le drapeau américain et le drapeau canadien l'un sur l'autre
weyo / 123rf

Si certains continuent de clamer que lorsque les États-Unis éternuent, le Canada attrape le rhume, cet adage semble maintenant dépassé. Le Canada s’est effectivement mieux tiré des deux dernières récessions que les États-Unis et devrait répéter cet exploit avec la COVID-19.

Ainsi les données sur l’emploi montrent que les récessions de 2001 et de 2008-2009 ont été plus difficiles pour les États-Unis que pour le Canada, selon l’analyse de Beata Caranci, économiste en chef à la Banque Toronto-Dominion, et Sri Thanabalasingam, un membre de son équipe.

Et le cas semble se répéter dans la crise que nous vivons actuellement. Ainsi en septembre, l’emploi au Canada était de 3,7 % inférieur à son niveau d’avant la pandémie, contre près de 7 % aux États-Unis.

De plus aucune industrie américaine n’a retrouvé son niveau d’emploi d’avant la pandémie contrairement aux services publics, à l’éducation et aux services professionnels canadiens. Les Canadiens ont recommencé à chercher des emplois plus vite que les Américains certainement grâce au soutien des parents et à la volonté des gouvernements de dépenser pour soutenir l’embauche des travailleurs, alors que les États américains ont été contraints dans leurs actions par des limites de dépenses strictes.

Un bon point à garder à l’esprit quand les experts mettent l’accent sur l’ampleur du déficit, souligne un article récent du Financial Post. Pointer les mauvais côtés des dépenses, en oubliant les accomplissements permis par celles-ci, crée une atmosphère négative qui pourrait pousser à faire des coupes avant d’avoir réglé la situation.

« C’est une guerre, affirmait récemment Carmen Reinhart, économiste en chef de la Banque mondiale, à la chaîne Bloomberg. Pendant les guerres, les gouvernements financent leurs dépenses de guerre comme ils le peuvent et en ce moment, il y a de grands besoins. »

En ce moment les besoins sont effectivement criants. Évidemment, le Canada ne devrait pas prolonger le niveau actuel de de dépenses encore sur une trop longue période, mais ce serait une erreur de se retirer trop tôt.

Différence d’opinions

Don Drummond, ancien haut fonctionnaire des Finances qui a quitté Ottawa en 2000 pour agir à titre d’économiste en chef à la Banque Toronto-Dominion, a publié un rapport pour l’Institut C.D. Howe dans lequel il affirme qu’une crise budgétaire semblable à celle du milieu des années 90 est probable.

Il esquisse quatre scénarios concernant l’avenir fiscal du Canada. Il semble toutefois privilégier celui qui prévoit des déficits annuels d’environ 25 milliards de dollars (G$) pour les dix prochaines années au minimum.

Pour éviter une période d’austérité semblable à celle ayant suivi la Grande Dépression, il estime que les paiements d’intérêts en pourcentage des recettes pourraient être maintenus à environ 10 %. Toutefois le Financial Post estime que ce dernier est trop négatif. Le quotidien note ainsi que Don Drummond parle des taux d’intérêt punitifs des années 1990, mais ne tient pas compte de l’élargissement des limites de la politique monétaire depuis cette époque.

Le Financial Post n’envisage toutefois pas une stratégie budgétaire basée sur une hausse significative des taux d’intérêt. Les banques centrales ont annoncé qu’elles comptaient maintenir les coûts d’emprunt à un niveau très bas pendant deux ans et passer ensuite à des taux d’intérêt bas. Il estime donc que nous devons suivre de nouvelles règles et réfléchir à de nouvelles pistes de solutions.