Femme d'affaire avec une boite dans les mains. Elle quitte son bureau.
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En dépit de capitalisations boursières à faire baver d’envie, deux grandes banques numériques européennes ont récemment délaissé le marché américain. Les banques traditionnelles du pays de l’Oncle Sam savent défendre leurs positions.

« Les néobanques européennes constatent que le marché américain est difficile à percer », a titré la publication American Banker suite à la décision des banques web N26 et Monzo de quitter le marché américain.

Affichant 0,5 M de clients au pays de l’Oncle Sam, l’allemande N26 a annoncé qu’elle allait plier bagage en janvier prochain. Pour sa part, la britannique Monzo a renoncé à sa demande de licence bancaire aux États-Unis.

Après avoir levé 900 M$ en octobre dernier, N26 semblait pourtant avoir la latitude financière nécessaire pour étendre sa présence chez nos voisins du Sud.

Créée en 2013 à Berlin, propulsée par les capitaux allemands d’Allianz et chinois de Tencent (WeChat), N26 affiche une capitalisation boursière de 11,4 G$, ce qui la place selon la publication L’Agefi dans le « Top 20 de la fintech mondiale ». La capitalisation de N26 dépasse d’ailleurs celle de Commerzbank, le deuxième groupe bancaire allemand (11,1 G$). Bien qu’ayant sept millions de clients en Europe, N26 n’est toujours pas rentable.

Fondée en 2015, Monzo affiche une capitalisation boursière de 2 G$. Cette banque web est également déficitaire, ayant généré une perte de 180 M$ lors de la dernière année financière.

Pourquoi ?

Selon le Financial Times, le régulateur américain Office of the Comptroller of the Currency (OCC) aurait refusé la demande de licence bancaire de Monzo Bank. « Cette décision met en évidence la prudence des régulateurs américains quant à l’idée de permettre aux jeunes pousses déficitaires de devenir des banques, contrairement à des pays comme le Royaume-Uni qui ont accordé des dizaines de licences ces dernières années afin de promouvoir la concurrence », signale le quotidien financier londonien.

Les barrières réglementaires sont également très fortes de ce côté-ci de la frontière. En mars dernier, la néobanque (ou banque web) londonienne Revolut qui était en train de s’implanter au Canada a déclaré forfait. La publication en ligne Betakit avait alors souligné les difficultés d’obtention de licences bancaires au Canada.

La capitalisation boursière de la banque web Revolut dépasse 41 G$. Cette néobanque revendique 15 millions de clients dans 30 pays. Revolut a atteint la rentabilité à la fin de l’année 2020.

Force est de constater que les banques traditionnelles, américaines et canadiennes, ne sont pas aussi vulnérables que leurs challengers numériques l’avaient initialement pensé. Les barrières à l’entrée sont réelles. Mais il y a plus : les banques traditionnelles connaissent leurs marchés. Et elles investissent, elles aussi, beaucoup d’argent dans l’exploitation des grandes masses de données.

Comme le dit le journaliste Simon English du London Evening Standard, les néobanques postulent que les consommateurs sont insatisfaits de la prestation de services des banques traditionnelles. « Mais ce n’est peut-être pas vrai », suggère Simon English.