Un homme d'affaires avec un ordinateur assis sur un bloc jaune dans le ciel. On voit également un signe de dollar, dans une bulle derrière lui.
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La Banque du Canada (BdC) est confrontée à un dilemme. Elle doit soit faire entrer l’économie en récession, soit risquer d’entamer sa propre crédibilité en matière d’inflation en réduisant ses taux plus tôt que prévu.

Dans un nouveau rapport, les économistes de la Banque TD indiquent que la banque centrale a un chemin difficile à parcourir cette année, car elle est confrontée à la perspective de faire marche arrière sur les taux d’intérêt, alors même que l’inflation continue à être plus forte qu’elle ne le voudrait.

« La banque centrale devra réduire les taux d’intérêt face à des coûts de logement obstinément élevés, car si elle néglige de le faire, elle risque de faire échouer l’économie », indique le rapport.

En effet, le maintien de taux « plus élevés pendant plus longtemps » garantirait plus ou moins une récession, selon le rapport.

Outre les risques accrus de récession, la banque centrale pourrait également être tentée de réduire les taux, compte tenu de l’intensification des tensions financières qui accompagnent des taux plus élevés et des signes indiquant que les sources d’inflation se réduisent.

Toutefois, si la banque commence à réduire les taux pour éviter ces risques économiques et financiers croissants, cela pourrait également alimenter l’inflation des ménages, avertit le rapport.

« Le défi pour la Banque du Canada sera donc double. Elle devra faire confiance au processus et commencer à réduire les taux d’intérêt avant que l’inflation n’atteigne confortablement son objectif, tout en réussissant à convaincre le public qu’elle sait ce qu’elle fait », continue le rapport.

Au cœur de ce défi se trouve le fait que les coûts du logement resteront probablement élevés dans un contexte de déséquilibre important et persistant entre l’offre et la demande.

« La Banque du Canada ne peut pas faire grand-chose pour remédier à une pénurie structurelle de logements. Cette responsabilité incombe aux gouvernements, qui doivent veiller à ce que les politiques spécifiques liées à la croissance démographique s’accompagnent de mesures de soutien au logement, indique le rapport. Mais la Banque du Canada est chargée d’ancrer les attentes en matière d’inflation autour de son objectif de 2 %, ce qui est rendu plus difficile par ce défi. »

À l’heure actuelle, les coûts du logement représentent plus de la moitié de l’inflation globale, et cette part devrait augmenter à mesure que les prix dans d’autres secteurs diminuent, selon le rapport.

Ainsi, réduire les taux alors qu’une source majeure d’inflation reste chaude nécessitera probablement un pivot habile dans la stratégie de communication de la Banque du Canada, « pour souligner que les coûts du logement ne définissent pas les tendances générales de l’inflation au Canada », suggère le rapport.

« Les étoiles ne seront pas parfaitement alignées sur le front de l’inflation par rapport au moment où les réductions de taux d’intérêt devront commencer. Et cela pourrait créer un énorme défi de communication pour une banque centrale qui pourrait déjà avoir un problème de crédibilité en ce qui concerne ses compétences en matière de lutte contre l’inflation sur la rue principale », conclut-il.