En Bourse, le titre a été puni. C’est néanmoins avec une assez bonne confiance envers la nouvelle direction de Rona que l’on est ressorti de l’assemblée annuelle.

Redressement en vue ?

Regardons-y de plus près.

Ce que laisse entrevoir le plan de match

Le plan de match de Robert Sawyer n’est pas encore totalement arrêté. Il doit en fait le soumettre au conseil d’administration dans quelques semaines.

Quelques axes d’intervention sont cependant clairs.

Rona transformera Réno-Dépôt en un véritable magasin-entrepôt, qui ciblera dorénavant davantage le client de gros, celui qui achète du volume.

Surtout, Rona ne fermera pas sa trentaine de grandes surfaces au Canada anglais. M. Sawyer croit que la rentabilité de plusieurs d’entre elles peut être améliorée.

Non seulement le croit-il, mais on suspecte que Rona songe même à faire de ces big box un tremplin pour une expansion canadienne significative du réseau avec de plus petits formats.

Dans ce contexte, il ne serait pas étonnant de voir la filiale Noble (qui vise le marché commercial et professionnel) être prochainement vendue. Histoire de fournir des liquidités additionnelles pour l’expansion.

– Oui, mais, n’y avait-il pas consensus, il y a quelques mois, qu’il y avait trop d’acteurs sur le marché et qu’il fallait consolider (d’où la fusion projetée Lowe’s-Rona) ? a-t-on demandé.

Robert Sawyer n’a pas semblé trop embêté. Lowe’s n’est pas encore tellement présente, et Home Depot, dit-il, n’offre pas la même chose que Rona. «Nous sommes notamment forts dans le bois, l’isolant et des produits du genre. Les constructeurs viennent nous voir et l’on va se concentrer sur nos forces. Je viens de l’alimentation, un secteur où la concurrence était nettement plus forte», a-t-il dit.

Ce que peu de gens semblent voir

À la fois en assemblée générale et en conférence de presse, les dirigeants ont répété qu’ils ne voulaient pas créer d’attentes. Ils ont de même prévenu que 2013 serait une année «exigeante».

Une bonne nouvelle se cachait toutefois dans les allocutions.

Au cours des derniers mois, le quincaillier de Boucherville a décelé des économies récurrentes de 27,5 M$. À terme, la direction veut bonifier ces économies de 18 M$ à 28 M$ supplémentaires.

Des 27,5 M$ de mesures précisées, seulement 2 à 2,5 M$ ont été réalisées en 2012.

C’est donc près de 25 M$ d’économies qui pourraient apparaître à l’état des résultats de 2013. Puis, dans les trimestres suivants, de 18 M$ à 28 M$ de plus.

En appliquant le multiple du bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement moyen du secteur de 8,7 pour 2014, c’est une valeur de 1,80 $ par action que ces 25 M$ pourraient créer en 2013. Et pratiquement la même chose dans les trimestres suivants si les objectifs sont atteints au haut de leur fourchette.

Évidemment, cette plus-value risque de se perdre dans le courant de l’exercice 2013, tandis que les nouvelles initiatives demanderont probablement des dépenses extraordinaires, mais elle devrait pleinement apparaître en 2014.

Le marché ayant tendance à tout anticiper, c’est un potentiel minimal de 15 % et peut-être même plus (35 % si toutes les économies projetées devaient se réaliser) pour le titre, quelque part en 2014.

Ce qui gâche la fête

Pour que la chose se réalise, il faut cependant aussi que les revenus tiennent. Or, c’est ici que ça se complique. La SCHL prévoit que les mises en chantier d’habitations devraient reculer de 11 % en 2013 (de 214 827 à 190 300) au Canada ainsi qu’au Québec (de 47 367 à 42 300).

Pour 2014, elle ne prévoit qu’un léger rebond au Canada (à 194 100) et un marché stable au Québec (à 42 200).

C’est un recul des revenus assez prononcé par rapport à aujourd’hui qui semble dans les cartons et qui pourrait venir annuler tout le potentiel mentionné précédemment.

À moins que l’économie ne redémarre plus fortement que prévu, MM. Sawyer et Chevrier devront accomplir tout un travail pour stimuler les revenus.

Comme diraient les partisans d’une certaine formation Tricolore, l’équipe travaille fort, mais le puck ne semble pas vouloir rouler pour elle.