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Nommé à la tête de la Banque du Canada en pleine pandémie doublée d’une récession économique, Tiff Macklem assure que l’objectif premier de la politique monétaire reste le contrôle de l’inflation.

Lors d’une allocution prononcée sur l’initiative du Cercle canadien de Montréal à la fin du mois de juin, le gouverneur entré en poste le 3 juin, en remplacement de Stephen Poloz, a avoué que sa plus grande inquiétude est d’éviter une chute persistante de l’inflation en aidant les Canadiens à retourner au travail.

« Le message que je veux vous laisser est que, alors que nous utilisons différents outils en ces temps extraordinaires, notre politique reste ancrée dans le même cadre, a-t-il déclaré. Le contrôle de l’inflation est le phare qui guide nos actions alors que nous nous préparons à sortir l’économie de la crise. »

Dans cet objectif, le nouveau gouverneur ne semble pas pressé d’augmenter les taux d’intérêt, qui, selon lui, resteront bas pour une période considérable « afin de faciliter l’accès au crédit pour les ménages et pour les entreprises ». Cependant, il est très peu probable que les taux diminuent davantage, Tiff Macklem n’étant pas très favorable à des taux négatifs. Le taux de 0,25 % actuel devrait donc rester en vigueur tout au long de la reprise.

Cela a d’ailleurs été le cas le 15 juillet lorsque l’institution a fait une mise à jour de ses prévisions, indiquant alors s’attendre à ce que l’économie canadienne se contracte de 7,8 % cette année.

Une reprise longue et ardue

Tiff Macklem a insisté sur les difficultés auxquelles fera face la reprise économique au Canada. Il soutient que les dommages économiques causés par la pandémie donneront lieu à une reprise prolongée et non sans entraves.

« Nous prévoyons que le rebond rapide de la phase de réouverture de l’économie cédera la place à une phase de récupération plus progressive, avec une demande faible, a déclaré le gouverneur. Si, comme nous nous y attendons, l’offre se rétablit plus rapidement que la demande, cela pourrait entraîner un grand écart entre les deux, ce qui exercera une forte pression à la baisse sur l’inflation. »

Il soutient que le déconfinement redonne un souffle à l’offre, mais que le maintien de la distanciation physique empêche les entreprises de revenir à une productivité optimale.

« La réouverture de l’économie se fait à différents rythmes, selon la région ou le pays, a-t-il noté. Cette situation bouleverse les chaînes d’approvisionnement et affecte le volume et le prix des exportations. De façon plus généralisée, certains secteurs ne rouvriront que s’il existe un vaccin ou un remède au coronavirus. Dans ces conditions, l’économie va subir un choc dont les effets persisteront même après le déconfinement. »

Selon le gouverneur, l’incertitude des consommateurs résulte, en partie, de la perte de revenus des individus à la suite d’une perte d’emploi ou d’une baisse des heures travaillées. Tiff Macklem pense d’ailleurs que certains emplois ne reviendront jamais et que cette incertitude causera une baisse de la demande, ce qui se traduira en un ralentissement de la reprise économique.

L’économie va subir un choc dont les effets persisteront même après le déconfinement

– Tiff Macklem