Première décision : Allez-vous acheter des obligations individuelles ou des fonds d’obligations?

La première décision que les investisseurs doivent prendre est celle du véhicule à utiliser : obligations individuelles ou fonds d’obligations? Pour la plupart des investisseurs, surtout ceux qui débutent, la simplicité, la diversification et la gestion professionnelle dont s’accompagne un placement dans un fonds obligataire peuvent être difficiles à battre. Mais les obligations individuelles peuvent être appropriées dans certains cas. Voici les avantages et les inconvénients de chaque stratégie; cet article creuse en profondeur la question de savoir s’il faut investir dans une obligation individuelle ou dans un fonds d’obligations.

Obligations individuelles

Pourquoi : Le principal avantage qu’il y a à investir dans une obligation individuelle est que l’on peut facilement faire correspondre l’échéance de l’obligation à son horizon de placement. Supposant que l’on a acheté une obligation à une société émettrice de qualité supérieure, on recevra des paiements de coupon et récupérera son capital à l’échéance de l’obligation, même si les taux d’intérêt fluctuent durant la période de détention. Et en achetant des obligations individuelles, on peut en théorie trier sur le volet les obligations qui offrent la meilleure combinaison de sécurité et de rendement. On peut également contourner les frais de gestion, mais on sera confronté à d’autres coûts spécifiques. Donc, ces économies de coûts pourraient être illusoires.

Pourquoi pas : Le marché de l’investissement dans les obligations individuelles s’est amélioré au cours des dix dernières années, mais il peut encore être difficile de se plonger dans des recherches sur les caractéristiques fondamentales des obligations individuelles et de déterminer si on les paie à un bon prix. Cela se vérifie particulièrement lorsqu’on s’aventure au-delà des obligations gouvernementales et des obligations de sociétés de qualité supérieure. Les frais de transactions peuvent également empiéter sur les rendements que les petits investisseurs retirent des obligations individuelles. Il peut aussi être difficile, en tant que petit investisseur, de bâtir un portefeuille d’obligations individuelles qui est adéquatement diversifié; un seul canard boiteux peut affecter les résultats de manière disproportionnée. De plus, l’idée que les obligations protègent contre la hausse des taux d’intérêt n’est pas tout à fait juste. Si les taux augmentent, on a deux possibilités : rester avec des obligations à rendement moins élevé et assumer un coût d’opportunité, ou vendre l’obligation au rabais pour placer son argent dans un titre à rendement plus élevé.

Si vous faites ce choix pour une partie ou pour l’ensemble du portefeuille obligataire : Concentrez-vous sur les obligations de très bonne qualité et très liquides, et assurez-vous d’avoir une compréhension parfaite des coûts et des risques associés à ce type de placement.

Fonds communs obligataires

Pourquoi : Les investisseurs dans les fonds, même ceux dont le budget est modeste, obtiennent d’un seul coup une diversification et une gestion professionnelle en investissant dans un fonds d’obligations. Et bien qu’un fonds d’obligations puisse subir des pertes à court terme lorsque les taux d’intérêt sont à la hausse, le gestionnaire de ce fonds pourra ensuite investir à la place dans de nouvelles obligations à rendement plus élevé au fur et à mesure qu’elles sont offertes, compensant ainsi la déperdition du capital. Les grands investisseurs institutionnels, comme les fonds communs de placement, seront aussi en mesure d’obtenir des coûts transactionnels moins élevés que les petits investisseurs, ce qui, dans une catégorie d’actifs à rendement peu élevé, peut s’avérer un énorme avantage.

Pourquoi pas : Les frais que l’on paie pour la gestion des fonds peuvent empiéter sur les rendements. Et rien ne garantit que l’on retirera d’un fonds obligataire exactement ce que l’on y a mis. Si les taux d’intérêt augmentent durant votre période de détention ou si les types d’obligations en portefeuille s’effondrent pour quelque autre raison que ce soit, votre portefeuille pourrait subir une perte.

Si vous faites ce choix pour une partie ou pour l’ensemble de votre portefeuille obligataire : Assurez-vous de commencer par bâtir votre portefeuille de fonds obligataires avec des fonds de base à échéance moyenne qui vous procurent une bonne diversification au moyen d’un seul avoir. Méfiez-vous des fonds axés sur une portion restreinte du marché ou dont les frais sont plus élevés, car les frais élevés sont étroitement corrélés au risque.

Deuxième décision : Fonds indiciels ou fonds à gestion active?

Si vous décidez de jeter votre dévolu sur des fonds, la prochaine question est la même que se posent les investisseurs dans les fonds d’actions : l’indexation ou la gestion active? Voici les avantages et les inconvénients des deux approches.

Fonds indiciels

Pourquoi : L’avantage principal de l’indexation est la capacité d’obtenir une participation à une catégorie d’actifs à très bas prix. Des frais ultra-faibles sont en particulier un gros avantage pour les fonds d’obligations, parce que l’éventail des rendements des catégories d’obligations de qualité supérieure est très limité. L’indice FTSE TMX Canada Bond, que pistent de nombreux fonds canadiens obligataires indiciels, penche lourdement vers les obligations de qualité la plus élevée. Par conséquent, l’indice s’est historiquement bien comporté dans les périodes de faiblesse des marchés boursiers. Ses rendements à long terme battent ceux de presque tous les fonds de la catégorie Revenu fixe canadien, tandis que sa volatilité se classe en milieu de peloton.

Pourquoi pas : Les fonds indiciels n’ont pas la même souplesse que de nombreux fonds à gestion active; ils ne peuvent pas se réfugier dans les liquidités durant les périodes de hausse des taux d’intérêt, par exemple. De plus, parce que les rendements des obligations de qualité supérieure sont historiquement faibles depuis plusieurs années, leurs frais réduisent bien plus les rendements qu’ils ne le faisaient lorsque les taux étaient élevés. Le fonds moyen de la catégorie Revenu fixe canadien a un ratio des frais de gestion de 1,26 %, ce qui est un obstacle de taille lorsque les obligations à durée moyenne paient environ 2,5 %.

Si vous faites ce choix pour une partie ou pour l’ensemble d’un portefeuille obligataire : Cherchez le fonds le moins cher que vous puissiez trouver, parce que les fonds indiciels d’obligations sont une marchandise. De plus, assurez-vous que vous comprenez bien la construction de l’indice et, si vous recherchez une participation obligataire globale, assurez-vous de combiner votre fonds d’obligations indiciel de base avec d’autres types de titres qu’il ne détient pas.

Les fonds actifs

Pourquoi : Le principal attrait des fonds actifs est la capacité de surclasser un indice de référence boursier. Dernièrement, les investisseurs se sont précipités sur les fonds obligataires actifs parce qu’ils voient en eux la capacité d’éviter de grosses pertes lorsque les taux d’intérêt augmentent; que cela soit effectivement le cas reste encore à voir. Certains des meilleurs fonds obligataires à gestion active gardent leurs frais très bas, donnant ainsi à leurs gestionnaires une bonne chance de battre l’indice sans prendre de risques excessifs.

Pourquoi pas : Les fonds à gestion active sont généralement plus chers que leurs homologues indiciels, et cela peut peser à la fois sur les rendements absolus et relatifs. De plus, certains fonds à gestion active ont des marges de manoeuvre très limitées, aussi en pratique ne sont-ils pas nécessairement capables de générer le niveau de surclassement que les investisseurs attendent. Ou alors, un dirigeant de fonds à gestion active pourrait positionner le fonds d’une certaine façon et le marché pourrait aller en direction inverse. Les mises des gestionnaires ne sont pas toujours justifiées.

Si vous faites ce choix pour une partie ou pour l’ensemble de votre portefeuille obligataire : Cherchez un gestionnaire expérimenté avec des ressources analytiques approfondies. Ne vous attendez pas à un rendement à toute épreuve non plus : les fonds axés sur les titres de haute qualité tendent à mieux se comporter dans les périodes d’incertitude économique et boursière, alors que les fonds de qualité inférieure tendent à bien se comporter lorsque l’économie et les actions connaissent une période de hausse. Assurez-vous que vous comprenez bien quel type de titres contient le portefeuille. Cet article donne une liste de quelques fonds obligataires préférés de Morningstar.

Troisième décision : Diversifier à l’échelle internationale?

Si vous avez déterminé ce que sera le fondement de votre portefeuille obligataire, vous pouvez en rester là. Mais de nombreux investisseurs ont adopté les obligations internationales comme moyen de diversifier davantage leurs portefeuilles obligataires. En voici les principaux avantages et inconvénients, ainsi que les détails de certaines des variations dans les types de fonds obligataires internationaux.

Pourquoi diversifier à l’échelle internationale : La diversification est le principal avantage de détenir des obligations étrangères. Même si vous achetez un fonds qui couvre sa participation en devises étrangères, c’est-à-dire qui utilise des contrats à terme standardisés pour neutraliser l’impact que peuvent avoir les fluctuations des devises étrangères sur leurs rendements, vous pouvez toujours choisir de participer à des pays dont les taux d’intérêt répondent à des environnements différents, et qui peuvent améliorer le profil risque/rendement de votre portefeuille obligataire. De plus, puisque les marchés des obligations de sociétés et à rendement élevé sont beaucoup plus développés aux États-Unis qu’ils ne le sont au Canada, il est presque essentiel d’aller chercher au sud une participation à ces types d’obligations.

Pourquoi ne pas diversifier à l’échelle internationale : Les fonds obligataires internationaux non couverts sont de bons agents de diversification pour les portefeuilles d’obligations à majorité canadiennes, mais la volatilité élevée qui accompagne les fluctuations des devises étrangères les rend inappropriés pour les investisseurs dont les échéances sont à court ou à moyen terme. Les fonds d’obligations étrangères couvertes sont beaucoup moins volatiles, mais il reste à prouver que le modeste avantage lié à leur diversification compense leurs frais de gestion et leurs coûts de couverture. Généralement parlant, la participation aux obligations étrangères coûtera plus qu’un fonds ou un FNB d’obligations en majorité canadiennes.

Si vous faites ce choix pour une partie ou pour l’ensemble d’un portefeuille obligataire, assurez-vous que vous comprenez bien la stratégie du fonds. En plus de la distinction entre couverture et non couverture, les fonds obligataires internationaux varient selon qu’ils détiennent des obligations américaines et outre-mer, des titres gouvernementaux ou non gouvernementaux, et combien, le cas échéant, ils investissent dans les marchés émergents.

De plus, comprenez bien comment ce fonds obligataire international s’intègre au portefeuille. Il se peut que vous ayez déjà une certaine participation obligataire internationale par le truchement d’un fonds d’obligations à durée intermédiaire, multisectoriel ou non traditionnel.

Quatrième décision : Suivre certains penchants dans les participations d’un portefeuille?

Comme pour les portefeuilles d’actions qui mettent l’accent sur certains types de titres (ceux qui versent des dividendes, ceux qui sont axés sur les petites capitalisations ou sur la valeur), les portefeuilles obligataires peuvent eux aussi pencher vers certaines parties du marché obligataire, que ce soit sur une base tactique à court terme ou stratégique à long terme. L’objectif peut être l’amélioration des rendements, la réduction du risque, voire les deux. Voici les avantages et inconvénients d’incorporer certains penchants à un portefeuille.

Pourquoi suivre certains penchants : Les investisseurs peuvent incorporer des penchants tactiques afin de profiter des dislocations à court terme du marché ou d’éviter des secteurs en difficulté; par exemple, beaucoup d’investisseurs ont positionné ces dernières années leurs portefeuilles en direction des liquidités ou des obligations à court terme pour tenter de les protéger contre les pertes si les taux d’intérêt devaient augmenter. Ou alors, les investisseurs peuvent maintenir des penchants stratégiques à long terme pour améliorer le profil risque/rendement à long terme de leurs portefeuilles. Par exemple, les obligations de sociétés de qualité élevée ont généré historiquement des rendements plus élevés que les obligations gouvernementales sans afficher une volatilité tellement plus importante.

Pourquoi ne pas suivre de penchants : le gros risque avec les penchants, qu’ils soient opportunistes ou tactiques, voire à long terme, est que votre portefeuille penche dans une direction et que le marché aille dans l’autre.

Si vous faites ce choix pour une partie ou pour l’ensemble de votre portefeuille obligataire : Il y a plusieurs moyens d’instaurer certains penchants dans votre portefeuille à revenu fixe.

Vous pouvez les instaurer vous-même, en mettant l’accent, par exemple, sur des types d’obligations à courte durée ou plus sensibles au crédit. Ou alors, vous pouvez confier cette prise de décision à un gestionnaire de fonds professionnel qui instaurera ce penchant pour vous. Le Fonds d’obligations à rendement global PH&N, par exemple, garde historiquement l’accent sur les obligations de sociétés plutôt que les obligations gouvernementales.