Les rendements totaux sur de courtes périodes

Sur une courte période, habituellement un mois, la performance se mesure par le rendement total pour la période. La manière la plus simple de mesurer le rendement total d’un fonds pour un mois est d’ajouter la valeur liquidative par part (VLPP) en fin de mois au dividende par part que le fonds a versé le mois précédent, et de soustraire 1. Par exemple, imaginons que la VLPP d’un fonds a été de 10 $ à la fin de mai et qu’elle était de 11 $ à la fin de juin, et que le fonds a versé un dividende par part de 1 $ pendant le mois de juin. Le rendement total pour juin est de [(11+1)/10]-1 = 0,2, soit 20 %. (Une méthode plus précise est de présumer que le dividende est réinvesti sitôt qu’il a été versé.)

Notez que le rendement total pour un mois consiste en deux parties : le changement de pourcentage dans le prix et (le dividende comme pourcentage du prix initial, et ce parce que les changements de prix et les dividendes sont deux façons dont le fonds bénéficie aux investisseurs. Bien sûr, le changement de prix peut être négatif, auquel cas les investisseurs peuvent encourir une perte.

La mesure du rendement d’un fonds

Une fois que nous avons calculé le rendement total d’un fonds pendant toute une série de mois consécutifs, nous pouvons mesurer la performance du fonds sur toute cette période de plusieurs mois. Pour ce faire, nous ajoutons simplement 1 à chaque rendement mensuel, multiplions les produits obtenus pour chaque mois les uns avec les autres, et soustrayons 1. Par exemple, si les rendements totaux mensuels pour avril, mai et juin sont respectivement de 5 %, -10 % et 20 %, le rendement total pour le trimestre est de (1,05)(0,9)(1,2)-1 = 0,134, soit 13,4 %.

Lorsque la période de rendement est supérieure à un an, le rendement total pour la période est souvent exprimé sous forme de rendement total annualisé, également appelé rendement annuel composé. Pour ce faire, avant de soustraire 1 du produit, prenez la racine du produit à la puissance n, n représentant le nombre d’années. Par exemple, supposons que pendant une période de 60 mois le produit des rendements totaux plus 1 ait été de 1,47. Pour trouver le rendement annuel composé, prenez la racine de 1,47 à la puissance 5 et soustrayez-en 1, et vous obtiendrez 8 %.

Le rendement annualisé est la mesure la plus commune de rendement des fonds. Il apparaît sur les rapports de fonds Morningstar pour diverses périodes, selon la durée de l’historique de rendement des fonds concernés. On l’appelle aussi rendement pondéré selon le temps.

La mesure de la performance d’un investisseur

La seule manière dont un investisseur puisse en arriver au même rendement que le fonds pendant une période donnée serait d’effectuer un seul placement dans le fonds au début de la période concernée, de réinvestir tous les dividendes et de ne faire ni ajouts ni retraits jusqu’à la toute fin de la période. Toutefois, les investisseurs utilisent rarement les fonds de cette façon. De ce fait, les rendements gagnés par les investisseurs sur les fonds dans lesquels ils investissent sont différents des rendements que les fonds publient pour les périodes de mesure normales.
La façon d’évaluer les résultats d’un investisseur est de calculer les rendements pondérés selon la valeur monétaire. Ces rendements tiennent compte des montants qu’un investisseur ajoute à son placement dans un fonds ou qu’il en retire.
Les calculs des rendements pondérés selon la valeur monétaire sont assez complexes. On ne peut pas les calculer à partir d’une formule, et il faut se servir d’un outil spécial. Par bonheur, Microsoft Excel a cet outil, qui prend la forme d’une fonction appelée Taux de rendement interne (IRR).

Pour faire le calcul dans Excel, commencez par inscrire le placement initial dans une alvéole. Puis, au-dessous de cette alvéole, inscrivez la série de flux de trésorerie à ses intervalles réguliers — par exemple une fois par mois. Inscrivez des chiffres positifs pour les montants que vous avez ajoutés, et des chiffres négatifs pour ceux que vous avez retirés. Puisque chaque alvéole représente les flux de trésorerie pour un mois, inscrivez zéro s’il n’y a aucun flux de trésorerie pour un mois donné. Au bas de la liste, inscrivez la valeur finale du placement, c’est-à-dire sa valeur à la plus récente fin de mois, comme un chiffre négatif.

Utilisez ensuite la fonction IRR pour toute la série d’alvéoles, du placement initial jusqu’à la valeur finale, comme variable indépendante de la fonction. Si les flux de trésorerie sont mensuels le rendement pondéré selon la valeur monétaire sera présenté comme un chiffre mensuel. Pour le convertir en taux de rendement annuel, ajoutez 1, faites passer à la puissance 12, et soustrayez 1.

Le rendement pondéré selon la valeur monétaire est un taux de rendement unique qui, si on l’appliquait au placement initial et à tous les flux de trésorerie, se traduirait par la valeur finale du placement. Non seulement il dépend de la performance des fonds détenus par l’investisseur, mais aussi de l’échéancier des flux de trésorerie.

Par exemple, imaginons que vous investissiez 1 000 $ dans un fonds et que vous y ajoutiez 1 000 $ par mois pendant 10 ans. La valeur initiale est investie pendant 120 mois, mais chaque 1 000 $ suivant est investi pour un mois de moins que les 1 000 $ précédents, jusqu’au dernier versement de 1 000 $, qui n’est investi que pour un mois. Par conséquent, chaque rendement total mensuel sur ce fonds affecte un montant d’argent différent. Par contraste, chaque rendement total affecte de la même manière le rendement pondéré selon la valeur monétaire.

Pour voir dans quelle mesure les rendements pondérés selon le temps peuvent différer des rendements pondérés selon la valeur monétaire, j’ai calculé ces deux rendements pour une série d’indices appropriés pour les investisseurs canadiens sur la période de 10 ans allant de juillet 2004 à juin 2014. J’ai calculé les rendements pondérés selon la valeur monétaire à partir de l’hypothèse discutée plus haut : 1 000 $ investis au début de chaque mois. Les rendements pondérés selon le temps et les rendements pondérés selon la valeur monétaire sont généralement différents, et parfois d’un montant important.

En résumé

Le rendement pondéré selon le temps et le rendement pondéré selon la valeur monétaire sont tous deux des mesures de performance importants. Les rendements pondérés selon le temps conviennent pour mesurer le degré de succès qu’ont atteint les gestionnaires d’un fonds pendant une période donnée. Toutefois, le degré de succès rencontré par les investisseurs ne dépend pas seulement des rendements du fonds, mais aussi de l’échéancier de leurs placements dans le fonds. Les rendements pondérés selon la valeur monétaire sont la bonne façon de le mesurer.