Le marché du travail a encore une fois surpris les économistes en novembre, alors que l’emploi a été en hausse pour un troisième mois consécutif.
Selon Statistique Canada, l’économie a ajouté 54 000 emplois le mois dernier, alors que les experts anticipaient une légère baisse.
Le taux de chômage est ainsi passé de 6,9 % en octobre à 6,5 % en novembre à l’échelle nationale, affichant un recul pour un deuxième mois de suite. Au Québec, il a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 5,1 %.
L’économie canadienne a créé 181 000 emplois entre septembre et novembre, après un début d’année relativement lent pour un marché du travail confronté à l’incertitude liée aux droits de douane américains.
La majeure partie de la croissance de l’emploi est attribuable au travail à temps partiel, dont la croissance a été plus rapide que celle de l’emploi à temps plein au cours des trois derniers mois, selon Statistique Canada.
L’agence fédérale a noté que le taux de personnes travaillant à temps partiel involontairement était demeuré stable par rapport à l’an dernier, à 17,9 %, et inférieur à la moyenne prépandémique de 19,3 % pour le mois.
Les jeunes âgés de 15 à 24 ans ont également contribué à la croissance de l’emploi le mois dernier, après avoir connu des difficultés sur le marché du travail jusqu’à présent cette année.
Selon l’agence fédérale, 50 000 emplois se sont ajoutés pour les jeunes de 15 à 24 ans en novembre, après une augmentation de 21 000 postes en octobre. Il s’agissait des premiers mois de croissance de l’emploi pour les jeunes depuis le début de l’année.
Le taux d’emploi des jeunes s’est établi à 55,3 % en novembre, en hausse de 1,7 point de pourcentage par rapport au creux record enregistré en juillet.
Doug Porter, économiste en chef de BMO, a mentionné que les détails de l’enquête sur la population active de novembre n’étaient pas aussi impressionnants que le titre le laissait présager, notamment en raison de la concentration de la croissance de l’emploi dans le travail à temps partiel.
Il a toutefois avancé que la récente série de créations d’emplois inattendues constitue un résultat solide au regard des indicateurs historiques.
« Pour vous donner une idée, la dernière fois que nous avons constaté une baisse de six points du taux de chômage en deux mois, mis à part la période de forte volatilité liée à la COVID-19, c’était lors du dernier boom technologique en 1999 », a expliqué Doug Porter.
L’économiste principal de TD, Andrew Hencic, a indiqué dans une note que le taux de chômage demeure élevé malgré la récente dynamique du marché du travail.
« Bien qu’il s’agisse d’une amélioration, la reprise n’est pas encore acquise », a-t-il ajouté.
Parmi les personnes sans emploi en octobre, 19,6 % ont trouvé un poste en novembre. Ce taux d’obtention d’emploi était en légère hausse sur un an, signe que les chercheurs d’emploi étaient plus susceptibles de trouver du travail qu’à pareille date en 2024.
Le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale a été le plus dynamique en novembre, avec 46 000 nouveaux emplois, tandis que le secteur du commerce de gros et de détail a perdu 34 000 postes.
Le salaire horaire moyen a augmenté de 3,6 % en novembre, soit légèrement plus qu’en octobre, selon Statistique Canada.
Pas de baisse des taux en vue
Les données sur l’emploi en novembre constituent la dernière publication importante que la Banque du Canada pourra prendre en compte en prévision de sa dernière décision de l’année sur les taux d’intérêt, mercredi prochain.
Après avoir abaissé son taux directeur d’un quart de point à 2,25 % en octobre, la banque centrale a indiqué qu’elle pourrait ne plus procéder à des ajustements si les données économiques à venir ne s’avèrent pas nettement plus faibles.
Selon Doug Porter, trois mois de solides créations d’emplois, conjugués à une hausse inattendue de 2,6 % en rythme annualisé du PIB réel au troisième trimestre, devraient dissiper « toute perspective d’une baisse des taux de la Banque du Canada à court terme ».
Les marchés financiers estimaient vendredi matin à près de 93 % la probabilité d’un maintien du taux directeur le 10 décembre, contre environ 90 % avant la publication du rapport sur l’emploi, selon LSEG Data & Analytics.
Andrew Hencic s’attend à ce que la Banque du Canada marque une pause dans sa décision finale sur le taux directeur pour cette année.
« Nous estimons que, compte tenu de la poursuite du ralentissement de l’inflation, la banque restera en retrait la semaine prochaine et continuera de guetter les signes d’une reprise durable », a-t-il précisé.