Un tas de bitcoins.
yuruphoto / 123rf

Les cryptomonnaies n’ont pas fini de faire parler d’elles. Adorées ou détestées, ces dernières ont tendance à enflammer les passions. Récemment, la plupart des états américains ont permis l’installation de distributeurs automatiques de bitcoins, alors que l’Inde réfléchit à interdire les cryptomonnaies et punir les mineurs [ceux qui les produisent] et les négociants.

En effet, qu’ils se trouvent dans les fumeries du Montana, les stations-service de la Caroline et les épiceries fines installées dans les coins les plus reculés de l’État de New York, les clients peuvent maintenant acheter de la monnaie numérique, en vendre et parfois même, retirer de l’argent de distributeurs automatiques réservés à cet effet, nous apprend Reuters.

Ces machines se sont multipliées chez nos voisins du sud l’année dernière alors que la frénésie du bitcoin reprenait. En janvier, on en comptait déjà 28 185 au pays, selon les évaluations de howmanybitcoinatms.com, un site de recherche indépendant.

 Les clients utilisent ces machines pour diverses raisons : certains n’ont pas de compte bancaire, d’autres sont payés en espèces, d’autres encore veulent envoyer des fonds à l’étranger tout en restant anonymes.

Parmi les distributeurs, certains ne proposent que du bitcoin, d’autres permettent aux clients d’investir dans d’autres monnaies numériques, mais peu peuvent réellement donner de l’argent.

À noter toutefois que le recourt à ces distributeurs est plus onéreux que dans le cas des distributeurs conventionnels ou lors de transactions en ligne. Les frais facturés varient entre 6 % et 20 % selon la valeur totale de la transaction, l’emplacement du guichet et l’opérateur de celui-ci, nous apprend Pamela Clegg, directrice des enquêtes financières et de l’éducation de la société de conformité des cryptomonnaies CipherTrace.

Les agences gouvernementales s’inquiètent du potentiel d’activités illicites de certaines machines. Mais ces préoccupations n’ont pour le moment pas freiné la croissance de l’industrie. Coin Cloud, par exemple, dispose déjà de 1 470 machines aux États-Unis et prévoit d’en avoir 10 000 d’ici la fin de l’année, selon son PDG Chris McAlary.

General Bytes, qui fabrique des distributeurs automatiques de bitcoins, a été temporairement en rupture de stock l’été dernier alors que la demande explosait. La société a vendu 3 000 machines l’année dernière, dont 90 % en Amérique du Nord, a déclaré son fondateur Karel Kyovsky.

Cependant, ces distributeurs automatiques ne sont pas pour tout le monde. Shoiket, de Quad Coin, a dû retirer 200 distributeurs l’année dernière car ils n’avaient réalisé aucun bénéfice en six mois.

Tous les pays pas aussi enthousiastes

Alors qu’une forme de cryptomania s’installe aux États-Unis, l’Inde veut instaurer une loi pour interdire les cryptomonnaies et pénaliser mineurs et négociants. Ce projet de loi est l’une des politiques les plus strictes au monde à l’encontre de la monnaie numérique et pourrait porter un coup à des millions d’investisseurs. Même la Chine, qui a interdit le minage et le commerce de cryptomonnaies, ne pénalise pas la possession.

Le projet de loi donne un délai de six mois aux investisseurs pour que ceux-ci liquident leurs actifs en cryptomonnaies, à défaut de quoi ils s’exposent à de lourdes amendes. Même si pour l’instant il ne s’agit que d’un projet, les responsables sont convaincus que la loi sera promulguée, car le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi dispose d’une majorité confortable au Parlement.

Malgré les menaces d’interdiction, les volumes de transaction sont en croissance et 8 millions d’investisseurs détiennent désormais 100 milliards de roupies (1,4 milliard de dollars américains) en crypto-investissements, selon les estimations du secteur rapportées par le site  Insider.

« Même si les gens paniquent en raison de l’interdiction potentielle, c’est l’appât du gain qui motive ces choix », affirme Sumnesh Salodkar, un crypto-investisseur.

La ministre des Finances, Nirmala Sitharaman, a récemment cherché à apaiser certaines inquiétudes des investisseurs. Elle a affirmé à Reuters que le plan consiste  à interdire les cryptoactifs privés, mais à promouvoir la technologie blockchain.

« Nous n’avons pas de problème avec la technologie. Il n’y a pas de mal à exploiter la technologie », a précisé la ministre des Finances.

Malgré l’euphorie observée sur les marchés, les investisseurs sont conscients que cette loi représente un danger pour eux.

« Si l’interdiction devient officielle, nous devrons nous y conformer. Mais jusque-là, je préfère empiler et progresser avec le marché plutôt que de paniquer et de vendre », a résumé à Reuters Naimish Sanghvi, qui a commencé à parier sur les monnaies numériques l’année dernière, résumant vraisemblablement les pensées de nombre de ses compatriotes.