Il note aussi qu’à 2,4 et 10,4, les ratios cours/valeur comptable et cours/flux de trésorerie sont respectivement inférieurs à leur moyenne de 2,9 et 11,4 sur 25 ans.

Seul le rendement en dividendes de 2,5 % du S&P 500 est supérieur à sa moyenne de 2,1 % sur 25 ans. De plus, le ratio cours/bénéfices Shiller, calculé avec les bénéfices des 10 dernières années, ajustés pour l’inflation, se situe à 25,3, par rapport à 25,5 en moyenne sur 25 ans.

«Notre économiste en chef, Clément Gignac, trouve une similitude entre la période des années 1960 et la période actuelle, du moins en ce qui a trait à la faible inflation qui y prévalait et qui prévaut aujourd’hui. La règle de 20 était souvent utilisée pour évaluer le marché : l’addition du ratio cours/bénéfices de l’indice S&P 500 (15,4) et du taux d’inflation ne devait pas dépasser 20 pour juger le marché attrayant. Sur cette base, le marché répond à ce critère, puisque l’inflation aux États-Unis n’est que de 0,2 %», observe Pierre Trottier.

La Fed ne ferait rien dérailler

Selon lui, le PIB devrait croître à un rythme de 3 % au 2e semestre de 2015 et entre 2,5 % et 3,5 % en 2016. Le secteur énergétique, dont les bénéfices ont reculé de 56 %, a nui à la croissance en 2015. Il prévoit une croissance des bénéfices d’environ 10 % en 2016. Il rappelle que seulement 1,5 % du chiffre d’affaires des sociétés du S&P 500 provient de la Chine.

Quant à la hausse du taux directeur de la Réserve fédérale américaine (Fed), elle est déjà incorporée dans les cours et ne devrait pas faire dérailler le marché. C’est le début d’un processus de normalisation plus qu’une hausse au sens habituel, selon lui. Surtout que les données sur l’emploi, la consommation et l’immobilier sont encourageantes.

Dans ce contexte, il maintient une prévision de 2 125 pour l’indice S&P 500 au 31 décembre 2015, qui devrait progresser encore de 5 % au cours des trois premiers trimestres de l’année 2016.

Le fonds IA Clarington est axé sur les grandes capitalisations, avec une capitalisation boursière de 130 G$ US, soit légèrement supérieure à celle de 127 G$ US de l’indice S&P 500.

«Le repli récent nous a donné l’occasion d’acheter des titres attrayants. Notre encaisse est nulle. Nous ciblons les titres axés sur l’économie intérieure, entre autres de consommation, qui bénéficient de la chute rapide du prix de l’essence», estime Pierre Trottier.

«Il y a encore du rattrapage à faire dans le domaine immobilier, où la moyenne historique des mises en chantier est de 1,5 M, alors qu’elle oscille autour de 1,2 M actuellement. Des titres comme Home Depot et Lowe’s sont bien placés pour les prochaines années», poursuit-il.

Il surpondère les secteurs de la santé et des services financiers, et sous-pondère les secteurs sensibles aux taux d’intérêt, comme les services publics (utilities) et les télécoms, car il croit que le rendement des obligations fédérales de 10 ans va augmenter.

Correction normale

«Nous traversons une correction normale dans un marché boursier haussier à long terme. Les indicateurs économiques ne signalent aucune récession aux États-Unis. La hausse rapide des cours en juillet avait poussé les évaluations à un niveau insoutenable. À ce niveau, le marché escomptait trop de croissance pour ce que l’économie mondiale peut livrer. Nous avions besoin d’une correction pour ramener les évaluations à un niveau plus normal ou pour laisser à la croissance des bénéfices le temps de se rattraper», juge Valerie Cecchini, gestionnaire du Fonds Découvertes É.U. Investors, qui avait du mal à réinvestir ses liquidités en juillet.

Selon elle, la question centrale demeure la force du dollar américain, qui nuit aux sociétés qui dépendent des marchés extérieurs pour leurs revenus. La décision de la Fed est aussi importante.

«Hausser les taux serait logique si l’économie américaine était la seule sur terre. Mais partout ailleurs, les taux sont en baisse. La Fed prendra-t-elle le risque d’arrêter la reprise en poussant le dollar encore plus haut ?» se demande-t-elle.

Le Fonds Découvertes États-Unis Investors cible les capitalisations moyennes, un segment du marché qui a connu une performance très supérieure aux grandes capitalisations au cours des 30 dernières années : un montant de 10 000 $ US investi dans le Russell Mid Cap Value à la fin de décembre 1985 valait 270 847 $ US à la fin d’août 2015, par rapport à 176 085 $ US s’il était investi dans le S&P 500.

Aubaines dans le secteur industriel

«C’est toujours un peu le cas dans un marché haussier. Les sociétés moyennes dépendent davantage de l’économie nationale, et celle-ci a mieux performé que l’économie internationale. Elles sont aussi souvent la cible d’acquisitions par de grandes sociétés. Cela a cependant récemment poussé leurs évaluations à des niveaux élevés, et la récente correction a été un peu plus violente dans ce segment que dans les grandes sociétés», note Valerie Cecchini.

Au cours de l’année terminée le 31 août dernier, l’indice Russell Mid Cap Value a dégagé un rendement de – 2,54 %, par rapport à 0,48 % pour le S&P 500 (en dollars américains). Valerie Cecchini admet qu’il est possible que nous soyons dans une phase où les grandes capitalisations afficheront un meilleur rendement.

«Les valorisations des grandes capitalisations sont quand même attrayantes, si effectivement l’Europe commence à aller mieux. Au cours des dernières années, une stratégie consistait à acheter des titres du pays qui allaient bénéficier de la relance aux États-Unis. Peut-être que cette stratégie commence à s’essouffler. Surtout quand on voit que l’on peut acheter de grandes capitalisations à 10 ou 11 fois les bénéfices alors que l’indice Russell Mid Cap Value s’échange à près de 19 fois les bénéfices», dit Valerie Cecchini.

«On commence à payer cher pour ne pas avoir à subir les effets de la force du dollar américain. Surtout si l’on tient compte des dividendes plus généreux qu’offrent les grandes sociétés», insiste-t-elle.

C’est pourquoi la sélection de titres devient importante. Elle a repéré des aubaines dans deux secteurs : celui de l’énergie, mais surtout dans le secteur industriel. Son encaisse oscille entre 2 et 4 % du fonds. Son portefeuille affiche un ratio C/B de 16 fois les bénéfices antérieurs.

Adoption d’une position défensive

Bien qu’il ne prévoit pas de recul massif, les inquiétudes légitimes quant à la décélération de l’économie, combinées aux évaluations justes dans l’ensemble, militent en faveur d’une position défensive, selon Stephen Groff, gestionnaire du Fonds américain de dividendes Cambridge.

«Cela se reflète dans notre encaisse élevée, qui a encore augmenté de 17,7 % à la fin de juillet à 20 % à la fin d’août. Nous avons pu profiter de la volatilité récente pour ajouter à certaines positions et en réduire d’autres», relate-t-il.

«Si nous étions capables de trouver des titres à des cours attrayants, notre encaisse diminuerait rapidement. Hélas, les sociétés n’affichent plus une croissance exceptionnelle et leurs multiples ne sont plus inférieurs à la moyenne, mais sont plutôt au niveau normal du milieu d’un cycle. Il y a désormais des vents contraires à la croissance des bénéfices, plusieurs sociétés faisant face à une forme ou à une autre de pression sur leurs coûts, entre autres la force du dollar américain», poursuit le gestionnaire.

Cela dit, lui non plus ne pense pas qu’une hausse de 25 points de base du taux directeur de la Fed est un facteur déterminant. La force réelle de l’économie et les prix payés pour les entreprises sont plus importants à ses yeux.

Inquiétante décélération chinoise

La décélération de l’économie mondiale, en particulier celle de la Chine, l’inquiète, bien qu’elle soit désormais en grande partie intégrée dans les cours boursiers.

Le Fonds américain de dividendes Cambridge comporte plus d’une vingtaine de titres sélectionnés de manière ascendante, et le fait que le secteur des services aux consommateurs, avec une pondération de 24,4 %, soit le plus important n’est que le résultat de cette sélection.

«Nous cherchons des entreprises très fortes, qui sont capables d’exécuter leur plan d’affaires, que la croissance de l’économie prenne de la vitesse ou qu’elle décélère», précise Stephen Groff.

Le titre de Store Capital est le plus important en portefeuille, avec une pondération de près de 6 %. «Cette société immobilière offre une croissance constante, rentable et peu risquée. Store est l’abréviation de Single Tenant Operational Real Estate. La société achète les immeubles d’entreprises de taille moyenne pour les relouer aux anciens propriétaires», explique Stephen Groff.

Avec une pondération de 5,4 %, Extended Stay America est le deuxième titre en importance du fonds. Cette société hôtelière spécialisée dans les longs séjours termine un programme de rénovation et implante de nouveaux logiciels pour augmenter son efficacité.