Porte de sortie de secours.
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Trois grandes institutions financières européennes (HSBC, Barclays et UBS) ont annoncé durant l’été leur départ de l’Alliance bancaire Net Zero (NZBA), coalition créée en 2021 sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour promouvoir la neutralité carbone dans le secteur bancaire. Ces annonces s’inscrivent dans la foulée d’une série de retraits initiés par plusieurs établissements nord-américains.

En Europe, HSBC a été la première à officialiser son retrait, le 11 juillet, suivie par Barclays le 1er août et UBS une semaine plus tard. Les trois établissements ont profité de la publication de leurs résultats financiers pour officialiser leur décision. Il s’agit des premiers départs majeurs de banques européennes depuis la création de l’alliance à Glasgow lors de la COP26, souligne Les Échos.

UBS a justifié son retrait dans le cadre de la revue annuelle de ses engagements en matière de durabilité et de climat. Dans un communiqué, la banque a indiqué que l’alliance avait joué un rôle précieux dans l’établissement de cadres initiaux de définition d’objectifs, tout en affirmant disposer désormais des capacités internes suffisantes pour poursuivre ses propres stratégies.

Barclays a pour sa part invoqué le départ de nombreuses grandes institutions pour justifier son retrait, jugeant que la NZBA « ne dispose plus du nombre de membres nécessaire pour soutenir [sa] transition ». La banque britannique a néanmoins confirmé son ambition de devenir neutre en carbone d’ici 2050 et de mobiliser 1 000 milliards de dollars (G) pour financer la transition énergétique. En 2024, elle avait déclaré 500 millions de livres sterling (environ 933 millions de dollars) de revenus issus de la finance durable.

Le désengagement européen survient après une série de départs en Amérique du Nord. Aux États-Unis, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Wells Fargo, Bank of America, Citi et Morgan Stanley ont déjà quitté l’alliance. Au Canada, six grandes banques canadiennes — Banque de Montréal, Banque Nationale, CIBC, TD, Scotia et RBC — ont fait de même au début 2025. Ces départs ont fait chuter le nombre de membres de la NZBA de 140 membres en 2024 à 125, pour environ 47 000 G$ d’actifs, souligne le quotidien Les Échos.

Ces retraits successifs ont conduit l’alliance à revoir ses objectifs. L’engagement initial de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici 2050 n’est plus contraignant : depuis avril, il s’agit seulement d’une orientation « encouragée ». Les membres sont invités à « s’efforcer » d’atteindre la neutralité carbone, sans échéancier. Plutôt que de fixer de nouveaux objectifs chiffrés, la NZBA met désormais l’accent sur le soutien financier à la transition écologique.

Des ONG ont exprimé leurs inquiétudes à la suite de ces retraits. ShareAction, organisation spécialisée dans la finance responsable, a qualifié le départ de Barclays de « pas dans la mauvaise direction » au moment où l’urgence climatique s’intensifie.

De leur côté, les banques européennes concernées insistent sur le maintien de leurs engagements climatiques. UBS, l’un des membres fondateurs de l’alliance rappelle que son « engagement en faveur de la durabilité reste inchangé », tandis que Barclays insiste sur son rôle dans le financement de projets liés à la transition énergétique. HSBC a également mis en avant l’importance du soutien à ses clients dans la décarbonation, estimant que cette démarche contribue à la création de valeur pour les actionnaires.

Devant ces défections en série, la NZBA a réitéré son soutien à ses membres restants. Ces derniers doivent continuer à jouer leur rôle en s’attaquant « aux obstacles qui empêchent leurs clients d’investir dans la transition vers le zéro émission nette », a insisté un porte-parole de l’alliance.

Lors de la première vague de départs, des banques européennes comme BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale, Crédit mutuel, le groupe BPCE et La Banque postale, ont rappelé leurs engagements pour atteindre la neutralité carbone afin de dissiper les spéculations sur un éventuel retrait de leur part.