Un parapluie multicolore soufflé loin d'une mer de parapluies noirs.
Worachai Yosthamrong / 123rf

Les assureurs qui font affaire au Québec ont connu une croissance de leur bénéfice net, lequel inclut le bénéfice provenant de l’ensemble de leur ligne d’affaires, tous pays confondus. Après avoir connu une baisse de 9,2 % en 2017 pour atteindre un niveau de 12,2 G$, les bénéfices totaux ont augmenté de 28,4 % en 2018, pour s’établir à 15,7 G$, selon le Rapport sur les institutions financières de l’Autorité des marchés financiers (AMF) publié en juin.

Malgré ce bond des résultats net, l’AMF détecte quelques vents de face qui risquent de nuire aux assureurs. En voici quelques-uns.

Géants technos menaçants

Les nouveaux acteurs financiers (fintech, insurtech,bigtech) risquent d’entraîner des modifications à leurs modèles d’affaires, d’après l’AMF.

« De nouveaux joueurs tentent de s’imposer en opérant de l’extérieur du pays pour desservir la clientèle canadienne. D’ailleurs, ces firmes ont instauré des produits et services dans divers secteurs tels que le financement et la gestion de patrimoine aux particuliers grâce à l’utilisation de plateformes technologiques et de l’intelligence artificielle », mentionne l’AMF dans son rapport.

Nouveaux risques technos 

Selon le rapport de l’AMF, le développement ou l’acquisition de nouvelles technologies constitue un défi d’envergure nécessitant des ressources spécialisées. « En plus de leurs propres ressources, les institutions financières ont de plus en plus recours aux entreprises de services qui exploitent des données et qui ont développé une expertise de niche parfois difficile à dupliquer ou à maintenir par les institutions elles-mêmes. Toutefois, l’utilisation de codes source ouverts (open source), de l’infonuagique et de l’intelligence artificielle constituent des options plus accessibles de traitement informatique, autrefois inabordables pour les entreprises », apprend-on dans le rapport.

Ces nouvelles réalités technologiques engendrent de nouveaux risques, soit des risques de dépendance envers des fournisseurs, des risques opérationnels, des risques de réputation, voire des conséquences systémiques pour les institutions financières, d’après l’AMF.

« Le recours des organisations aux nouvelles technologies telles que l’infonuagique augmente la surface d’attaque et les vulnérabilités exploitables par les cybercriminels. Ces derniers peuvent maintenant s’attaquer au fonctionnement des algorithmes d’intelligence artificielle en falsifiant les données utilisées dans les modèles », lit-on dans le rapport de l’AMF.

Encore les taux d’intérêt

Les conditions pouvant provoquer une accélération marquée des taux d’intérêt, tels que la flambée de l’inflation ou un déficit extérieur élevé, ne sont actuellement pas réunies et la probabilité d’un tel scénario paraît faible, d’après l’AMF.

Cette faiblesse persistante des taux d’intérêt pourrait entraîner une augmentation des passifs des assureurs de personnes qui offrent des contrats d’assurance vie de longue durée.

« Face à la faiblesse des taux d’intérêt, les assureurs de personnes ont adopté une approche similaire aux années antérieures. Ils ont en effet soit modifié leur répartition d’actifs vers des placements plus risqués ou parfois moins liquides, soit modifié leur tarification, révisé les niveaux de couverture ou encore, modifié leur offre de produits », lit-on dans le rapport.

Notons que, ces dernières années, les assureurs ont retiré plusieurs produits pour lesquels les coûts en capital réglementaire étaient élevés, comme certaines versions de fonds distincts avec garantie de revenu viager.

L’AMF suit de près l’évolution des stratégies adoptées par les assureurs afin que celles-ci soient cohérentes avec les attentes relatives aux pratiques de gestion saine et prudente et de saines pratiques commerciales.

Par exemple, le 1er janvier 2018, l’AMF a remplacé la Ligne directrice sur les exigences en matière de suffisance des fonds propres (EMSFP) par la Ligne directrice sur les exigences de suffisance du capital en assurance de personnes (ESCAP). L’ESCAP a été développée afin de mieux aligner la mesure des risques à la réalité économique auxquels font face les assureurs de personnes.

« Entre autres changements, l’Autorité a intégré une meilleure mesure du risque lié à une variation importante des taux d’intérêt, permettant ainsi aux assureurs de personnes de mieux déterminer un niveau de capital suffisant pour absorber les pertes résultant de ces variations », lit-on dans le rapport.

Ce changement de ligne directrice a entraîné un changement dans le calcul de certains risques auxquels s’exposent les assureurs de personne.

« Bien que la proportion des risques liés aux actifs soit encore importante à plus de 40 % – les risques liés aux actifs comprennent les risques de garantie de fonds distinct, de crédit et de marchés –, elle représente maintenant moins de 50 % des risques. Cette baisse s’explique principalement par la hausse de la proportion que représente l’exigence pour le risque de mortalité et par l’ajout d’exigences explicites pour le risque opérationnel », apprend-on dans le rapport.