Image de la Caisse de dépôt et placement à Montréal.
Crédit : La CDPQ

Une enquête qui sera menée par un avocat externe est en cours chez le gestionnaire de régimes de retraite, dans la foulée de révélations du Journal de Montréal concernant les relations d’affaires du dirigeant et d’une vice-présidente de sa filiale Otéra Capital, spécialisée dans le prêt hypothécaire.

« Je pense que lorsque l’on vit des semaines comme celle-ci, il est indéniable que des améliorations devront être apportées », a dit M. Girard, vendredi, au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse canadienne.

Le grand argentier de la province a toutefois pris soin d’ajouter qu’il valait mieux apporter des changements « après réflexion », se disant au passage satisfait de la gestion de l’affaire par la Caisse jusqu’à présent.

Après la suspension d’une vice-présidente mardi, la CDPQ a annoncé vendredi que le chef de la direction d’Otéra Capital, Alfonso Graceffa, allait se retirer de « toutes ses fonctions dans les filiales immobilières » de l’institution dans le cadre de l’enquête.

Son retrait est immédiat et pour la durée de l’enquête, dont les conclusions seront rendues publiques.

Selon le quotidien montréalais, une filiale d’Otéra Capital, MCAP, aurait accordé au moins 11 prêts, pour un total de 9,2 millions de dollars (M$), à des firmes de son président depuis 2010 afin de lui permettre d’acheter des immeubles.

« Je ne veux pas présumer de l’enquête, mais je trouve cela particulier qu’un dirigeant (M. Graceffa) d’une filiale puisse recevoir des prêts de la part de celle-ci, a dit M. Girard. C’est là que je dis « est-ce que l’on a les bons codes d’éthique et est-ce que le dirigeant a respecté le code d’éthique en place? » »

De plus, Thomas Marcantonio, un partenaire d’affaires de M. Graceffa, aurait reçu un prêt de 44 M$ de la part d’Otéra Capital dans le cadre d’un projet de résidence pour aînés à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Aux commandes d’Otéra Capital depuis 2013, M. Graceffa est également président du conseil d’administration depuis le mois dernier.

« Est-ce que l’on devrait avoir de meilleurs codes d’éthique? La réponse, c’est probablement oui parce que la Caisse est un organisme d’envergure internationale », a souligné le ministre des Finances.

M. Girard n’a pas voulu s’avancer sur des mesures qui devraient être mises en place par l’institution en matière d’éthique, affirmant qu’il faisait « confiance aux gens en place ». Il a également ajouté que son rôle ne consistait pas à s’ingérer dans le processus.

La CDPQ avait annoncé la tenue d’une enquête mardi tout en indiquant que la vice-présidente du financement immobilier chez Otéra Capital, Martine Gaudreault, était suspendue. Selon le Journal de Montréal, le conjoint de cette dernière aurait eu des liens avec des gens liés au crime organisé.

Mme Gaudreault serait l’amie de coeur d’Alain Cormier, qui serait un prêteur privé et président de la firme Bancan.

Cette entreprise, selon les informations du quotidien, aurait fait des affaires dans le passé avec deux membres de la famille Rizzuto, dont Leonardo Rizzuto, fils de l’ex-parrain de la mafia montréalaise Vito Rizzuto.

Otéra Capital se présente comme un chef de file en immobilier commercial avec un portefeuille de placements totalisant 12,3 G$ en date du 31 décembre 2017, les dernières données publiques disponibles.

Cette filiale se spécialise notamment dans la mise en place de prêts à terme, la gestion administrative de prêts à terme, intérimaires ou de construction et la gestion active de prêts en difficulté et des biens repris.