Évidemment, le moment de la hausse, si elle survient, reste incertain, après l’annonce de la quasi-stagnation du PIB américain au premier trimestre. Cette annonce a laissé certains investisseurs perplexes quant à la vigueur réelle de l’économie américaine.

Aujourd’hui, l’indice des petites capitalisations Russell 2000 est évalué à 19 fois les bénéfices prévus, par rapport à 18 fois pour l’indice repère des grandes capitalisations, le S&P 500. Le ratio cours/bénéfice moyen du Russell 2000 a été de 13,5 entre 1978 et 1997, et de 17 entre 1998 et la fin de 2013. Celui du S&P 500 a été de 15,35 entre 1929 et 2014.

Prix élevés, mais soutenables

«Ces évaluations plus élevées que la moyenne doivent être interprétées à la lumière des taux d’intérêt très bas qui prévalent actuellement», défend Steve MacMillan, gestionnaire du Fonds Fidelity Petite Capitalisation Amérique, qui ne se négocie qu’à 17 fois les bénéfices projetés. Ce fonds s’est classé au premier rang pour sa performance sur cinq ans, tant absolue qu’ajustée pour la volatilité.

«En moyenne, par le passé, lorsque l’indice S&P 500 se négociait à 15 fois les bénéfices, vous aviez l’option d’acheter une obligation fédérale de 10 ans offrant un rendement de 5 %. Aujourd’hui, vous ne pouvez obtenir que 2,46 %. Si vous êtes responsable de la pondération globale d’actif et que vous ne pouvez obtenir que 0,5 % sur une obligation allemande de 10 ans, les cours/bénéfices des actions américaines ne sont pas si hors champ qu’ils en ont l’air. C’est pourquoi nous considérons que malgré leurs niveaux élevés, ces évaluations ne sont pas insoutenables», poursuit Steve MacMillan.

Cela dit, le portefeuilliste prévient qu’il est très peu probable que les investisseurs obtiennent au cours des cinq prochaines années les rendements obtenus au cours des cinq dernières années.

«Il faut tenir compte du point de départ, au creux de la pire crise financière de notre génération. Le rendement annualisé du S&P 500 au cours des 10 dernières années est de 8,3 %, ce qui n’est pas loin de sa moyenne historique», dit-il.

En effet, le rendement annualisé du S&P 500 de 1871 à 2014 est de 9,1 %. Par contre, le rendement annualisé du Russell 2000 au cours des 10 dernières années a été de 9,2 %, ce qui est inférieur à sa moyenne de 11,8 % depuis sa création en 1984.

Steve MacMillan admet que si les taux augmentent sans une amélioration de l’économie, ce sera mauvais pour les marchés boursiers, y compris les PME américaines, plus volatiles.

Favorable aux TI

«Pour rester positif, vous devez supposer que les taux augmenteront lorsque l’économie s’améliorera, et c’est le cas en 2015. Les marchés devraient bien réagir à la fin de l’assouplissement quantitatif, car cela veut dire que l’économie va mieux», affirme-t-il.

Le rendement de l’avoir moyen des titres du Fonds Fidelity est de 20 %, par rapport à 8 % pour ceux de l’indice Russell 2000. Steve MacMillan dit préférer les titres qui ne demandent pas d’investissement massif pour générer leurs bénéfices.

Il en trouve dans le secteur de la technologie de l’information, qui compte pour 27,8 % du portefeuille, mais pas parmi les concepteurs de logiciels et d’appareils auxquels le secteur est associé. C’est le secteur des services destinés à cette industrie qui l’intéresse, parce qu’il veut éviter le risque technologique même.

Ingram Micro est un bon exemple de ce qu’il recherche : cette société est le grossiste de produits technologiques le plus important du monde. Elle écoule auprès de revendeurs les produits de milliers de fournisseurs.

«Ingram Micro est indifférente aux produits gagnants ou perdants sur le plan technologique. Seule la croissance du secteur de la technologie lui importe. La société tire ses bénéfices d’une faible marge sur tous les produits distribués. Le titre se négocie à neuf fois les bénéfices et génère un bon rendement de l’avoir. Le risque à la baisse est minime, le titre se négociant près de sa valeur comptable», explique Steve MacMillan.

Marché encore haussier

Tony Genua, gestionnaire du Fonds États-Unis petite et moyenne capitalisation AGF, est d’avis que les titres de PME américaines sont relativement bon marché, si les taux d’intérêt demeurent à leur bas niveau actuel.

Il reconnaît cependant que les statistiques économiques devraient permettre à la Fed de hausser les taux, ce qui pourrait provoquer une réaction négative dans le marché, temporaire selon lui.

Tony Genua croit néanmoins que nous sommes toujours dans un marché haussier : «La croissance de l’emploi, la reprise du secteur manufacturier et la baisse des coûts énergétiques signifient que la reprise économique est ferme et qu’elle surmontera sa faiblesse du premier trimestre», analyse-t-il.

Cela favorise les PME qui tirent davantage de revenus de l’économie intérieure, qui demeure en expansion, selon Tony Genua : «Si le marché boursier doit continuer de grimper au cours des 12 prochains mois, ce sera en raison de la hausse des bénéfices de ces PME, et non à cause d’une expansion significative du multiple accolé à ces bénéfices, comme en 2013.»

Tony Genua rappelle que l’attrait à long terme des titres de PME réside justement dans la croissance plus élevée de leurs bénéfices.

Il souligne que le rythme de croissance annualisé des bénéfices de l’indice S&P 500 des grandes capitalisations est de 6 % sur de longues périodes, par rapport à 13 % pour l’indice S&P MidCap 400.

Miser sur des titres sensibles à la croissance

Pour maximiser l’impact de cette croissance supplémentaire, Tony Genua préfère les entreprises sensibles à la croissance économique, en particulier celles qui sont axées sur l’innovation se traduisant par la croissance de leurs revenus et bénéfices.

Il en trouve beaucoup dans le secteur des technologies de l’information, qui comptait pour environ 36 % de son portefeuille récemment, par rapport à 14,6 % dans l’indice S&P MidCap 400, son étalon.

Ainsi, son portefeuille affiche une croissance prévue des bénéfices par action de 38 % en 2015 et de 22 % en 2016, par rapport à 4 % et 14 %, respectivement, pour l’indice S&P MidCap 400.

Il se défend d’avoir payé trop cher cette croissance plus élevée : son portefeuille affiche un ratio cours/bénéfices de 22, par rapport à 17 pour l’indice S&P MidCap 400.

«Mais la croissance à long terme des bénéfices des titres en portefeuille est de 23 %, ce qui fait que notre ratio cours/bénéfices divisé par la croissance (PEG ratio) est de 0,96, alors qu’il est de 1,3 pour l’indice, parce que sa croissance à long terme des bénéfices n’est que de 13 %», rappelle-t-il.

Repli probable

Après une période si faste, un repli des actions à petite et moyenne capitalisation ne serait pas étonnant, admet Phil Taller, gestionnaire de la Catégorie Mackenzie Croissance moyennes capitalisations américaines.

Pourtant, bien qu’une fois de plus, les résultats du premier trimestre aient été mauvais, il croit qu’une conjonction de facteurs continue de favoriser l’obtention de rendements boursiers solides à long terme : la poursuite du boom énergétique, la renaissance manufacturière, la reprise immobilière, l’agriculture, l’innovation et la démographie.

Phil Taller dit continuer de trouver des titres dans lesquels investir, comme en fait foi son encaisse oscillant autour de 4 %. Et ce, même si les titres qu’il détient se négocient à environ 21 fois les bénéfices.

Il affirme que son portefeuille est de meilleure qualité que son indice de référence, le Russell Mid Cap Index : «Nous ciblons notre analyse davantage sur la croissance des revenus et des flux de trésorerie disponibles que sur les bénéfices pour évaluer les titres», précise-t-il.

Bonnes banques régionales

Les secteurs bancaires et industriels comptent chacun pour le quart du portefeuille.

«La plupart des fonds concurrents sous-pondèrent le secteur bancaire, parce que les taux d’intérêt restent bas et les marges nettes d’intérêt sont en baisse. Notre thèse est que nous pouvons trouver des banques régionales qui réussissent à faire croître leurs prêts en prenant des parts de marché aux grandes banques. Le fonds détient le titre de First Republic Bank. Elle occupe une niche pour les clients fortunés des industries de pointe. C’est la seule banque sur le campus de Facebook», souligne Phil Taller.

Le fonds détient aussi IBERIABANK, présente dans le sud-est des États-Unis, région qui, selon Phil Taller, est une des principales sources de croissance aux États-Unis. La banque se concentre sur les centres urbains en forte croissance.

Parmi les industrielles, on retrouve le titre de la compagnie aérienne à bas coût Spirit Airlines qui, avec une pondération de 4,3 %, est le deuxième titre en importance dans le portefeuille.

«Cette entreprise peut afficher une croissance à deux chiffres encore longtemps. Leur avantage sur le plan des coûts est majeur, et elle attire une clientèle qui n’aurait probablement pas pris l’avion autrement. Elle accroît le marché», soutient Phil Taller.