«Ici, ajoute-t-il, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) ont la conviction que le public est peu ou pas informé en matière d’investissement, que l’information est difficilement accessible, et que lorsqu’elle est disponible, elle est trop compliquée pour être comprise par les clients.»

Rendre l’information financière plus digeste, voilà la raison d’être de l’aperçu du fonds, une partie de la réforme sur la divulgation au point de vente.

Depuis juin 2014, les conseillers doivent fournir à leurs clients l’aperçu du fonds, un document d’un maximum de deux pages recto-verso, lors de la vente d’un fonds commun de placement. Si le client le désire, il peut également recevoir le prospectus du fonds qu’il vient d’acheter.

«La phase trois de la divulgation au point de vente, qui est en gestation, pourrait comprendre une présentation de l’aperçu du fonds préalable à la transaction, explique Maxime Gauthier. Le but du régulateur, c’est qu’aucun client n’achète de produit sans savoir préalablement ce qu’il contient.»

En ce qui concerne le MRCC, la deuxième phase de cette réglementation commence à être appliquée. Elle touche notamment la divulgation des rendements sur les relevés de placement des clients.

Les conseillers devront aussi parler de leur rémunération à leurs clients, afin que ceux-ci soient conscients du prix qu’ils paient pour ces services professionnels.

«MRCC 2 fera en sorte que les gens auront une idée beaucoup plus claire de ce qu’ils paient et de comment ils le paient, précise Dominique Asselin, conseiller en placements et président de l’Académie du Trésor. Ils seront par la suite beaucoup plus aptes à magasiner les services financiers qui leur conviennent le mieux.»

Améliorer la littératie financière

Maintenant qu’on a simplifié l’information transmise et qu’on a forcé l’industrie à fournir davantage d’information, le régulateur et l’industrie peuvent-ils en faire davantage pour aider les clients à s’y retrouver ?

Certains croient qu’il serait peut-être temps de changer de cheval de bataille et d’en faire plus pour améliorer l’éducation financière des clients.

«On doit prouver aux gens qu’ils sont capables de comprendre leurs finances personnelles au lieu d’alourdir une fois de plus la tâche des conseillers. Il faut se demander si les gens ne sont pas informés parce qu’ils ne le veulent pas ou parce que cela leur est impossible», s’interroge Maxime Gauthier.

Le défi est de taille, selon un sondage réalisé pour le compte du Conseil canadien sur l’apprentissage (CCA) et le Groupe de travail sur la littératie financière mis en place en 2009 par l’ancien ministre des Finances, Jim Flaherty : 55 % des adultes canadiens n’ont pas de connaissances en mathématiques suffisantes pour faire face aux exigences de la vie quotidienne.

Jean-Marie De Koninck, professeur de mathématiques à l’Université Laval, croit que même s’il est préférable de se concentrer d’abord sur la littératie financière des enfants, on peut très bien également travailler sur celle des adultes.

Il insiste toutefois sur le fait que l’industrie et le régulateur ne devraient pas travailler en vase clos. «Tout le monde semble travailler en circuit fermé, alors qu’on devrait décloisonner et s’adjoindre des gens issus d’autres domaines ou des usagers dont l’apport pourrait surprendre», affirme-t-il.

«Une chose est certaine, il y a un grand effort de vulgarisation à faire», ajoute-t-il.

Il y a toutefois une lueur d’espoir, puisque contrairement aux idées reçues, les adultes québécois souhaiteraient améliorer leurs connaissances financières.

L’Académie du Trésor vient d’ailleurs de lancer le volet pour adultes de son programme, qui sera offert dans des entreprises ou des ordres professionnels dès cet automne.

«Pour nous, c’est toujours un défi de suffire à la demande des jeunes et des moins jeunes. J’ai l’impression que les gens apprécient énormément le fait d’avoir accès à une formation indépendante donnée par quelqu’un de l’extérieur», soutient Dominique Asselin.

«Les employeurs sont de moins en moins engagés dans le financement de la retraite de leurs employés. Nous sommes dans une phase de réveil. Les gens se rendent compte qu’ils doivent prendre en main leur retraite», explique-t-il.

Fait intéressant, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec élabore actuellement un programme d’éducation financière pour les étudiants du secondaire. Le programme s’articulerait autour de la gestion des finances personnelles et traiterait notamment des choix de consommation pour les jeunes de 15 à 17 ans.