Pour Robert Shiller, professeur d’économie à l’Université Yale et récipiendaire du prix Nobel d’économie en 2013, l’évaluation boursière en général est si élevée actuellement qu’il en perd le sommeil.

L’éminent professeur a créé pour évaluer la Bourse un ratio cours/bénéfices qui tient compte de l’inflation, soit le Cyclically Adjusted PE Ratio (CAPE).

Le ratio se situe actuellement légèrement au dessus de 30, soit un niveau qui n’a été surpassé qu’en deux occasions, soit en 1929 avant la grande dépression, et à la fin des années 90 juste avant l’éclatement de la bulle techno.

À une évaluation boursière aussi élevée s’ajoute une volatilité très basse. Cela pourrait bien être le calme avant la tempête, selon lui. «C’est un phénomène qui m’inquiète tellement que cela me tient éveillé la nuit», dit-il en entrevue à CNBC.

« Nous pourrions assister à une correction majeure. Ce n’est pas une prédiction, mais une inquiétude, conclut-il. »

Le secteur de la technologie de l’information a réalisé le meilleur rendement jusqu’à maintenant cette année. Ainsi, il pourrait avoir un effet pervers sur l’ensemble du marché si la tendance devait s’inverser. Un rapport de recherche de Bank of America Merrill Lynch indique en effet que les fonds communs de placement détiennent maintenant une surpondération record de titres techno.

Rich Ross, analyste technique chez Evercore ISI, croit que le moment est venu de sous-pondérer le secteur, alors que s’amorce cette semaine les deux mois généralement les plus difficiles en Bourse, soit août et septembre.

Le graphique du Fonds négocié en bourse du secteur de la technologie XLK indique clairement que le secteur est épuisé et qu’un renversement de tendance est possible, selon lui.

«Le XLK semblait avoir réalisé une brisure significative vers le haut en atteignant un nouveau sommet la semaine dernière, mais les séances suivantes ont indiqué qu’il s’agissait d’un faux signal alors que le fonds n’a pas pu poursuivre sa poussée», dit-il.

Mais tous ne sont aussi pessimistes.

Les Bourses vont bondir plus tard cette année sous l’effet d’une réforme fiscale aux États-Unis, croit Jeremy Siegel, professeur de finance à la célèbre Wharton School de l’Université de Pennsylvanie. Il prédit que le Congrès américain adoptera cette année une réforme fiscale qui entraînera un nouveau rallye boursier. Compte tenu de l’encaisse disponible chez les grands investisseurs, une baisse du taux d’imposition des sociétés à 20% propulsera le marché boursier 10% plus haut, selon lui.

L’économiste bien connu Ed Yardeni, président de Yardeni Research, se trouve également dans le camp des optimistes principalement à cause des perspectives de croissance des bénéfices qui demeurent excellentes, selon lui. L’indice S&P 500 s’approche de l’objectif qu’il s’était fixé pour l’année 2017, soit 2500. Il affirme maintenant que l’indice se dirige vers 2 600-2700 d’ici le milieu de l’an prochain.