Une photo du bâtiment de la Banque du Canada.
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Le gouverneur de la Banque du Canada a prévenu jeudi que le plus lent retour à la normale auquel sont confrontés les femmes, les jeunes et les travailleurs à faible salaire pourrait constituer une menace pour la reprise économique plus large après la pandémie de COVID-19.

Selon Tiff Macklem, les récessions inégales qui affectent davantage certains travailleurs et secteurs que d’autres ont tendance à être plus longues et à laisser des marques plus profondes sur le marché du travail.

Dans le texte d’un discours prononcé devant la Chambre de commerce du Canada, le gouverneur souligne que les femmes et les jeunes sont plus susceptibles d’avoir été licenciés de façon permanente en raison de la pandémie.

Mais les personnes licenciées mettent en moyenne deux fois plus de temps à retrouver du travail que les personnes mises à pied temporairement, a souligné Tiff Macklem, ce qui risque de nuire à long terme à leurs perspectives d’emploi et de réduire durablement leurs revenus de façon durable, en particulier pour les jeunes.

Tiff Macklem a assuré que la banque centrale faisait tout ce qu’elle peut pour soutenir la croissance et remettre les gens au travail.

Il a ajouté que remettre le retour au travail était le meilleur moyen d’améliorer les résultats économiques au fil du temps, notant que des conséquences inégales pour certains pouvaient se traduire par de mauvais résultats pour tout le monde.

« Œuvrer pour l’égalité des chances est tout simplement la bonne chose à faire. C’est aussi bon pour la croissance. La perte d’emplois chez les femmes, les jeunes et les petits salariés est un problème pour nous tous », est-il écrit dans le texte de son discours.

« Si ces travailleurs en venaient à se décourager et à quitter la population active, ou encore s’ils perdaient des compétences précieuses au fil du temps, leur participation réduite à l’activité économique affaiblirait notre potentiel de croissance. Et le niveau de vie de tout le monde s’en trouverait rabaissé. »

Faible taux directeur au moins jusqu’en 2022

Le discours a offert plus de détails au sujet du processus de réflexion qui a précédé la décision du conseil de direction de la banque centrale annoncée mercredi, qui a vu le taux d’intérêt directeur être reconduit à 0,25 %.

Le taux ne s’éloignera pas davantage de zéro tant qu’une reprise ne sera pas bien amorcée et que l’inflation reviendra durablement à la cible de 2 % de la banque. Même si Tiff Macklem n’a pas donné d’échéancier à ce sujet dans son discours, les experts s’attendent à ce que le taux reste au même niveau jusqu’à la fin de 2022 ou même jusqu’en 2023.

Le gouverneur a également indiqué que le programme d’achat d’obligations de la banque serait ajusté au besoin pour fournir une relance monétaire ajustée aux besoins de l’économie.

Tiff Macklem a ajouté que la banque étudiait dans quelle mesure cet outil politique non conventionnel affectait les inégalités.

Les employés à faibles salaires et les femmes ont été parmi les plus durement touchés lorsque les confinements en mars et en avril ont entraîné la perte de trois millions d’emplois et la réduction des heures de travail pour 2,5 millions d’autres travailleurs. Le taux de chômage, qui se trouvait à un creux de quatre décennies, a grimpé à un sommet historique.

Le pays a récupéré près de deux millions des emplois perdus, mais la cadence des gains pour les femmes, les jeunes, les autochtones et les travailleurs de diverses communautés n’a pas enregistré un rebond aussi important.

La baisse mondiale des prix du pétrole continuera de nuire au secteur des ressources, a ajouté Tiff Macklem. Or, ce secteur a été une source importante d’emplois dans de nombreuses régions du pays et a contribué à l’augmentation des revenus.

« Nous sommes conscients que la politique monétaire est un instrument de grande portée macroéconomique qui ne peut cibler des secteurs ou des groupes de travailleurs spécifiques. Mais la croissance et la façon dont elle est partagée ne sont pas indépendantes », a affirmé le gouverneur dans son discours.

« Plus la reprise est forte et durable, plus les opportunités sont nombreuses pour tout le monde. Et plus les opportunités sont nombreuses pour tout le monde, plus la reprise est forte, et plus la croissance est durable. »