Toutefois, 2014 pourrait être une année moins prospère, selon des experts interrogés. En effet, les banques centrales pourraient mettre en place des politiques monétaires plus restrictives. Les rendements obligataires devraient augmenter légèrement, et les marchés boursiers pourraient se montrer plus volatils, s’attendent-ils.

Susan Da Sie, première vice-présidente, actions, chez Investissements Standard Life, entrevoit un gain de 8 à 10 % pour l’indice phare américain, soit une progression presque trois fois moins importante qu’en 2013.

«La toile de fond reste clémente, dit-elle. Les conditions semblent être en place pour une amélioration significative de la croissance mondiale, qui sera alimentée notamment par la relance économique aux États-Unis et en Europe.»

Il y a eu aussi des avancées en ce qui concerne la politique fiscale américaine. «La mésentente entre républicains et démocrates pèsera moins négativement sur la croissance en 2014, remarque-t-elle. Les politiciens se sont même entendus pour éviter un autre arrêt partiel des activités gouvernementales.»

Quant au ralentissement du programme d’achat d’actif de la Fed cette année, perçu en 2013 comme un risque important, la réponse des marchés à cette annonce en fin d’année a été plutôt positive, remarque Susan Da Sie.

«C’est que la Fed a pris soin d’y aller progressivement, explique-t-elle, tout en insistant sur le fait que les taux d’intérêt resteront bas tant que l’inflation sera contrôlée.»

Dans ce contexte, la première vice-présidente estime que les profits des entreprises américaines continueront à croître, ce qui alimentera une autre poussée boursière.

Hausse des cours

De son côté, André Marsan, fondateur et stratège principal de Sigma Alpha Capital, croit que l’indice S&P 500 pourrait atteindre les 2 000 points en 2014. Il fonde cette cible sur sa connaissance du ratio cours/bénéfice anticipé de 2014 de la Bourse.

Pourtant, à 1 848 points, l’indice S&P 500 est déjà à plus de 15 fois les profits attendus en 2014. Ne serait-ce pas un peu cher, sachant qu’il n’y a pas si longtemps, ce ratio oscillait autour de 13 ?

«Pour le savoir, répond André Marsan, il faut regarder le tableau général.»

D’abord, il faut tenir compte des taux d’intérêt et du taux d’inflation. «Ils sont bas, remarque-t-il, ce qui favorise un multiple plus élevé.»

Ensuite, il faut considérer la croissance économique. Or, André Marsan ne note aucun excès qui pourrait laisser présager une récession.

Enfin, il faut estimer l’évolution des profits des entreprises. Il pense que ceux-ci continueront de croître, stimulés par l’embellie économique.

Dans ce contexte favorable, le stratège estime que le multiple de l’indice phare américain devrait se situer en 2014 entre 15 et 20. «Si je le fixe à 17, dit-il, j’obtiens 2 000 points.»

Marché baissier ?

Cependant, la versatilité des marchés boursiers pourrait-elle résulter en un scénario plus négatif ? Ron Meisels, président de Phases & Cycles, une firme montréalaise d’analyse technique, le pense, et il est beaucoup moins optimiste que la plupart des observateurs.

«Nous sommes actuellement à la fin d’un marché haussier, qui continue de montrer des signes de persistance, soutient-il. Le sentiment des investisseurs est de plus en plus optimiste et haussier, tant à court terme qu’à long terme.»

Ron Meisels soutient que les deux marchés haussiers traversés précédemment ont démontré le même genre de persistance.

Ainsi, le S&P 500 a bondi de 20 % en deux mois et demi à la fin de 1999, et il a gagné 13 % sur la même période au printemps 2007. Dans les deux cas, des corrections mineures ont suivi, et le marché haussier a pris fin de trois à cinq mois plus tard. «Historiquement, les tendances suggèrent que l’avancée actuelle peut encore continuer, dit Ron Meisels, et que le sommet de cette hausse sera probablement atteint à l’été 2014.»

Selon ce scénario, le marché baissier prendrait place au deuxième semestre. Qu’est-ce qui ferait toutefois flancher la Bourse ? Une crise du crédit, des politiques monétaires plus restrictives ? Ron Meisels l’ignore.

Il souligne cependant que le marché boursier est un indicateur avancé de l’économie, car les investisseurs anticipent l’avenir.

«Autrement dit, l’amélioration de l’économie et des profits en 2014 est déjà reflétée par les cours.» C’est pourquoi le S&P 500 a bondi de plus de 29 % en 2013, pendant que les profits des entreprises augmentaient d’environ 6 %.

Toutefois, en dépit des similitudes avec les sommets boursiers passés, le sentiment des investisseurs pourrait-il devenir encore plus haussier ? Ron Meisels répond par l’affirmative.

«Les médias et les rapports d’analystes pourraient soulever encore plus d’enthousiasme vis-à-vis de la Bourse», dit-il.

«Dans l’environnement actuel, ajoute-t-il, je recommande de sécuriser les gains ou de mettre des ordres « stop loss » sur les positions, d’acheter des titres solides sur repli et d’éviter d’acheter trop vite à la baisse.»