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L’économie canadienne a perdu 68 000 emplois en mai, un plus grand nombre de personnes ayant quitté la population active, a indiqué vendredi Statistique Canada en pointant du doigt les mesures de restrictions contre la COVID-19, qui devraient maintenant commencer à s’estomper.

Les prochains mois devraient être le théâtre d’une croissance du marché du travail, alors que les provinces se préparent à mettre fin aux restrictions, et la hausse des taux de vaccination pourrait injecter une dose de confiance dans les plans d’embauche des employeurs, a estimé l’économiste Sri Thanabalasingam, de la Banque TD.

Mais ce dernier et d’autres analystes ont mis en garde contre d’éventuels obstacles sur la voie de la reprise, notamment des pénuries de main-d’œuvre à mesure que la demande pour les travailleurs se redresse.

L’économiste en chef de Desjardins, Jimmy Jean, a souligné qu’une fois les restrictions levées, il y aurait une reprise dans les secteurs qui sont encore profondément touchés, mais probablement pas un retour au niveau d’avant la pandémie.

« C’est là que le processus d’appariement prendra du temps, a-t-il affirmé lors d’une entrevue. Les fruits à portée de main auront été cueillis et la reprise que nous recherchons pourrait être plus lente. »

Le recul du nombre d’emplois en mai, surtout constitué d’emplois à temps partiel, était le deuxième en autant de mois. Il faisait suite à la disparition de 207 000 emplois en avril.

Plus de découragement

Le taux de chômage s’est établi à 8,2 % en mai, en légère hausse par rapport à celui de 8,1 % d’avril, le nombre de personnes à la recherche d’un travail ou mises à pied temporairement étant resté relativement stable dans l’ensemble.

Cependant, davantage de personnes ont abandonné le marché du travail en mai, y compris des travailleurs qui se sont simplement découragés et ont renoncé à chercher du travail.

Selon l’agence fédérale, 49 700 chercheurs d’emploi se sont découragés le mois dernier, un nombre plus de deux fois supérieur à la moyenne de 22 000 observée en 2019.

Statistique Canada a précisé que le taux de chômage aurait été de 10,7 % en mai si son calcul avait tenu compte des personnes qui voulaient travailler, mais ne cherchaient pas d’emploi.

Les pertes d’emplois de mai placent le pays à environ 571 100 emplois, soit 3 %, de ses niveaux de février 2020, avant la pandémie. Mais l’écart réel pourrait être plus important en tenant compte de la croissance démographique pendant la pandémie, ce qui placerait le marché du travail à environ 763 000 emplois, soit 3,9 % de ses niveaux de février 2020.

Les données publiées vendredi indiquent également que 28 000 femmes âgées de 25 à 54 ans voulaient un emploi, mais n’en ont pas cherché en mai. Les écoles sont restées fermées en Ontario et en Nouvelle-Écosse le mois dernier, les deux seules provinces où le nombre d’emplois a diminué pendant cette période.

La Nouvelle-Écosse avait prévu de garder ses écoles fermées pour le reste de l’année scolaire, mais a ensuite annulé cette décision. Les établissements scolaires de l’Ontario resteront cependant fermés jusqu’à la fin juin, ce qui, selon Jimmy Jean, risque de retarder la reprise de l’emploi pour les mères.

Un autre obstacle sera la disparition de plus de 100 000 entreprises tout au long de la pandémie, ce qui nuira à la capacité de l’économie à créer de nouveaux emplois, a estimé Leah Nord, directrice principale des stratégies de main-d’œuvre à la Chambre de commerce du Canada.

Une reprise à court terme de l’embauche n’est pas la même chose qu’une reprise de l’emploi, a expliqué Mme Nord, notant que 478 000 travailleurs étaient en chômage de longue durée, ce qui signifie qu’ils sont sans travail depuis six mois ou plus.

Stabilité dans la plupart des provinces

Statistique Canada a souligné que l’emploi dans le secteur des biens avait chuté pour la première fois depuis avril 2020, y compris dans le secteur de la fabrication, qui a enregistré une baisse de 36 000 emplois en mai.

Contrairement à la situation observée en Ontario et en Nouvelle-Écosse, l’emploi a augmenté en Saskatchewan, tandis qu’il a peu varié dans les autres provinces, a indiqué Statistique Canada.

D’avril à mai, le taux de chômage a bondi de 8,1 % à 9,8 % en Nouvelle-Écosse et de 8,2 % à 9,6 % à l’Île-du-Prince-Édouard. La hausse du taux de chômage a été plus modérée au Nouveau-Brunswick, où il est passé de 8,5 % à 9,0 %.

Au Québec, 8000 emplois ont disparu le mois dernier et 7200 d’entre eux étaient des emplois à temps plein. Le taux de chômage de la province est resté inchangé à 6,6 %.