Un marteau de tribunal posé sur un bureau.
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L’ancien patron du groupe bancaire suisse de coopératives Raiffeisen, Pierin Vincenz, a été inculpé pour escroquerie qualifiée, entre autres chefs d’accusation par le Ministère public zurichois, rapporte le journal Le Temps.

Cette mise en accusation est en lien avec l’acquisition par Aduno des sociétés Commtrain Card Solutions, Genève Crédit & Leasing et EuroKaution, précise le journal AGEFI. L’enquête ouverte en 2018 cherchait ainsi à prouver que Pierin Vincenz et l’ancien chef de la société de cartes de crédit Aduno, Beat Stocker, auraient obtenu de nombreux avantages lors de cette acquisition, notamment des indemnités indues au détriment de leurs entreprises respectives.

Les deux font maintenant face à de nombreux chefs d’accusation, notamment d’escroquerie qualifiée, d’abus de confiance, de faux dans les titres et corruption passive au détriment d’Aduno et de la banque Raiffeisen. Cette dernière s’est d’ailleurs jointe à l’enquête pénale en tant que plaignant.

L’ex-patron de Raiffeisen, qui a dirigé le groupe de 1999 à 2015, a déjà passé 15 semaines en détention préventive en 2018.

Sept autres suspects reliés à ce dossier font également l’objet d’une enquête pénale. Ces derniers faisaient partie de l’environnement professionnel de Pierin Vincenz et Beat Stocker.

Une culture d’obéissance

Selon le rapport d’une enquête indépendante du Professeur Bruno Gehrig, publié en janvier 2019, « au sein de Raiffeisen Suisse a régné une attitude qui peut être décrite comme une culture d’obéissance préventive: on voulait respecter les attentes effectives ou supposées de Pierin Vincenz afin de ne pas être exposé à sa pression ou de tomber en disgrâce vis-à-vis de lui. Dans certains cas, cette obéissance préventive a conduit à des investissements qui, rétrospectivement, paraissent discutables pour Raiffeisen Suisse d’un point de vue stratégique; de même, des prix payés pour des participations ne paraissent rétrospectivement pas appropriés. »

L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) a ouvert, en 2017, à une procédure d’évaluation en matière de gouvernance d’entreprise. Achevée en juin 2018, cette procédure a conclu à une mauvaise gestion des conflits d’intérêts, en particulier dans le cas de la participation de Pierin Vincenz dans la société Investnet Holding SA.

Le bureau du procureur a déclaré qu’aucune autre information ne serait divulguée concernant l’inculpation de Pierin Vincenz, puisque la procédure se trouve dorénavant entre les mains du tribunal.