Perspective globale

Toutefois, les choses ne sont pas si simples !

«Plusieurs participants oublient que cet actif doit s’intégrer à leur planification globale de retraite», dit Sophie Cournoyer, directrice des services-conseils en régimes de retraite chez Morneau Shepell.

Par exemple, savent-ils s’ils auront assez d’argent à la retraite ? Les taux de rendement prévus seront-ils suffisants ?

Comme le montrent les sondages, la plupart des adhérents s’en remettent à leur instinct. Ou à leur calculette, sinon à leur beau-frère…

C’est ce que confirme la dernière étude annuelle Capital Accumulation Plan de Benefits Canada (http://tinyurl.com/lwxk4z5). On y apprend que moins d’un participant sur cinq (18 %) à un régime CD consulte un conseiller sur l’état de son régime de retraite.

Cela dit, les promoteurs de régimes CD pourraient favoriser la consultation de conseillers en assumant, en tout ou en partie, leurs frais d’honoraires. Certains le font, mais c’est la minorité. Pourquoi ?

«Les promoteurs craignent les poursuites judiciaires de la part de participants qui pourraient se dire lésés par les conseils fournis», explique Sophie Cournoyer.

À double tranchant

Cependant, rien n’empêche les conseillers de promouvoir eux-mêmes leurs services auprès des participants aux régimes de retraite.

C’est le cas d’André Martel. Établi à Saguenay, dans l’arrondissement de Chicoutimi, ce planificateur financier donne des cours sur la préparation de la retraite. Ils sont notamment fréquentés par des employés syndiqués d’entreprises qui offrent des régimes de retraite CD, ce qui lui vaut une bonne partie de sa clientèle.

André Martel constate que les participants des régimes CD misent beaucoup sur des fonds de type cycle de vie. Cependant, loin d’être un produit miracle, ces fonds requièrent beaucoup de travail de sa part.

«Ce produit est une lame à double tranchant, car il crée l’illusion de la sécurité», résume-t-il.

Le planificateur estime que le profil d’investisseur doit être davantage analysé au moment du choix d’un fonds cycle de vie.

En effet, bien des épargnants ne peuvent pas supporter l’idée d’une chute de 7 ou 8 % des marchés, sans parler d’une catastrophe boursière semblable à celle de 2008.

Par conséquent, pourraient-ils tolérer un produit composé à plus de 75 % d’actions, comme cela pourrait être le cas pour un fonds cycle de vie souscrit à l’âge de 28 ans ? La réponse est négative. Dans ce cas, le produit ne correspond pas aux besoins du client.

«Dans tous les cas, j’explique que le produit n’est pas à l’abri de baisses de rendements, en faisant notamment l’historique des siens», précise André Martel.

Le planificateur veut également sensibiliser ses clients au fait que le produit ne répondra pas nécessairement à tous leurs besoins de décaissement.

Si le client a besoin de plus d’argent que le fonds ne lui en procurera, par exemple, devra-t-il se résoudre à travailler plus longtemps ? À prendre plus de risques ? À réduire ses dépenses à la retraite ?

Comme on le voit, la souscription d’un fonds cycle de vie ne peut pas remplacer le conseiller.

«Il faut bien analyser ce type de fonds afin de montrer au client ce qui s’y trouve et de lui en expliquer les conséquences possibles», conclut André Martel.