Les REER après 60 ans : devraient-ils être encore une priorité?

« Une étude de Statistique Canada, publiée il y a quelques années, s’attardait aux 25 ans précédant l’année 2002 et démontrait que durant cette période l’espérance de vie à la naissance avait augmenté de 5,3 ans alors que l’espérance de vie à 65 ans avait augmenté de 2,6 années », indique Peter Drake, vice-président Retraite et Recherche économique chez Fidelity.

Non seulement l’espérance vie a-t-elle augmentée, mais elle a crû régulièrement durant les dernières décennies. Selon un rapport de Statistique Canada, l’espérance de vie pour un homme de 65 ans était de 80,7 ans en 1990, de 82 ans en 2000 et de 83,3 ans en 2009. À chaque décennie, l’espérance de vie a donc augmenté en moyenne de 1,3 année.

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Par ailleurs, il est important de rappeler au client que l’espérance de vie est une moyenne. Il risque donc de vivre moins, ou plus, longtemps que cet âge. Il faut donc planifier pour une retraite qui risque de s’étendre bien au-delà de l’âge indiqué par l’espérance de vie moyenne.

« C’est une statistique, on peut donc s’attendre à ce que la moitié des gens vivent plus longtemps, note Peter Drake. Selon l’Institut canadien des actuaires, un homme de 65 ans a 50 % des chances d’atteindre l’âge de 83 ans et 25 % de vivre jusqu’à 89 ans. Les femmes de 65 ans ont 50 % des chances de vivre jusqu’à 86 ans et 25 % des chances de vivre jusqu’à 92 ans.»

Selon un rapport du Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), l’espérance de vie canadienne à 65 ans augmentera de trois années pour atteindre 25 ans d’ici les 50 prochaines années, ce qui veut dire que la moitié des retraités canadiens dépasseront l’âge de 90 ans.

L’espérance de vie est finalement un chiffre qui changera tout au long de la vie du client: « Si vous vivez jusqu’à 65 ans, votre espérance de vie sera généralement plus élevée que celle que vous aviez à la naissance, dit Peter Drake. La tendance se poursuivra durant quelques années par la suite.»

Et la retraite dans tout ça?

Dans ce cas, comment peut-on convaincre un client d’essayer d’épargner pour une retraite qui risque de s’étendre sur plus de 30 ans sans lui donner l’impression que c’est un objectif irréalisable? Philippe Toupin, vice-président solutions collectives chez Standard Life, suggère de revoir les règles du pouce trop souvent présentées comme des absolus.

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« On parle beaucoup du taux de remplacement du revenu de 70 %, ça peut décourager beaucoup de monde, souligne-t-il. Par exemple, 65 ou 60 % peuvent suffire si un client peut liquider certains biens à un moment ou à un autre de sa retraite. Une chose est certaine, il faudra peut-être faire réfléchir le client sur ses besoins de base.»

Proposer à son client de reporter l’âge de sa retraite, que ce soit grâce à un travail à temps partiel ou un report complet vers un âge plus avancé, est une option. Or, il semble que le mythe de la « Liberté 55 » était encore bien vivant jusqu’à récemment, selon Peter Drake.

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« L’âge moyen de prise de la retraite était en baisse entre 1980 et 2000. Récemment, il a remonté, soutient-il. En effet, en 1983, l’âge moyen de prise de la retraite, pour les hommes et les femmes, était de 64,7 ans, en 1993 il était de 62,2 ans, en 2003 il était de 61,9 ans et en 2013 il est remonté à 63,3 ans.»

Par ailleurs, Peter Drake note une augmentation de la participation au marché du travail du groupe des 60 à 69 ans, selon la plus récente édition du sondage Fidelity sur la retraite, ce qui pourrait démontrer que certains préfèrent continuer à travailler, à temps plein ou à temps partiel.

« Toutefois, les gens doivent aussi souvent quitter le marché du travail plus tôt que prévu en raison de problèmes de santé, du stress associé à leur emploi ou de changements dans leur entreprise », nuance-t-il.

Autre mythe à abattre: pas d’actions dans le portefeuille d’épargne retraite du client une fois l’âge de la retraite dépassé. Même à 65 ans, l’horizon de placement du client est toujours très élevé et il pourrait bénéficier d’une exposition aux actions, selon Philippe Toupin.

« Il s’agit simplement de garder un niveau de risque adéquat par rapport à l’aversion au risque du client, dit-il. Les placements alternatifs sont aussi un moyen d’amener du rendement sans se surpondérer en actions. On peut espérer avoir une meilleure diversification et un rendement un peu plus élevé, et ce, pour un niveau de risque un peu plus bas qu’avec des actions.»

Photo Bloomberg