Vieillissons-nous en meilleure santé?

« On n’en sait rien encore! » a indiqué Jacques Légaré, professeur au département de démographie de l’Université de Montréal, lors de la 19e Conférence de Montréal du Forum économique international des Amériques, lundi.

Bien qu’il existe des études sur la question, celles-ci observent tous les cas de figure, sans tendance claire. D’après l’une d’entre elles portant sur l’Europe de 2004 à 2010, alors que l’espérance de vie sans incapacité a augmenté chez les hommes de 65 ans d’Autriche, de Belgique, de Finlande et d’Irlande, elle est diminuée en Italie et aux Pays-Bas sur la même période. Dans les hommes des autres pays comme la France et l’Allemagne, cette mesure était stable.

D’après la même étude citée par Jacques Légaré, chez les femmes de 65 ans, seules les résidantes de l’Autriche et de la Finlande affichent une hausse de leur espérance de vie sans incapacité alors que les Italiennes et les Grecques voyaient cette mesure diminuer. Pour les femmes des autres pays, cette donnée était stable.

« Si certains pays voient leurs taux d’incapacité par âge augmenter, c’est en général pour des incapacités légères mieux saisies qu’auparavant », a noté Jacques Légaré, d’où la difficulté à établir une tendance claire.

En plus du vieillissement de la population au Canada, une autre inconnue pourrait venir accroître l’invalidité chez les personnes âgées : « une éventuelle pandémie d’obésité », d’après Jacques Légaré : « Des niveaux élevés d’obésité risquent de voir les espérances de vie en santé diminuer, mais pas l’espérance de vie tous états de santé confondus. »

C’est pourquoi, selon Jacques Légaré, « il faudrait mettre l’accent sur la recherche s’intéressant aux maladies non mortelles ».

Vive la prévention

D’ailleurs, en matière de recherche scientifique, un autre expert du même panel estimait qu’il faille favoriser la prévention afin de réduire la mortalité et, par le fait même, la morbidité.

« La prévention représente probablement l’un des meilleurs investissements qu’on peut faire », a mentionné Pierre-Carl Michaud, professeur au département des sciences économiques à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

En investissant dans la prévention et la recherche sur les facteurs qui permettent à la population de vivre plus longtemps, permet ainsi d’éviter les limites de la recherche actuelle.

« Il y a une limite à combattre maladie par maladie. La recherche est faite en silo. Ça coûte très cher de faire de la recherche dans chacun de silos là et il y a un risque concurrent, soit qu’une personne va subir les effets d’une autre maladie que celle qu’on tente de combattre. »