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Cela ne fait qu’un an que la Banque du Canada (BdC) a commencé à relever les taux d’intérêts et déjà, elle a poussé le taux directeur de 4,25% de plus que le creux atteint pendant la pandémie 2 ans plus tôt, pour le fixer à 4,50%.

La pandémie a changé beaucoup des choses dans notre vie. L’une des conséquences est d’avoir propulsé la bulle immobilière, puisque la baisse des taux d’intérêts survenue au cours de cette période a rendu l’achat plus abordable. Ce fut d’autant plus le cas pour les acheteurs qui avaient choisi un taux variable pour financer leur rêve.  Un an plus tard, ce rêve s’est transformé en cauchemar pour certains, puisque le coût de leur hypothèque est nettement plus élevé que ce qu’ils avaient prévu.

Nous nous sommes amusés à estimer l’impact de la hausse des taux sur les hypothèques au Canada en consultant les états financiers des banques au 4e trimestre de 2022, ainsi que des rapports d’analyse des banques canadiennes, par l’entremise de Statistique Canada, de la SCHL, et de la Banque du Canada. Tout d’abord, le marché des prêts hypothécaires au Canada est évalué à 1 463 milliards de dollars (G$) et le solde des marges hypothécaires, à 268 G$.

Les hypothèques à taux variable représentent 34% des hypothèques, alors nous pouvons assumer que si les taux d’intérêts ne fluctuent pas davantage au cours des prochains 12 mois, les hypothèques à taux variable coûteront 21 G$ de plus en frais d’intérêts. Même si les trois quart des hypothèques à taux variable sont assorties d’un paiement fixe, selon la BdC, il faut considérer que la confiance des consommateurs sera touchée. L’impact est plus immédiat sur les marges hypothécaires où l’augmentation de 4,25% ajoutera un frais de 11 G$ en intérêts pour les 12 prochains mois. On parle ainsi d’un total de 33 G$ pour la prochaine année. Afin de relativiser ce coût, disons que cela équivaut à environ 1,7% du PIB Canadien.

Cette valeur ne représente que l’impact de l’augmentation des taux sur les hypothèques à taux variable et ne tient pas compte du renouvellement des hypothèques à taux fixes qui se fera à des taux beaucoup plus élevés que lors du terme précédent.

Même si l’impact n’apparait pas encore sur les paiements hypothécaires, les trois quarts de cette augmentation des taux fait croître l’endettement des ménages par rapport au revenu disponible, et celui-ci se trouve déjà souvent à un niveau dangereusement élevé, soit à 182%. À titre de comparaison, ce ratio se trouve à 101% aux États-Unis.

Le coût de l’immobilier a déjà commencé à baisser au Canada, mais à cause de toutes ses raisons, on anticipe que l’offre des maisons à vendre augmentera de façon importante au printemps et, combinée au manque d’abordabilité ainsi qu’au ralentissement économique, nous croyons que le coût de l’immobilier baissera davantage. Il est certain que l’immigration pourrait atténuer en partie cette situation, mais il faut vraiment sensibiliser nos clients au fait que le coût de l’immobilier continuera de baisser et que cela aura un effet négatif sur la croissance économique au Canada.

La gestion du passif fait partie intégrante de la situation financière du client et en représente parfois même « la » plus grande part. Il est donc primordial de confier l’analyse de celle-ci à un professionnel objectif qui saura bien le guider et s’assurer qu’il en saisit bien la valeur. Après tout, la gestion du passif en soi n’est-elle pas tout aussi importante que celle des actifs ?