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Ce fut peut-être le cas il y a quelques années, mais tout le monde a compris que l’innovation nécessite une collaboration de toutes les parties et que la collaboration augmente les opportunités sur le marché, a affirmé Jeff Mitelman, chef de la direction, Thinking Capital, lors d’un panel tenu au 24e Forum économique international des Amériques.

Pour cette raison, on ne parle pas d’une révolte de la part de quelques entreprises technologies face au modèle traditionnel de l’industrie financière, mais bien d’une révolution et d’un changement de paradigme.

Ron Stokes, associé, services consultatifs transactionnels, EY, a rappelé que les fintechs sont « une réaction et une alternative aux institutions financières traditionnelles, apparue aux lendemains de la crise économique mondiale de 2008, alors qu’il y a eu une crise de confiance générale ».

Le lien de confiance qui liait les institutions financières traditionnelles et leurs clients s’érodent un peu plus à chaque jour, affirme pour sa part Michael Katchen, chef de la direction, Wealthsimple. Évoquant les scandales sur les pratiques de vente et la perte de données clients à la suite de cyberattaques survenues au sein de plusieurs banques, il est d’avis que l’avantage concurrentiel dont jouissaient traditionnellement les banques, soit leur marque de commerce et leur tradition, leur solidité relative et affichée, et surtout la force de l’habitude d’un modèle d’affaires unique, est largement disparu. « Aujourd’hui, aussi bien les institutions financières traditionnelles que les fintechs doivent construire au quotidien la relation de confiance qui les lie avec les consommateurs ».

À cet égard, Jeff Mitelman mentionne que les habitudes des consommateurs ont évolué de pairs avec la technologie. « Auparavant, les gens étaient réticents à inscrire des données financières sur le web. Aujourd’hui, il est courant d’effectuer des transactions financières en ligne, que ce soit avec des banques dématérialisées ou d’autres entreprises commerciales ».

La nature même de la sécurité n’est plus ce qu’elle était, dit-il. « Le niveau de menace augmente à tous les jours et les acteurs de l’industrie doivent constamment trouver de nouvelles façons de protéger les données de leur clientèle et les infrastructures avec lesquels le travail et les transactions s’effectuent ».

Selon Jeff Mitelman, alors que les banques traditionnelles ont des structures lourdes et rigides, celles des fintechs sont beaucoup plus souples, ce qui leur offre une longueur d’avance en matière de sécurité. « La clé, c’est la rapidité avec laquelle on peut intervenir et les entreprises davantage émergentes, en raison de leur structure qui était pourtant perçue comme une faiblesse par les grandes institutions, ont justement cette agilité qui leur permet souvent d’agir rapidement en cas de menace ».

Michael Katchen a tenu à préciser que cette souplesse ne signifiait pas que les fintechs s’inscrivaient en faux avec la question règlementaire: « Wealthsimple est règlementée. Souvent, les gens imaginent que les joueurs de la fintech évoluent nécessairement dans une zone grise, mais ce n’est pas le cas. Nous répondons aux mêmes règles que les autres joueurs conventionnels, que ce soit ici au Canada, en Angleterre ou aux États-Unis. C’est très difficile de travailler avec la réglementation, mais il y a une compréhension de la part des régulateurs qu’il existe des trous dans l’encadrement et ils veulent réellement trouver comment protéger le consommateur.»

Wealthsimple travaille d’ailleurs avec les régulateurs canadiens afin de faire évoluer les choses. « Auparavant, la relation devait se faire face à face, mais aujourd’hui avec les téléphones intelligents et toutes les possibilités technologiques, cette façon de faire n’est plus optimale et même au contraire, peut devenir un frein à la bonne marche des relations avec la clientèle », indique Michael Katchen. Il confirme être en relation avec les instances règlementaires depuis plus de six mois afin de développer un formulaire en ligne qui permettra de faire évoluer cette façon de faire afin d’être en phase avec la réalité des investisseurs, de manière sécuritaire.

« Des entreprises comme Uber et Airbnb, par exemple, ont comme pratique d’aller de l’avant puis de demander pardon ensuite. Mais on ne peut pas fonctionner de cette manière dans l’industrie des services financiers », a lancé Michael Katchen.