Un tas de bitcoins.
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Les cryptomonnaies soulèvent toutefois des inquiétudes notamment en ce qui a trait à la sécurité des transactions, comme le rapporte un récent article du Cointelegraph, un média numérique spécialisé sur les cryptoactifs.

Selon les prévisions, d’ici 2030, seulement 10% de l’argent dépensé au Canada le sera par des transactions en espèces.

Même si la réflexion au sujet des cryptomonnaies est entamée, les autorités canadiennes ne sont pas pressées de passer du liquide au numérique. En octobre 2018, une étude de la Banque du Canada a décrit un certain nombre de problèmes liés à l’élimination de l’argent comptant dont la réticence des personnes âgées à prendre le virage des paiements électroniques.

Le maintien de la fiabilité opérationnelle suscite également des craintes et des mesures devront être envisagées pour y remédier, dont celle d’émettre une devise numérique qui ne serait pas une cryptomonnaie, mais une version numérique du dollar canadien pour concurrencer les réseaux de paiement privés.

Impact sur la consommation

Une autre étude de la Banque du Canada a démontré qu’une cryptomonnaie pourrait potentiellement bénéficier au bien-être économique du pays. Elle « pourrait entraîner une augmentation de 0,64% de la consommation pour le Canada par rapport à des économies dont les paiements se font uniquement en espèces », rapporte le Cointelegraph.

Pour approfondir sa compréhension des nouvelles technologies financières, la Banque du Canada mène, en collaboration avec le Groupe TMX et Paiements Canada, le projet de recherche Jasper, l’expérience phare de la technologie des grands livres lancée en 2017. Ils constitueraient une solution efficace pour automatiser le règlement en temps réel des titres.

De son côté, depuis 2017, la Banque Royale teste la technologie blockchain pour faciliter le transfert des paiements entre ses établissements situés aux États-Unis et au Canada. Elle a notamment déployé un logiciel mis au point par Hyperledger qui lui permet de suivre les transactions en temps réel entre les deux pays.

Ce qui se fait ailleurs

D’autres pays préparent la transition vers les paiements numériques. En Australie, il y a eu le dépôt d’un projet de loi précisant que les achats de plus de 10 000 dollars australiens (environ 6 750 dollars) en espèces ne seraient pas légaux. Selon le gouvernement, cette mesure dissuadera l’évasion fiscale et encouragera la transition vers une société sans numéraire.

De son côté, l’Allemagne fait un peu bande à part au sein de l’Union européenne alors que le pays n’impose aucune restriction à l’utilisation des paiements en espèces. Un projet de limiter les opérations en argent liquide à 5 000 euros (7 300 $CAN environ) — à la fois dans le pays et dans l’ensemble de la zone euro — a suscité une réaction négative dans la société allemande. Il n’en reste pas moins que le pays est en train de réviser sa position dans ce domaine.

Depuis l’an dernier, il reconnaît légalement le bitcoin en tant que monnaie et a supprimé la taxe sur la valeur ajoutée lors de l’achat de biens et de services utilisant des cryptomonnaies.

Les Suédois en avance

La Suède serait l’un des pays les plus avancés vers une économie sans numéraires. Le pourcentage d’argent utilisé dans ce pays a considérablement diminué (ne représentant que 2 % des transactions) et moins de 20 % des magasins acceptent les espèces.

Cela a été rendu possible grâce aux efforts des autorités, à la confiance sans précédent du public dans les structures bancaires et à la promotion du système de paiement national suédois par mobile, utilisé par plus de la moitié de la population. Les petites entreprises suédoises sont, elles aussi, passées aux paiements sans numéraire.

Par ailleurs, la banque centrale de Suède, la Riksbank, teste depuis novembre 2018 la première cryptomonnaie suédoise appelée e-krona. Son économiste en chef, Gabriel Söderberg, pense que la technologie de blockchain est très prometteuse et qu’il y aura différentes formes d’applications dans la société.

S’il est certain que les liquidités deviendront numériques à plus ou moins long terme, comme d’autres il s’interroge sur le rôle que jouera la technologie blockchain dans ce virage.

« À l’heure actuelle, beaucoup d’entre nous étudient comment la blockchain pourrait aider les paiements futurs. Je suis tout à fait ouvert à la possibilité que cela soit potentiellement intégré dans certains formulaires dans les futurs systèmes de paiement, mais nous ne savons pas encore dans quelle mesure », résume-t-il.