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La Banque du Canada (BdC) a indiqué qu’elle prévoyait d’étudier de plus près quel est l’impact des événements météorologiques, de plus en plus fréquents et violents, sur les prix que les consommateurs paient pour les biens, dans le cadre de son mandat consistant à contrôler l’inflation.

Cette promesse faite mercredi par la banque centrale, qu’elle a liée au sommet des Nations unies sur le climat qui se déroule à Glasgow, en Écosse, la verra également expliquer plus publiquement comment le changement climatique pourrait avoir un impact sur la trajectoire de l’économie canadienne.

Cette annonce survient peu de temps avant la publication d’un rapport de la banque centrale sur les risques que le changement climatique pose au système financier, qui comprendra des détails sur les impacts sectoriels, et un renouvellement du mandat de la BdC.

Le mandat actuel de la banque centrale prévoit qu’elle tente de maintenir l’inflation annuelle le plus près possible de 2,0 %, mais le cadre de sa politique monétaire est renouvelé tous les cinq ans.

Le chef conservateur Erin O’Toole a prévenu le premier ministre, Justin Trudeau, dans une lettre à la fin du mois dernier, que son parti s’opposerait à toute « croissance ou autre expansion du mandat social » de la BdC.

Même si le dossier du climat ne fait pas officiellement partie du rôle de la BdC, d’autres banques centrales soutiennent qu’elles devraient jouer un rôle plus important pour aider les économies à s’adapter au changement climatique.

« Nous ne pouvons pas les laisser dans un angle mort; cela va nous hanter si nous n’en sommes pas pleinement conscients », a affirmé mercredi Alejandro Diaz de Leon Carrillo, gouverneur de la Banque du Mexique, lors d’un panel virtuel organisé par le Toronto Centre.

S’exprimant sur le même panel, le sous-gouverneur de la BdC Toni Gravelle a indiqué que les politiques visant à atténuer l’impact du changement climatique ralentiraient la croissance économique parce que les secteurs à forte intensité en carbone qui ont contribué à alimenter les gains seront considérablement réduits.

Il a souligné qu’il pourrait également y avoir un impact sur le système financier, notant la possibilité que des pertes soient enregistrées en raison de la chute des prix d’actifs qui ne sont pas considérés aussi verts que d’autres.

C’est pourquoi Toni Gravelle a fait valoir que de meilleures informations sur les risques climatiques devaient être divulguées par les entreprises, afin que les institutions financières comprennent leur propre exposition.

Duff Conacher, cofondateur de l’organisation Democracy Watch, a affirmé dans un communiqué que les grandes banques et institutions financières ne devraient pas être autorisées à garder secrets les détails de leurs prêts, investissements et assurances dans l’industrie des combustibles fossiles, ou être autorisées à mettre en place leurs propres normes volontaires de divulgation et d’investissement.

La BdC a collaboré avec certaines des plus grandes banques du pays pour déterminer à quoi ressemble ce risque, afin de les aider, ainsi que d’autres acteurs du système financier, à comprendre le risque financier que posent les changements climatiques.

Ce rapport, a expliqué Toni Gravelle, devrait être publié fin novembre ou début décembre. Il comprendra ce qu’il décrit comme des guides pratiques sur la divulgation des risques.

Ce travail concordera probablement avec la décision d’un organisme international de divulgation d’installer l’un de ses bureaux à Montréal. Les Comptables professionnels agréés du Canada ont indiqué qu’ils aideraient à créer une norme de divulgation.

Toni Gravelle a expliqué que le changement économique imminent serait similaire à l’ampleur de l’impact de l’innovation technologique sur l’économie au cours des dernières décennies, mais « sur les stéroïdes », avec de larges impacts sur les secteurs et les marchés du travail.

Atténuer cet impact nécessiterait des investissements dans des technologies d’amélioration de la productivité, qui rendraient les travailleurs plus efficaces, a-t-il souligné.

« Le problème, c’est que les politiques doivent être alignées, les mesures incitatives doivent fonctionner, et que cela peut sembler très difficile à avaler à court terme, mais à long terme, cela créé en fait beaucoup plus d’emplois et rend l’économie beaucoup plus flexible », a fait valoir Toni Gravelle.