Un homme d'affaire avec une plaquette dans les mains d'où sort le mot fintech.
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De violents vents contraires ont soufflé sur le monde technologique : correction des marchés financiers, difficultés des sociétés de cryptomonnaies, baisse majeure des valorisations. Toutefois, selon le dernier Rapport Fintech Québec, celui du 2e trimestre 2022, le secteur des fintechs dans la Belle Province ne semble pas en avoir été troublé outre mesure.

Fruit d’une collaboration entre Finance Montréal et Fathom4sight, l’étude rappelle d’abord quelques faits saillants de l’industrie au Québec. On y compte 207 sociétés, dont 165 ont été créées après 2010, qui abritent 18 840 employés, et où 484 M$ ont été investis à ce jour, dont 19,3 M$ au cours du 2e trimestre 2022. Surtout, neuf nouvelles sociétés ont vu le jour au cours de ce trimestre avec des noms comme Activfactor, Dello, Karma et PandaPay.

Chiffre tout-à-fait inattendu, on repère 66 sociétés arrivées à maturité et 26 en croissance, presque autant que les 97 qui sont en démarrage. Trois firmes sont au stade d’amorçage et 15 au stade d’acquisition.

Par contre, comme on pouvait s’y attendre, la grande majorité sont des petites entreprises, soit 52, qui comptent de 1 à 4 employés et 131 qui en abritent 5 à 99. Quatorze sont de la taille classique de PME, entre 100 et 499 employés, alors que neuf sont entrées dans le champ de la grande entreprise avec plus de 500 employés.

Composée de 17 sous-secteurs, l’industrie est fortement dominée par les technologies de paiement (ou Paytechs), où on dénombre 50 sociétés. Viennent ensuite les technologies d’investissement, avec 27 firmes, l’assurTech, avec 19, la gestion de patrimoine et d’actifs, avec 17, les marchés de capitaux et les cryptos et systèmes financiers décentralisés, ex aequo avec 14.

Le sous-secteur des paiements est lui-même réparti entre 12 catégories, les trois plus importantes étant « comptabilité et finance », avec 15 firmes, le commerce électronique avec 8, les points de vente, également avec 8. D’autres catégories comptent moins de joueurs, mais ceux qui s’y trouvent sont parfois d’importance. Par exemple, nuvei se partage la catégorie du traitement des paiements avec trois autres firmes. Dans d’autres catégories, on n’identifie qu’une seule société, par exemple en paiement d’assurance, en cartes de crédit, et en paie.

La plupart de ces sociétés œuvrent surtout dans les solutions pour les entreprises. Détail notable, le Québec abrite trois banques alternatives – ou « challenger banks » : Orchid*B, Pillar et Walo.

Les 10 plus importants joueurs en « paytech », les technologies de paiement, donnent de l’emploi à 6 648 travailleurs partout dans le monde, dont près de la moitié, soit 3 154, résident au « Canada ». Chose inattendue, les chiffres pour ce secteur réfèrent non plus au Québec, mais au Canada, sans donner plus de précisions. S’agit-il simplement d’une erreur d’assignation? Nous avons été incapable de vérifier avec les auteurs du Rapport.

Ce contingent « canadien », apprend-on, représente 16,7% de tout l’emploi fintech dans la province. Au premier rang, on trouve Lightspeed POS dont 948 employés sur ses 2 108 s’affairent au Canada, suivie de Mediagrif Interactiv Tech dont 575 employés sur 920 logent au Canada. Deux autres sociétés, nuvei et Hopper, qui abritent 1 211 et 1 209 employés respectivement, ont des contingents plus modestes au Canada, soit 204 pour la première, 261 pour la seconde.

Malgré les conditions boursières turbulentes, l’argent a continué de circuler dans le milieu québécois des fintechs. Flare a reçu un financement de 9,5 M$, Lighthouse Labs, de 9,1 M$ et Hardbacon, de 700 000$. Deux fonds ont été constitués, iNovia abritant des capitaux de 420 M$ et Impression Ventures, 64 M$.

Des acquisitions marquantes ont vu CGI mettre la main sur Harwell, Morningstar sur Aquantix et SE2 sur breathe. Enfin, 12 partenariats ont été conclus, dont trois mettent en jeu nuvei qui s’est associée avec nivibet, Bibox et Fifth Third Bank.

Les turbulences financières n’ont certainement pas troublé la productivité des fintechs du Québec puisque huit nouveaux produits ont été lancés dans le dernier trimestre. Par exemple Zelros a inauguré « Milky Way », de nouvelles informations exploitables pour les assureurs, alors qu’ElligencIA a lancé Ellisense, un outil d’analyse de données en temps réel des tendances des acheteurs et vendeurs dans les marchés financiers. Lightspeed pour sa part a présenté deux produits: Lightspeed Retail, qui combine en une seule plateforme points de vente, paiements et commerce électronique, et une nouvelle plateforme B2B visant les secteurs de la mode et du sport et plein air en Amérique du Nord.