5 tas de pièces de plus en plus hauts. Sur chacun on voit une petite plante.
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L’intérêt envers l’investissement d’impact a pris de l’ampleur ces dernières années. Pour les investisseurs, il s’agit d’une stratégie d’investissement qui, en plus des rendements offerts, contribue à relever les défis sociaux et environnementaux.

« Les gens ont réalisé que ce n’est pas seulement combien d’argent ils gagnent, mais comment ils gagnent leur argent, affirme John Bai, directeur des investissements chez NEI Investments à Toronto à Investment Executive. Ils veulent faire partie de la solution. »

Pour John Bai, l’investissement d’impact se situe au centre du spectre entre l’investissement traditionnel à l’extrême droite, qui se concentre uniquement sur le rendement financier, et la philanthropie à l’extrême gauche, qui donne la priorité aux gains sociétaux. « C’est l’endroit idéal », dit-il. Les investisseurs ont ainsi un impact sur une cause et bénéficient de rendements positifs.

Un marché en forte croissance

À la fin de 2017, le marché canadien de l’investissement d’impact atteignait 14,75 milliards de dollars (G$) en progression par rapport à 2015 (8,15 G$).

À l’échelle mondiale, le marché était estimé à 715 G$ en 2019, selon le Global Impact Investing Network.

Si l’investissement d’impact s’est historiquement limité aux investisseurs institutionnels et accrédités, il est devenu de plus en plus accessible aux investisseurs de détail.

En juin 2020, NEI Investments a lancé sa première gamme de fonds d’impact au Canada, qui a suscité un intérêt « énorme » auprès des conseillers et de leurs clients, selon John Bai. À titre d’exemple, au 6 avril dernier, les actifs sous gestion du fonds NEI Global Impact Bond s’élevaient à 180 millions de dollars (M$).

Quant au Dream Impact Trust (le nouveau nom du Dream Hard Asset Alternatives Trust), dont la fiducie se négocie à la Bourse de Toronto, sa capitalisation boursière s’élevait environ à 414 M$ au 7 avril.

Attention à l’écoblanchiment

L’investissement d’impact se développe parallèlement à l’investissement environnemental, social et de gouvernance (ESG) et à l’investissement responsable (IR), mais il détient une part beaucoup plus petite du marché. Une situation qui s’explique notamment par un accès limité, un manque de sensibilisation et une terminologie incohérente, selon Kelly Gauthier, directrice générale et associée chez Rally Assets, à Toronto.

Ce manque de cohérence a rendu la différenciation beaucoup plus difficile pour les conseillers — sans parler des investisseurs — entre les bonnes stratégies et les moins bonnes, explique-t-elle. Ainsi, l’ESG tend à se concentrer sur l’identification des inconvénients et à les éviter, soit le contraire de l’investissement d’impact, qui cherche intentionnellement à avoir un impact social ou environnemental à la fois positif et mesurable.

C’est là un autre écueil. Les données sur l’impact des investissements ne sont pas toujours facilement disponibles et les investisseurs et conseillers doivent se méfier de l’écoblanchiment.

La question mérite d’être posée : quel est l’impact réel de l’investissement d’impact ? « Il en a certainement un », affirme Paul Lacerte, associé directeur chez Raven Indigenous Capital Partners à Vancouver. La firme a lancé un peu plus tôt cette année le Raven Indigenous Impact Capital Fund dans le but de générer des capitaux propres et des capitaux similaires pour les entrepreneurs autochtones. L’objectif initial du fonds était fixé à 5 M$, mais a attiré 25 M$ en engagements de capitaux d’investisseurs institutionnels du Canada et des États-Unis au moment de sa clôture le 31 janvier dernier.

Selon cet expert, les investisseurs ont le pouvoir de changer la vie des gens et la façon de traiter la planète.

Les fonds à impact de détail peuvent offrir aux investisseurs la possibilité d’apporter des capitaux pour relever des défis dans des secteurs tels que l’agriculture durable, les énergies renouvelables, la microfinance et les services de base comme le logement, la santé et l’éducation.

« Les investisseurs peuvent s’attendre à un retour financier positif ainsi qu’à un retour social et environnemental, pour un résultat global », explique Paul Lacerte, qui croit que le potentiel inexploité de l’investissement d’impact est énorme.

Selon Kelly Gauthier, ce type d’investissement ne doit pas être vu comme une classe d’actifs en elle-même. « Il s’agira moins de le développer comme quelque chose qui est distinct du reste du marché, et plus de comprendre et d’intégrer ces concepts dans la finance, point final », dit-elle.