Il y en aura pour tout le monde: familles, chefs d’entreprise, proches aidants, élèves, malades, automobilistes et utilisateurs des transports en commun, même les amateurs d’art verront l’accès au monde de la culture facilité.

«Là, on a les moyens, donc oui, on dépense!», a commenté, tout sourire, le ministre des Finances, Carlos Leitao, lundi après-midi, dans son bureau du Vieux-Québec, en posant pour la traditionnelle séance de photos avec une nouvelle paire de chaussures.

Comme l’an passé, il a choisi de porter des souliers de cuir d’un modèle classique de fabrication québécoise, de marque Aldo.

Le ministre des Finances a la chance de présenter son cinquième et dernier budget, au moment où les coffres du gouvernement sont bien garnis et que l’économie est plus florissante que jamais, avec une croissance de 3,1 % en 2017 et un taux de chômage pratiquement nul.

Il reste à savoir si cela sera suffisant pour faire oublier aux électeurs trois années de vaches maigres et de compressions budgétaires importantes qui auront mis à mal les services publics, tout en ternissant l’image du gouvernement.

Mais Carlos Leitao nie toujours cette lecture des choix budgétaires des dernières années: «Il n’y a pas eu de compressions. Nous avons ralenti le rythme de croissance des dépenses parce qu’il fallait le faire», a-t-il corrigé, en point de presse, en enfilant ses nouvelles chaussures.

Qualité de vie

Le thème du budget 2018-2019 sera la qualité de vie des Québécois.

Québec vise trois objectifs: réinvestir dans les grandes missions de l’État (santé, éducation), donner plus de temps libre aux familles et assurer une meilleure équité fiscale, grâce à l’application de la taxe de vente.

Sur le plan de la baisse du fardeau fiscal, les contribuables ne devraient pas s’attendre à d’énormes surprises, le ministre des Finances ayant déclaré qu’à ce chapitre l’effort gouvernemental avait été fait lors de la mise à jour économique de novembre, alors que Québec avait annoncé pour environ 1 G$ d’allégements fiscaux aux particuliers.

En 2017, pour une famille de la classe moyenne composée de deux adultes (revenu total de 88 000 $) et de deux enfants, la réduction du fardeau fiscal atteindra 1200 $, en incluant l’abolition de la contribution santé et l’allocation pour les fournitures scolaires (100 $ par enfant).

Lire notre dossier complet – Budget Québec 2018

Québec avait les moyens de se montrer aussi généreux grâce à un surplus non négligeable de 2,4 G$ de revenus apparus dans les coffres de l’État en 2016-2017.

Ce sera cette fois au tour des petites et moyennes entreprises (PME), mardi, d’apprendre que Revenu Québec se montrera moins gourmand. Dernièrement, les employeurs se plaignaient de devoir payer la note d’annonces gouvernementales récentes (hausse du salaire minimum à 12 $ le 1er mai, bonification des normes du travail et des congés parentaux) sans compensation aucune. Le message a été entendu: leur fardeau fiscal sera bientôt allégé.

Pour les particuliers, il faut plutôt s’attendre à des mesures sociales: soutien aux proches aidants, mesures de conciliation travail-famille, etc. Certaines ont déjà été annoncées, mais doivent maintenant être financées.

On devra aussi financer le Plan de lutte à la pauvreté. Le gouvernement entend sortir de la pauvreté 100 000 personnes et prévoit investir 2,6 G$ sur six ans pour y arriver, dont 254 M$ en 2018-2019.

Le thème de la «mobilité» est très cher au gouvernement et on doit s’attendre à voir des pluies de dollars tomber sur divers projets de transport routier et surtout de transport collectif, comme le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal et le financement des trains de banlieue de la métropole ou encore le tramway à Québec.

Comme d’habitude, le réseau de la Santé, dont les problèmes d’engorgement et de listes d’attente font la manchette pratiquement tous les jours, recevra une attention particulière, dont une bonification du budget du ministère de la Santé.

Québec aura également une bonne pensée pour les artistes et les amateurs d’art, en favorisant un meilleur accès aux événements culturels et aux musées, une demande maintes fois répétée du milieu culturel. La ministre de la Culture, Marie Montpetit, doit déposer sa nouvelle politique culturelle d’ici environ un mois.

Le secteur agricole devrait aussi avoir sa part du gâteau avec des investissements importants pour soutenir la future politique agroalimentaire déposée elle aussi dans les semaines qui viennent.

Dans la foulée du mouvement #Moiaussi, Québec devrait annoncer un effort du soutien financier accordé à tous les organismes d’hébergement et de soutien aux victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale.

Des informations font état d’investissements à venir dans le réseau des palais de justice, en vue de moderniser leurs infrastructures et leur informatisation.

On savait déjà que la bonne situation financière du Québec permettait au gouvernement de mieux s’attaquer à la dette. Le gouvernement annonçait récemment qu’il puiserait 2 G$ par année au cours des cinq prochaines années dans le Fonds des générations pour rembourser son énorme dette de quelque 203 G$.