Peu importe la stratégie, les méthodes pour identifier les opportunités (fondamentales ou techniques) et pour exécuter les transactions (discrétionnaires ou systématiques) s’appliquent généralement à chaque type de stratégie.

Voici, à titre d’exemple, trois stratégies : la sélection de titres neutre au marché (« equity market neutral »), le « global macro » et l’arbitrage de titres à revenu fixe.

Sélection de titres neutre au marché

Cette stratégie vise à profiter d’une situation spécifique à une action côtée en bourse sans s’exposer au risque de fluctuation du marché boursier.

Lorsqu’un investisseur a identifié une société avec de belles perspectives, il peut choisir d’acheter de ses actions. Même si les perspectives de la société sont bonnes à long terme, une correction subite de marché peut mener à une perte à court terme. Cinq ans après la correction soudaine, il est très possible que l’action ait retrouvé, et dépassé, son prix initial.

En achetant les actions de la société aux belles perspectives tout en vendant à découvert un montant équivalent des actions d’une autre société dans le même domaine, mais avec des perspectives moins intéressantes, il peut isoler son pari.

Rappelons que vendre à découvert consiste à vendre un titre emprunté. L’investisseur mise ainsi sur une baisse du prix du titre. Il cherche à acheter bas et vendre haut tout comme une position longue; cependant, l’ordre des transactions est inversé. L’investisseur vend d’abord dans l’espoir de pouvoir acheter le titre à un prix plus bas dans le futur.

Par exemple, si on croit que l’activisme de Bill Ackman réussira à faire augmenter la rentabilité de CP, on peut acheter des actions de CP tout en vendant à découvert des actions de CN. Dans la mesure où l’industrie ferroviaire connaisse une mauvaise conjoncture, une perte sur les actions de CP sera compensée par un gain sur les actions de CN. Dans le cas positif, les actions de CP surperformeront celles de CN en raison de l’amélioration de la rentabilité de CP.

La stratégie de sélection de titres neutre au marché permet de diversifier un portefeuille tout en réduisant son risque. Comme la stratégie ne mène pas à une exposition au marché boursier, le rendement est fonction de l’écart de performance entre les titres longs et les titres vendus à découvert. Le rendement espéré est plutôt en ligne avec celui des obligations et la performance n’est généralement pas corrélée avec celle des actions et des obligations.

« Global Macro »

La stratégie cherche à profiter de mouvements importants des marchés des taux, des devises, des actions ou des denrées. À l’inverse de la stratégie de sélection de titres neutre au marché, la stratégie « global macro » est directionnelle; si l’investisseur prend une position à l’inverse du mouvement des marchés, il risque de subir une perte importante.

En dehors des crises financières, le cycle économique propre à chaque pays domine leur marché des capitaux. Ainsi, la croissance économique favorisera généralement les actions tandis que le ralentissement favorisera leurs obligations.

Une analyse macroéconomique et/ou technique par l’investisseur mènera à une opinion sur un marché donné. Ainsi, si une analyse macroéconomique indique un ralentissement en Australie, un investisseur anticipera une baisse des taux par la Banque centrale australienne, ce qui mènera à une hausse des titres gouvernementaux locaux.

À l’opposé, les bonnes perspectives de l’économie américaine ainsi que la clôture prochaine par la Réserve Fédérale de son programme d’acquisition de titres suggèrent que la demande pour les titres gouvernementaux américains pourrait diminuer. De nombreux fonds de couverture anticiperont une hausse des taux et, par conséquent, vendront à découvert les titres gouvernementaux américains.

La stratégie « global macro » permet de diversifier un portefeuille. Tandis que le rendement espéré est en ligne avec celui des actions, la stratégie est corrélée ou non avec les actions et/ou les obligations selon le positionnement de l’investisseur.

Arbitrage de titres à revenu fixe

La stratégie d’arbitrage de titres à revenu fixe cherche à profiter des écarts entre les différentes dates d’échéances de titres gouvernementaux (intracourbe) ainsi qu’entre des titres gouvernementaux de différents pays (intercourbe).

Les gouvernements des pays développés émettent des obligations ayant des maturités de quelques mois à 30 ans ou plus. Généralement, la courbe des taux d’intérêt a une pente positive; le taux d’intérêt augmentant avec la maturité de l’obligation. En raison de l’offre et la demande, un titre et/ou une échéance donnée peut diverger de son taux naturel.

L’investisseur peut prendre une position de valeur relative en achetant le titre ayant perdu de la valeur et vendre à découvert le titre surévalué. Peu importe la direction des taux d’intérêt, l’investisseur profitera dans la mesure où la courbe de taux se normalise.

La stratégie d’arbitrage de titres à revenu fixe permet de diversifier un portefeuille tout en réduisant son risque. Comme la stratégie ne mène pas à une exposition au marché des taux, le rendement est fonction de l’écart de performance entre les titres longs et les titres vendus à découvert. Le rendement espéré est entre celui des obligations et des actions et la performance n’est généralement pas corrélée avec celle des actions et des obligations.
 

Ce texte provient du Stratège, une publication de l’Association de planification financière et fiscale (APFF), et a été écrit par Yves Caron.