Un petit bonhomme en cravate qui sort de l'argent d'une machine à laver.
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Le patron du chien de garde du secteur financier canadien affirme que son organisme serait plus vigilant dans la surveillance du blanchiment d’argent.

Peter Routledge, qui dirige le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), a reconnu que les régulateurs et les banques doivent rattraper leur retard quant à leurs connaissances sur la manière dont les criminels tentent de déplacer des fonds.

« La sophistication des techniques de blanchiment d’argent, avec le développement de l’intelligence artificielle et d’hypertrucage (deepfake), a un peu devancé les régulateurs et les institutions financières », déclare-t-il lors de la conférence sur les services financiers de TD Securities à Toronto.

« Pas au point que nous ne puissions pas procéder à des ajustements d’ici un an ou deux pour resserrer les choses, mais suffisamment pour que nous devions bouger, et nous bougeons », poursuit-il.

Peter Routledge affirme que l’organisme de réglementation se concentre également davantage sur cet enjeu après que le Parlement a modifié le mandat du BSIF l’été dernier pour inclure explicitement la surveillance de la manière dont les institutions financières se protègent contre les menaces à leur intégrité et à leur sécurité.

Le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), l’agence de renseignement financier du Canada, a également signalé une surveillance accrue sur ce front. En décembre, l’agence a imposé une amende de 7,4 millions $ à la Banque RBC et une amende de 1,3 million de dollars (M$) à la CIBC pour non-respect des mesures de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

En comparaison, au cours de l’exercice 2022-2023, elle a imposé des amendes totales de 1,1 M $ dans tous les secteurs d’activité.

Peter Routledge a déclaré que le BSIF travaillerait plus étroitement avec le CANAFE, car la numérisation et l’économie mondiale plus intégrée entraînent des risques plus élevés de blanchiment d’argent.

Le régulateur transmettra également son message aux institutions financières selon lesquelles elles doivent intensifier leurs efforts pour lutter contre ce problème, a-t-il déclaré lors d’un point de presse après l’événement.

« Je peux vous dire qu’à l’avenir, nous le ferons certainement. Nous dirons aux conseils d’administration qu’une partie essentielle de votre responsabilité est de garantir que vos institutions respectent les lois et les juridictions dans lesquelles elles opèrent. Les institutions doivent redoubler d’efforts pour garantir la conformité aux lois contre le blanchiment d’argent. »

L’ampleur du blanchiment d’argent au Canada pourrait varier entre 45 G$ et 113 G$, selon une estimation du Service de renseignements criminels du Canada dans un rapport de 2020, basé sur les estimations de l’ONU selon lesquelles entre 2 % et 5% du PIB mondial est blanchis chaque année.

Peter Routledge a déclaré que le régulateur se concentre également davantage sur les risques liés aux changements climatiques, affirmant qu’il s’agit fondamentalement d’un risque financier.

Le régulateur a déjà demandé aux grandes banques de préparer des informations sur les changements climatiques et des plans de transition, qui éclaireront ensuite toute décision sur les réserves de fonds propres et d’autres mesures potentielles, mais ce sera un processus pluriannuel, précise-t-il.

« Nous ne nous attendons pas à un plan de transition parfait demain, mais nous attendons des conseils d’administration qu’ils envisagent différents scénarios de transition, puis commencent à élaborer des plans pour s’adapter à ces hypothèses ».

Le mandat du BSIF se concentre sur le risque financier des changements climatiques, mais l’organisme n’a pas le mandat d’élaborer des politiques climatiques.

« Nous ne considérons pas le rôle du BSIF comme une institution censée lancer une politique climatique. Nous sommes une institution censée promouvoir une saine gestion des risques nouveaux et émergents. »