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Réunis à Johannesburg du 22 au 24 août, les dirigeants des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont convenu d’inviter six nouveaux pays à se joindre à leur groupe pour le début de l’année prochaine, soit l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Le bloc, qui passe de cinq à onze pays, représentera ainsi 41,3 % de la population de la planète et 25,77 % du produit intérieur brut mondial. Au total, 3,27 milliards de personnes vivent dans ces 5 états.

Cette annonce a été faite jeudi lors du 15e Sommet du groupe des BRICS, en présence du président chinois Xi Jinping, de ses homologues sud-africain et brésilien, Cyril Ramaphosa et Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, ainsi que du premier ministre indien Narendra Modi. Le président russe Vladimir Poutine, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour ses actions en Ukraine, participait de façon virtuelle.

Moment historique selon la Chine

« L’expansion des BRICS est un moment historique qui constitue un nouveau point de départ pour la coopération entre ses pays membres », a salué le président Xi Jinping, prédisant un « avenir radieux pour les BRICS ».

Cyril Ramaphosa a parlé quant à lui d’un « nouveau chapitre dans leurs efforts qui visent à créer un monde juste, inclusif et prospère ». Le président du Brésil a souligné la pertinence d’un nouvel ordre économique mondial, tandis que le président de l’Inde a estimé que « l’expansion du groupe renforcera la croyance de nombreux pays dans le fait qu’un ordre mondial multipolaire est possible ».

L’expansion du bloc est une victoire pour le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine, qui avaient fait pression pour renforcer le bloc face à la concurrence géopolitique et économique croissante avec l’Occident, a estimé le Wall Street Journal.

Cependant, les pays membres ont dû négocier ferme jusqu’à mercredi soir pour trouver une position commune, notamment sur la question des critères d’admission, a rapporté Le Monde, expliquant la longueur des pourparlers par « les difficultés du groupe à contourner les lignes de fractures qui le traversent ».

Banque en difficulté

Plus de 40 pays ont manifesté leur désir de rejoindre les BRICS et 22 ont officiellement demandé à être admis au sein de ce groupe qui vise notamment à réduire l’écart économique entre le Nord et le Sud, à lutter contre les changements climatiques et à développer la gouvernance numérique, selon le président Ramaphosa.

Parmi les réalisations des BRICS figure la Nouvelle Banque de développement (NDB), lancée en 2015, dont le siège se trouve à Shanghai. L’institution a à ce jour approuvé 98 projets d’une valeur totale de 33,2 milliards de dollars (G$) et environ 40 % de ses projets sont consacrés à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation de leurs effets, selon la chaîne d’information publique chinoise CGTN.

La NDB, qui avait l’ambition à sa création de constituer une « réserve d’arrangement de devises » de l’ordre de 100 G$ dans le but d’aider les pays membres à contrer les chocs financiers futur, connaît actuellement des difficultés en raison des sanctions à l’encontre de son actionnaire fondateur, la Russie, qui détient 20 % des fonds. Elle peine à se financer depuis le début de la guerre en Ukraine, selon le Wall Street Journal. Ces difficultés lui ont notamment valu une dégradation de crédit de la part de Fitch Ratings en juillet dernier.

Économie numérique

Le groupe a également mis sur pied un cadre de partenariat portant sur l’économie numérique, baptisé « BRICS Digital Economy Partnership Framework », qui vise à renforcer les complémentarités des membres dans le domaine de l’économie numérique.

L’entrée de six nouveaux membres constitue le premier élargissement du bloc en 13 ans, a mentionné Reuters, rappelant qu’à l’origine, l’acronyme BRICS a été inventé par l’économiste en chef de Goldman Sachs, Jim O’Neill, en 2001. Le groupe a été fondé en tant que club informel de quatre nations en 2009 et a ajouté l’Afrique du Sud un an plus tard, lors de sa seule expansion précédente.