Dessin d'homme d'affaire avec un haut parleur
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Si le nouveau crédit pour la formation est bien accueilli, plusieurs soutiennent qu’il sera insuffisant pour répondre aux besoins des entreprises. La Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI) est préoccupée quant à l’adéquation des formations avec les besoins liés à l’emploi. « Nous souhaitons vivement que le gouvernement fédéral et les provinces tiennent des consultations avant de définir les modalités du programme notamment celles liées aux types de formation qui seront admissibles et au maintien des emplois », indique Martine Hébert vice-présidente principale et porte-parole nationale de la FCEI.

Selon la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), la mise en place progressive de la mesure ne permettra probablement pas de faire face aux défis urgents du marché du travail. « Il faut des moyens plus importants et un déploiement plus rapide pour assurer la compétitivité des entreprises et la capacité des employés de répondre aux exigences du marché du travail actuel et futur », affirme Stéphane Forget, président-directeur général de la FCCQ.

Par ailleurs, la FCCQ salue la bonification de l’exemption des gains du Supplément de revenu garanti, qui incitera les travailleurs expérimentés à faible revenu, les plus susceptibles à avoir besoin de travailler, à rester sur le marché du travail. « Les entreprises à la recherche de main-d’œuvre auraient intérêt à pouvoir maintenir les travailleurs expérimentés en milieu de travail, afin de répondre à leur besoin de main-d’œuvre tout en favorisant le transfert de connaissances », rappelle Stéphane Forget.

Des mesures intéressantes pour les PME

 Le budget fédéral inclut plusieurs mesures intéressantes pour les PME, selon la FCEI. Elles profiteront notamment de la modernisation de la réglementation dans plusieurs secteurs (alimentation, transport, etc.) et de la création d’un comité consultatif externe sur la compétitivité réglementaire. Grâce à un allègement fiscal relatif à la vente des produits issus de l’agriculture et des pêches à des sociétés sans lien de dépendance, les entreprises conserveront la déduction pour petite entreprise (taux réduit d’imposition ou taux PME), peu importe les clients à qui elles vendent leurs produits.

La FCEI se réjouit aussi des consultations à venir afin de modifier les normes fiscales entourant le transfert des entreprises familiales qui sont actuellement plus avantageuses lorsque l’entreprise est vendue à un étranger de même que des améliorations au processus et au fonctionnement des recours en matière d’assurance-emploi, de Sécurité de la vieillesse et du Régime de pensions du Canada au sein du Tribunal de la sécurité sociale du Canada.

Un oubli : la réforme du système fiscal

Malgré l’éventail de mesures annoncées dans le budget fédéral, Comptables professionnels agréés du Canada (CPA Canada) déplore que le gouvernement soit resté muet sur un examen exhaustif du système fiscal canadien, un exercice qui n’a pas été tenu depuis des décennies. « Il s’agit là d’une occasion manquée, affirme Joy Thomas, présidente et chef de la direction de CPA Canada. Pourtant, tout milite en faveur d’un examen approfondi du système fiscal canadien : cette évaluation tant souhaitée ouvrirait la voie à l’instauration d’un système amélioré qui favoriserait la croissance socio-économique du pays. »

Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) est aussi d’avis qu’une révision majeure s’impose en raison notamment du fardeau fiscal des entreprises qui demeure très élevé, alors que le Canada a perdu l’avantage dont il bénéficiait au chapitre de l’impôt des sociétés depuis que les États-Unis et d’autres pays ont réduit leur impôt des sociétés et amélioré leur compétitivité fiscale. Un faible taux d’imposition des sociétés permettrait d’attirer de nouveaux investissements et de créer des emplois. « La fiscalité doit évoluer et mieux s’arrimer aux réalités des organisations d’aujourd’hui », soutient Emilio B. Imbriglio, président et chef de la direction de RCGT.

Équilibre budgétaire et baisses d’impôt pour les entreprises

 Comme plusieurs, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) est déçue de l’absence d’un plan de retour à l’équilibre budgétaire et de baisses d’impôt pour les entreprises dans le budget Morneau. « La Chambre réitère la volonté du milieu des affaires de voir le gouvernement du Canada s’engager sur une trajectoire d’équilibre budgétaire après dix années de croissance économique. Elle aurait également souhaité que le budget abaisse le fardeau fiscal des entreprises de façon à compléter la revue du dispositif fiscal canadien à la suite de la réforme américaine », a déclaré Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM.

Des médicaments plus accessibles

 L’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP) se félicite de la mise en place des mesures visant à rendre plus accessibles et plus abordables les médicaments sur ordonnance. La création de l’Agence canadienne des médicaments, dont le mandat est de tirer parti du plein pouvoir d’achat du marché canadien, devrait réduire les coûts des médicaments pour tous les Canadiens. De même, l’élaboration d’un formulaire national constitue une étape importante pour garantir un niveau de protection plus uniforme.

« Nous sommes reconnaissants au gouvernement d’être à l’écoute des attentes des Canadiens à l’égard d’un système national d’assurance médicaments : un système qui couvre tout un chacun, mais qui ne prive pas de leurs garanties ceux qui bénéficient actuellement d’un régime au travail », déclare Stephen Frank, président et chef de la direction de l’ACCAP.

Trop peu est fait pour favoriser les investissements 

 Selon l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières (ACCVM) , les mesures prévues dans le budget ne seront pas suffisantes pour répondre au besoin de maintenir une forte croissance et de créer des emplois au Canada, deux actions qui sont tellement importantes pour une économie de fin de cycle en plein ralentissement. « Une forte mobilisation des capitaux pour développer les entreprises et créer des emplois est indispensable à la croissance économique », a déclaré Ian Russell, président et chef de la direction de l’ACCVM. Le budget ne fera pas grand-chose pour redresser la tendance à la baisse des investissements des entreprises au Canada et pour endiguer l’exode des capitaux d’investissement. »

L’organisme considère que le budget contient néanmoins plusieurs mesures positives dont la bonification des crédits d’impôt du programme RS&DE et l’amélioration de la protection des régimes de retraite des employés en cas de faillites d’entreprises. Il regrette toutefois que le gouvernement n’ait pas profité de l’occasion pour aider les entreprises en adoptant un incitatif semblable à celui qui est proposé dans le Programme d’investissement dans l’entreprise (EIS) du Royaume‑Uni pour l’achat d’actions de petites entreprises.

Par ailleurs, l’organisme se réjouit des nouveaux efforts déployés par le gouvernement pour lutter contre le blanchiment d’argent, notamment la plus grande collaboration entre les divers organismes de mise en application de la loi et l’augmentation du financement du CANAFE. Cependant, des besoins criants et concrets n’ont pas été satisfaits : imposer à d’autres secteurs les rapports prévus à la lutte contre le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes (LRPCFAT) actuellement applicables au secteur financier, et collaborer avec les gouvernements provinciaux à la création d’un registre central des bénéficiaires effectifs de sociétés ouvertes et fermées pour faciliter le processus de déclaration.