L'invalidité guette l'épargne retraite de vos clients

Par ailleurs, selon une brochure publiée par National Underwriter, une personne de 42 ans a quatre fois plus de risques d’être atteinte d’une invalidité que d’un décès avant l’âge de 65 ans.

« C’est un moment difficile pour être victime d’une invalidité puisque c’est là que, souvent, on a plus de capacité d’épargne, souligne Carl Yergeau, analyste de planification financière avancée chez l’Industrielle Alliance. On a augmenté notre employabilité, c’est généralement le moment où notre salaire est le plus élevé.»

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Dans « Étude sur les taux de cessation d’invalidité de longue durée en assurance collective », l’ICA explique qu’au Québec 46 % des invalidités répertoriées étaient liées à des troubles mentaux et nerveux. Une portion de 20 % était causée par les troubles du système musculo-squelettique et seulement 7 % des cas étaient liés à des accidents.

« De nos jours, ce sont les maladies modernes liées au travail, comme les « burnouts » ou les dépressions, qui ont une prévalence importante. Autrefois, le travail était beaucoup plus manuel et, lorsqu’on ne pouvait plus travailler, c’était lié à une incapacité physique. Maintenant, les gens ont des emplois où leur productivité est liée à leurs capacités intellectuelles», note Carl Yergeau.

Au Canada, la durée moyenne d’une invalidité était, en 2001, de 2,9 années selon Statistique Canada: « On pourrait penser qu’une invalidité ne dure que quelques semaines ou quelques mois, mais c’est tout le contraire, indique Carl Yergeau. Encore là, l’histoire ne nous dit pas si, après ces 2,9 années, l’employé est retourné à son poste original ou simplement à un autre travail moins bien payé.»

Moment critique

Or, la quarantaine est un bien mauvais moment pour interrompre l’épargne en vue de la retraite, rappelle Carl Yergeau: « C’est un moment difficile pour être victime d’une invalidité puisque c’est là que, souvent, on a plus de capacité d’épargne. On a augmenté notre employabilité, c’est souvent le moment où notre salaire est le plus élevé.»

Il donne l’exemple d’une invalidité temporaire de plusieurs années pouvait avoir sur l’épargne retraite d’un client.

« Si un client a l’habitude d’ajouter 8000 $ par année à son capital retraite, entre 42 et 47 ans ça représentera des cotisations de 45 063 $. Au moment de la retraite, soit à 65 ans, ce capital-retraite aura une valeur de 91 289 $. Sur un capital-retraite prévu initialement de 304 660 $, cette épargne représente une portion de 29 % dont l’épargnant devrait se passer s’il doit passer à travers une invalidité de cinq ans », explique-t-il en soulignant que la situation de chaque client est particulière et doit être analysée.

Au-delà du problème de la perte d’années d’épargne, le client risque également de décider d’utiliser ses économies pour financer son invalidité, prévient Mark Hardy, premier directeur, Assurances vie et prestations du vivant, RBC Assurances : « Perdre deux ans d’épargne durant la quarantaine est une chose, mais nos sondages démontrent que la majorité des gens planifient de financer une partie de leur invalidité à même leur épargne retraite. C’est une tendance inquiétante.»

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Produits spécialisés

Si une invalidité survient, le client ne pourra pas continuer à épargner pour sa retraite, et ce, à moins qu’il réussisse à couper drastiquement dans ses dépenses discrétionnaires. Toutefois, l’épargne retraite peut se poursuivre si le client a un fonds d’urgence très important ou s’il dispose d’un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) qu’il peut transférer à son régime enregistré d’épargne-retraite (REER).

Des produits d’assurance invalidité spécialisés peuvent également aider à prévenir des scénarios catastrophe. Ils prennent souvent la forme d’avenants ajoutés à une police d’assurance invalidité ou de polices complètes. En général, cet avenant garanti que la contribution faite par le client à son contrat d’investissement se poursuivra même lors de son invalidité puisqu’elle sera alors faite par l’assureur jusqu’à un âge fixé d’avance.

L’Industrielle Alliance offre la Garantie CIA alors que RBC a mis en marché Assurance invalidité Protection-Retraite. Toutefois, ces deux produits doivent être vus comme des compléments à une base solide d’assurance invalidité et un fonds d’urgence assez bien garni pour combler trois mois de dépenses courantes.

« Le client doit avoir une base très solide d’assurance invalidité qui comble tous ses besoins, insiste Mark Hardy. Ces produits viennent s’y ajouter en complément. Le conseiller devrait bien connaître la couverture dont son client bénéficie avec son régime d’assurances collectives. C’est vital pour bien évaluer ses besoins.»

Photo Bloomberg