide depuis le quatrième trimestre de 2017.

« Il semble que les entreprises canadiennes ont renoué avec les dépenses. Cela est absolument essentiel pour la prétendue résilience du Canada, car avec l’affaiblissement des consommateurs tout au long de 2020, nous aurons besoin de voir les entreprises prendre le relais », a estimé Mme Donald.

« Les données d’aujourd’hui nous indiquent qu’il y a peut-être certaines raisons d’être prudemment optimiste à propos des dépenses des entreprises au Canada. »

Frances Donald a indiqué que les chiffres pour le trimestre étaient conformes aux prévisions de la Banque du Canada et que la banque centrale voudrait probablement voir un écart important par rapport à ses attentes avant de procéder à une réduction de son taux directeur.

« Mon point de vue personnel est que la Banque du Canada devra procéder à des baisses de taux, mais probablement seulement dans la seconde moitié de 2020 », a-t-elle affirmé.

« En outre, même si nous parlons beaucoup de risques à la baisse pour l’économie canadienne, nous devrions également tenir compte du fait qu’il existe également des risques à la hausse. Et lorsque nous commençons à voir des entreprises, qui ont probablement une demande accumulée, commencer à investir dans leurs dépenses en immobilisation et l’embauche, c’est un risque à la hausse que nous devrions surveiller d’aussi près. »

En plus de l’augmentation des investissements des entreprises, les dépenses des ménages ont augmenté de 0,4 % au troisième trimestre, grâce notamment aux achats de camionnettes, de fourgonnettes et de véhicules utilitaires sport neufs, qui ont grimpé de 4,9 %.

Modestes attentes pour la croissance à venir

Malgré tout, la croissance économique a été limitée par la faiblesse des exportations.

Les volumes d’exportation ont diminué de 0,4 % au troisième trimestre, après avoir augmenté de 3,1 % au deuxième trimestre. La baisse globale est due à la chute de 15,2 % des exportations de minéraux non métalliques et à la baisse de 4,5 % de celles des produits agricoles et de la pêche. Les exportations de minerais et de concentrés de métaux ont augmenté de 11,6 %, et celles de vêtements et de chaussures, de 17,3 %.

Les volumes d’importations sont restés stables au troisième trimestre, après avoir chuté de 0,9 % au deuxième trimestre.

Brian DePratto, économiste principal à la Banque TD, a observé que l’appréciation de la demande intérieure était encourageante, tout comme le fait qu’une bonne partie de cette hausse pouvait être attribuée à la vigueur des investissements des entreprises.

« Tout ne se déroule pas sans heurts: l’économie canadienne sera confrontée à des vents contraires à court terme, avec des interruptions de travail et la faiblesse du contexte mondial. Mais, avec les données d’aujourd’hui, en particulier le nouveau contexte historique qui vient avec les révisions de Statistique Canada, l’économie semble être un peu plus résistante qu’on ne le pensait auparavant », a écrit M. DePratto dans un rapport.

« Néanmoins, compte tenu des modestes attentes de croissance pour l’avenir et de la tendance à la baisse des dépenses des ménages en glissement annuel, il y a encore de quoi s’inquiéter. »

Dans son rapport sur la politique monétaire de l’automne, la Banque du Canada avait prévu une croissance annuelle de 1,3 pour le troisième trimestre.

La banque centrale s’est distinguée de ses homologues internationales en maintenant son taux directeur inchangé en 2019, tandis que beaucoup d’autres ont opté pour une réduction des taux et des mesures de relance économique accrues en réponse à l’affaiblissement de l’économie mondiale.

La Banque du Canada a souligné que l’économie nationale avait bien résisté à de nombreux égards, mais a ajouté qu’elle s’attendait à ce qu’elle soit « de plus en plus mise à l’épreuve ». À cet égard, la banque centrale compte surveiller dans quelle mesure le ralentissement mondial s’étendra au-delà de la fabrication et de l’investissement.