Qu’est qu’un fonds de couverture?

À la base, un fonds de couverture est un véhicule d’investissement avec plus de latitude qu’un fonds d’actions ou d’obligations traditionnel. Cette latitude accrue a pour objectif de générer un rendement absolu, c’est-à-dire un rendement positif indépendamment du rendement des marchés boursiers. En contrepartie d’un objectif de rendement absolu, le véhicule d’investissement comporte souvent des frais plus élevés.

La possibilité de générer un rendement absolu découle de plusieurs pistes dont la variation active du niveau d’investissement et l’opportunisme au niveau des types d’investissement.

Un fonds de couverture peut emprunter pour augmenter ses paris, faire varier son niveau d’encaisse ou vendre à découvert afin de protéger ou de faire fructifier le capital en période de baisse des marchés. Cette capacité de varier l’exposition est une lame à deux tranchants; plusieurs fonds ayant très bien fait en 2008 ont très mal performé en 2009 en raison d’un pessimisme qui n’était plus fondé.

Un fonds de couverture n’est pas contraint de se limiter aux actions et aux obligations traditionnelles; il peut prendre des positions dans des actions ou obligations plus risqués, en devises ou en denrées. En bénéficiant de plus de latitude au niveau de l’univers d’investissement, un fonds alternatif peut se concentrer sur les meilleures occasions à un moment donné tant au niveau d’instruments financiers délaissés (dette souveraine grecque en 2012) qu’au niveau de catégories d’actif présentant des perspectives intéressantes (denrées au début des années 2000).

En contrepartie, il comporte des risques, car miser sur une occasion trop tôt peut être très coûteux; acheter les banques américaines en mars 2008 suite à la faillite de Bear Stearns est un exemple d’un opportunisme précoce qui aura coûté des sommes importantes voir la pérennité des fonds ayant pris ce pari.

Quel est l’intérêt?

Les fonds de couverture présentent un intérêt pour les investisseurs et les gestionnaires d’actifs. Tandis que les premiers cherchent un outil de construction de portefeuille qui permet de rehausser le ratio de rendement:risque d’un portefeuille, les seconds cherchent à rehausser leurs revenus à travers des frais élevés.

Étant donné la marge de manoeuvre accrue et/ou l’utilisation de catégories d’actifs non-traditionnelles, les fonds alternatifs ont traditionnellement offert une faible corrélation avec les marchés financiers, voir un rendement absolu, réussissant à générer des gains positifs peu importe l’environnement de marché. Cette performance absolue est historiquement due à l’exploitation d’inefficacités de marchés ainsi que l’opportunisme de miser non seulement sur des hausses de marché mais aussi des baisses.

 

En tant qu’outil de construction de portefeuille, les fonds de couverture permettent de réduire le risque ou d’augmenter le rendement.

  • Substitut aux obligations : dans l’environnement actuel où les obligations présentent un faible rendement, certaines stratégies offrant un rendement supérieur aux obligations tout en conservant les atouts (faible volatilité avec non corrélation aux actions surtout en période de crise)
  •  Substitut aux actions : que vous craigniez que les actions soient pleinement valorisées ou que vous cherchez à les surperformer, il y a des stratégies à considérer. Tandis que certaines offrent une meilleure performance en offrant plus de participation à la hausse, d’autres offrent la possibilité de générer des gains en ligne avec les actions sans souffrir si les marchés chutent.

Les fonds de couverture représentent une avenue de croissance pour les gestionnaires car en plus de leur utilité aux portefeuilles d’investisseur, ils sont plus rentable en raison de frais élevés. Ces frais élevés existent pour deux raisons : une composante historique et une composante logique. Les fonds alternatifs étaient traditionnellement offerts par les meilleurs gérants qui pouvaient exiger des frais importants. Bénéficiant d’un champ d’opération plus vaste, il est normal que le fait de bénéficier d’une plus grande liberté d’action soit compensé par des frais plus importants.

Dans la mesure qu’un fonds de couverture ait réussi une performance haussière peu importe la direction du marché, les frais sont justifiables et, plus important, l’ajout d’un fonds alternatif à un portefeuille traditionnel rehausse ses caractéristiques en réduisant les variations du portefeuille menant à une appréciation plus linéaire du capital.

L’investisseur peut ainsi compter sur la préservation de son capital peu importe l’environnement de marché. Bien que la crise financière soit largement un mauvais souvenir et que le portefeuille de nombreux investisseurs ait surpassé le sommet atteint fin 2007, quel investisseur n’aurait pas apprécié une moins-value moindre en 2008 surtout dans la mesure qu’une dépense importante soit survenue fin 2008/début 2009 nécessitant la vente d’une portion de son portefeuille au creux?

 

Ce texte provient du Stratège, une publication de l’Association de planification financière et fiscale (APFF), et a été écrit par Yves Caron.