Les taux d’intérêt étant à des niveaux extrêmement bas, le prix des obligations sur le marché a augmenté, créant ce déséquilibre.

«Si c’est un FNB d’obligations à prime dans le cadre d’un REER ou autres comptes enregistrés, il n’y a pas d’incidence. En revanche, dans le cas d’un compte taxable, à partir d’un certain niveau de prime, le rendement de l’investissement s’autodétruit littéralement, car l’investisseur paie annuellement des impôts sur des revenus gagnés, mais pas encaissés», explique Raymond Kerzérho.

Faut-il pour autant sortir les obligations à prime des comptes non enregistrés des clients ? Avant de le faire, des calculs s’imposent, car il y a des frais liés à la transaction.

Si l’obligation à prime arrive à échéance dans trois ou six mois et qu’il s’agit d’un petit montant, il est peut-être préférable de la laisser échoir.

«Nous avons eu des cas de nouveaux clients dont les obligations à prime arrivaient à échéance dans 8 à 12 mois. Mais net de frais et net d’impôt, cela ne valait pas la peine de conserver l’obligation», analysent Miguel Yargeau et David Poliquin.

Guylaine Raby, vice-présidente, conseillère en placement chez Richardson GMP a reçu, en transfert d’une autre firme de courtage, un portefeuille de 4 M$, dont 3 M$ avaient été placés dans des FNB contenant des obligations à prime.

«Dans le cas présent, il n’y avait qu’une seule chose à faire : les vendre au plus vite. J’ai proposé au client d’acheter des obligations de nouvelles émissions en les payant au pair. Ainsi, à l’échéance, il serait certain de retrouver son capital», dit-elle.

DES SOLUTIONS

Il existe différentes stratégies que les conseillers peuvent mettre en place selon les situations.

«Les stratégies employées à l’époque et que l’on utilise encore aujourd’hui sont essentiellement les dépôts à terme pour remplacer les obligations ou encore certains fonds communs à structure corporative – mais beaucoup ont fermé aujourd’hui – pour leur traitement fiscal», suggèrent Miguel Yargeau et David Poliquin.

Outre les certificats de placement garanti ou les dépôts à terme, le conseiller pourrait opter pour des obligations individuelles, à sélectionner avec précaution.

Il existe également un FNB, lancé récemment, qui élimine ce problème, selon Raymond Kerzérho : le FNB BXF – First Asset DEX 1-5 Year Laddered Government Strip Bond Index, composé notamment d’obligations à coupons détachés.

«Souvent, on déconseille d’acheter des coupons détachés dans des comptes taxables précisément parce que le revenu n’est pas encaissable avant l’échéance. Mais comme ce FNB a un portefeuille beaucoup plus important de plusieurs millions de dollars, cela lui permet de faire régulièrement des distributions des rendements à échéance des obligations», précise Raymond Kerzérho.

Une autre stratégie du directeur de la recherche de PWL Capital : la répartition d’actif. «Admettons que j’opte pour 50 % d’actions et 50 % d’obligations. Je mettrai alors dans le compte taxable les placements les plus efficaces sur le plan fiscal et dans le REER, les moins efficaces. Autrement dit, les obligations dans le REER et les actions dans le compte taxable.»

«En gérant bien le compte taxable, le gain en capital généré par les actions peut être reporté dans le temps. Aussi longtemps qu’on achète un portefeuille et qu’on ne vend pas, on évite l’impôt. On génère donc du rendement à l’abri de l’impôt», dit-il.

Dans le cas d’un compte non enregistré, «les conseillers doivent examiner, dans les FNB qu’ils proposent à leurs clients, les rendements de distribution, la durée du portefeuille et le rendement à l’échéance. S’il y a un écart de plus de 50 points de base entre le rendement de distribution et le rendement à l’échéance, vous n’y touchez pas ! Car votre client va payer des impôts sur des rendements qu’il ne fera jamais», conclut Guylaine Raby.