Couple d'aîné avec une calculette en regardant un feuille l'air soucieux.
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La majorité des aînés souhaitent vieillir chez eux. Cependant, la perte d’autonomie peut rendre le décaissement plus difficile à planifier à la retraite. Le défi s’accentuera avec l’allongement de l’espérance de vie, selon les spécialistes.

« La perte d’autonomie peut arriver n’importe quand et évoluer très différemment d’une personne à l’autre. Cela rend les risques très difficiles à évaluer », a souligné Charles Rioux Rousseau lors du congrès annuel 2022 de l’Institut québécois de planification financière (IQPF).

Pour évaluer le risque lié à la perte d’autonomie, les planificateurs financiers doivent composer avec une foule d’incertitudes. Les progrès de la médecine peuvent conduire les aînés à vivre plusieurs années de plus en mauvaise santé. La composition des programmes de l’État pour accompagner le vieillissement de la population dans 20 ou 30 ans est une autre inconnue de l’équation.

Faute d’avoir des réponses à ces questions, les conseillers devront adapter le modèle du coût de vie en U pour allonger la dernière période, celle commençant après 84 ans, où l’on prévoit des dépenses plus importantes pour faire face aux besoins accrus de soins, estime le spécialiste.

Des mesures fiscales pour le maintien à domicile

Avec le vieillissement de la population, les besoins de soutien pour maintenir les aînés plus longtemps à domicile iront en augmentant. Dans moins de dix ans, plus du quart de la population de la province sera âgée de plus de 65 ans. En 2061, ce pourcentage sera occupé par les 85 ans et plus. Or, à partir de 80 ans, près de 40 % d’entre eux ont besoin d’aide pour accomplir des tâches de la vie quotidienne.

Une panoplie de mesures fiscales ont pour but d’aider les personnes âgées à compenser une partie des coûts liés au vieillissement, comme le montant accordé en raison de l’âge, le montant pour personne vivant seule, ou le montant pour revenu de retraite.

Certaines mesures, comme le crédit d’impôt remboursable pour le maintien à domicile des aînés, visent spécifiquement la perte d’autonomie. À partir de 70 ans, cette mesure permet de récupérer jusqu’à 36 % des services et des dépenses engagées pour l’entretien d’un jardin, le déneigement, le ménage, la préparation des repas ou des services infirmiers.

Ces mesures s’appliquent tant aux propriétaires qu’aux locataires. Le propriétaire d’un logement dans un immeuble peut ajouter les dépenses admissibles incluses dans les frais de copropriété. Pour les locataires, le montant admissible représente 5 % du loyer mensuel maximum de 1200 $. Depuis 2022, le crédit est versé automatiquement aux personnes qui se qualifient, même si elles ne l’ont pas réclamé. Le calcul est alors basé sur un loyer de 600 $.

Pour une personne en résidence privée ou en CHSLD privé non conventionné, les services et dépenses admissibles sont basés sur le montant du loyer, avec une bonification de 10 % si la personne est considérée comme non autonome, à concurrence de 65 % à 70 % du loyer, selon que la personne habite seule ou avec un conjoint.

Au Québec, le crédit d’impôt pour frais engagés par un aîné pour maintenir son autonomie permet aux 70 ans et plus de récupérer 20 % des frais engagés pour les frais d’achats, de location ou d’installation de certains biens et services afin de maintenir son autonomie dans son lieu de résidence.

Par ailleurs, le Programme d’aide aux aînés relative à une hausse de taxes municipales accorde aux personnes de plus de 65 ans, qui sont propriétaires depuis au moins 15 ans, une subvention maximale de 500 $ pour un revenu familial net plafonné à 54 700 $.

Pour 2023, le budget fédéral a annoncé un nouveau crédit d’impôt pour la rénovation d’habitations multigénérationnelles. Cette aide concerne des travaux admissibles d’une valeur maximum de 50 000 $.

Du RPA au CHSLD

Quand rester à la maison n’est plus une option, plusieurs types d’hébergement sont à considérer. Les tarifs varient considérablement d’une formule à l’autre.

Les résidences pour personnes âgées (RPA) affichent un coût moyen mensuel de 1900 $ pour une chambre sans service à 3650 $ avec des soins complets.

Une chambre individuelle dans un CHSLD public est facturée un maximum de 2019 $ par mois, selon une contribution établie par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) en fonction des capacités financières de la personne. Certains actifs sont exclus du calcul, comme le Régime enregistré d’épargne retraite (REER) avant 65 ans ou l’équité sur une résidence principale. Pour bénéficier de ces exonérations, les biens ne doivent pas avoir été dilapidés volontairement au cours des deux années précédentes.

Le délai d’admission dans un CHSL public variant de 6 mois à 4 ans, avec un temps moyen d’attente de 10 mois selon la région, il peut être intéressant en attendant de considérer un hébergement en CHSLD privé, pour lequel les coûts mensuels varient de 5000 $ à 8000 $.

« L’éventualité de la perte d’autonomie et le choix d’une ressource d’hébergement le cas échéant doivent faire partie de la discussion qu’il faut avoir avec les clients en amont », indique le planificateur.