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Les canadiens qui utilisent des robots-conseillers ont beaucoup plus tendance à dire qu’ils ne s’intéressent pas aux questions de finances personnelles et qu’ils sont déroutés par le jargon financier que les investisseurs qui font appel à des services de courtage direct ou qui ont un conseiller en services financiers, selon le récent sondage de Credo Consulting, de Mississauga, en Ontario.

Par contre, les Canadiens qui utilisent le courtage direct ont beaucoup plus tendance à dire qu’ils ont une bonne compréhension des questions financières et possèdent les connaissances nécessaires pour bâtir leur propre sécurité financière que les investisseurs qui utilisent des plateformes de robots-conseillers ou que ceux qui ont un conseiller en services financiers.

«Les investisseurs autonomes sont beaucoup plus susceptibles de se sentir aux commandes et au-dessus de leurs affaires sur le plan financier, dit Hugh Murphy, directeur général chez Credo. En revanche, les investisseurs conseillés par un robot se sentent relativement désengagés et découragés par les questions de finances personnelles.»

Les résultats de cette récente recherche sont tirés de l’étude sur la Zone de confort financier, un sondage pancanadien en cours effectué par Credo en partenariat avec le Groupe Finance de TC Média, de Montréal, qui publie Finance et Investissement.

Parmi les Canadiens ayant un actif à investir de plus de 250 000 $ et qui ont été sondés dans le cadre de cette étude, ceux qui utilisent uniquement les robots-conseillers ont donné une note moyenne de 3,6 sur 10 à l’énoncé : «Les questions de finances personnelles ne m’intéressent pas du tout».

En revanche, les investisseurs ayant un actif à investir de plus de 250 000 $ qui utilisaient uniquement des plateformes de placement direct ont donné au même énoncé une note moyenne de 1,4, alors que ceux qui avaient un conseiller en services financiers ont attribué à cet énoncé une note de 2,2.

Par ailleurs, les participants au sondage qui utilisaient uniquement des robots-conseillers ont donné une note de 4,7 à l’énoncé : «Je trouve que le jargon et la terminologie de la finance portent à confusion ou sont intimidants». En comparaison, les investisseurs qui utilisaient uniquement des plateformes d’investissement direct ont donné au même énoncé une note moyenne de 2,7, alors que les investisseurs qui avaient un conseiller en services financiers lui ont donné une note de 4,3.

Les robots attirent les jeunes clients

Les plateformes de robots-conseillers tendent à attirer des clients qui préfèrent utiliser des services numériques, mais ne s’intéressent pas nécessairement à la gestion de leur propre actif, dit Dave Cassie, directeur général, Conseils et Transactions, chez PwC, à Toronto.

«[Les robots-conseillers] attirent les investisseurs qui ne sont pas à l’aise de prendre des décisions de placement [et] n’ont pas assez confiance en eux pour investir par eux-mêmes [comme par l’intermédiaire d’une plateforme de courtage en ligne], dit Dave Cassie. Les robots-conseillers ont simplifié le processus et ont une approche centrée sur le client. Ils attirent les gens qui aiment l’expérience Uber ou Airbnb.»

Selon l’étude de Credo, les investisseurs qui utilisent uniquement les robots-conseillers sont susceptibles d’être plus jeunes et d’avoir moins d’actifs à investir que les investisseurs qui utilisent le courtage direct ou qui ont un conseiller.

Le fait que les robots-conseillers attirent les plus jeunes investisseurs n’a rien d’étonnant, dit Eric Kirzner, professeur de finance à l’École de gestion Rotman de l’Université de Toronto et conseiller pour le robot-conseiller de Wealthsimple, de Toronto : «[Les jeunes investisseurs] veulent en fait des solutions simples et à faible coût pour pratiquement tout ce qu’ils font, y compris les placements».

Toutefois, l’étude de Credo a montré que les investisseurs plus âgés et ceux qui se trouvent dans les segments des investisseurs bien nantis ou même des grandes fortunes sont également attirés vers les robots-conseillers.

Chuck Grace, chargé de cours à l’École de commerce Richard Ivey de l’Université Western Ontario et consultant pour le secteur des services financiers chez Bigger Picture Solutions, toutes deux établies à London, en Ontario, suggère que la proposition de valeur des robots-conseillers trouve un écho parmi les investisseurs bien nantis qui peuvent douter de la valeur du conseil de plein exercice. «Ils ne voient peut-être pas la valeur obtenue pour les frais qu’ils paient, et ils veulent quelque chose de moins cher, moins intrusif et plus pratique», dit-il.

Bien que le courtage direct offre aussi l’avantage d’être pratique et à bas coût, les clients qui utilisent ces plateformes ont tendance à avoir davantage confiance en eux et à être à l’aise de prendre en charge leur portefeuille de placements.

Parmi les Canadiens ayant un actif à investir de plus de 250 000 $ qui ont été sondés dans le cadre de cette recherche, ceux qui utilisaient uniquement les plateformes de placement direct ont donné une note moyenne de 8,4 à l’énoncé : «J’ai une bonne compréhension des questions financières que je dois aborder à cette étape de ma vie».

En comparaison, les investisseurs ayant un actif à investir de plus de 250 000 $ qui utilisaient uniquement les robots-conseillers ont donné au même énoncé une note moyenne de 7,2, alors que les investisseurs qui avaient uniquement un conseiller lui ont attribué une note de 7,7.

De plus, dans le même groupe, les participants au sondage qui utilisaient uniquement le courtage direct ont donné une note moyenne de 8,3 à l’énoncé : «Je possède les connaissances nécessaires pour bâtir ma propre sécurité financière».

En revanche, les investisseurs qui utilisaient un robot-conseiller ont donné au même énoncé une note moyenne de 6,8, tandis que les investisseurs qui avaient un conseiller ont donné à cet énoncé une note de 6,6.

La plateforme d’investissement direct attire généralement des investisseurs sophistiqués qui comprennent leurs objectifs de placement et l’approche à adopter, dit Dave Cassie : «Ils sont à l’aise de prendre des décisions de placement et n’éprouvent pas le besoin d’avoir de l’aide. Ils veulent des outils de recherche, mais pas nécessairement du conseil».

Cependant, certains clients peuvent utiliser les services de courtage direct parce qu’ils n’ont pas les niveaux d’actif nécessaires pour se qualifier pour une firme de courtage de plein exercice, suggère Sara Gilbert, fondatrice de Développement des affaires Strategist(e) : «Certaines personnes aboutissent sur ces plateformes non par choix, mais parce qu’elles n’avaient nulle part ailleurs où aller».

Dans les prochaines années, certains de ces clients autonomes, particulièrement les baby-boomers, vont jeter un coup d’oeil aux robots-conseillers, suggère-t-elle : «Ils voudront quelque chose dans le milieu [entre l’investissement autonome et le plein exercice]. Je pense que nous allons voir beaucoup d’entre eux passer de l’investissement autonome aux robots-conseillers».

L’émergence des robots-conseillers a un impact sur le reste de l’industrie du placement, et certaines firmes de plein exercice intègrent des robots-conseillers à leurs services, dit Dave Cassie : «Les robots[-conseillers] constituent une [source] de véritable innovation et un laboratoire de tests pour le comportement du client, dit-il. Tout le monde observe et apprend.»

Par conséquent, il est probable que les robots-conseillers, à mesure qu’ils prendront de la maturité, commenceront à offrir aux clients davantage de services-conseils, dit Eric Kirzner. Selon lui, il y a dans le marché une place tant pour l’investissement autonome que pour les robots-conseillers et les plateformes de plein exercice.

«Cette concurrence est très saine, note-t-il. Cela force les gens à réfléchir beaucoup plus à ce qu’ils obtiennent pour l’argent [qu’ils mettent dans le conseil].

L’étude en ligne sur la Zone de confort financier a sondé jusqu’ici plus de 30 000 Canadiens. Le sondage vise à explorer les relations entre le conseil financier, le bien-être financier et la satisfaction globale de la vie dans la société canadienne. Les Canadiens sont sondés tous les mois, et le nombre de personnes sondées augmentera chaque mois.