Un robot écrivant sur un ordi. En avant plan des graphiques transparents de la bourse.
phonlamaiphoto / 123rf

Les plateformes de gestion de patrimoine numérique résistent à la tempête COVID-19 et prouvent leur pertinence au sein de l’industrie.

« Avant [la pandémie], notre perception était que les robots-conseils seraient incapables de gérer une période de turbulences, rapporte Andrew Kirkland, président de JustWealth Financial. Nous avons en quelque sorte dissipé ce mythe. »

Selon une étude d’Investor Economics, le total des actifs des robots-conseillers au Canada a atteint 10 milliards de dollars (G$) au deuxième trimestre 2020, contre 8,3 G$ au premier trimestre et 7,5 G$ à la fin de 2019.

En mars, alors que les fonds communs de placement ont connu des rachats nets de 14,1 G$, selon l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC), les fonds négociés en Bourse (FNB) ont eu des créations nettes de 2,9 G$.

Investor Economics ne mesure pas les apports nets en FNB par canal de distribution. Cependant, il est « devenu assez clair » que les robots-conseils jouent un rôle de plus en plus important dans la croissance des FNB, témoigne Brett McDonald, consultant senior chez Investor Economics, une division de Institutional Shareholder Services.

« Nous avons vu, au cours des cinq dernières années, le modèle de robot-conseiller se développer pour devenir quelque chose de durable pour l’avenir », précise-t-il.

La volatilité du marché qui a accompagné la pandémie mondiale a joué en faveur des plates-formes numériques, selon Brett McDonald, car elle a donné aux gens une raison de regarder au-delà de leur situation actuelle en matière d’investissement. Les investisseurs sont généralement heureux de laisser faire les choses lorsque les marchés se portent bien ; ils sont plus susceptibles de scruter leur fournisseur de services d’investissement ou d’en essayer un nouveau lorsqu’ils qu’ils vont mal.

De nombreuses plateformes de conseil numériques indiquent que leurs comptes – en termes d’ouvertures, de fermetures et de dépôts – sont restés stables ou ont augmenté au cours du premier semestre.

« Nous avons vu de plus en plus de gens estimer qu’il était temps d’ouvrir un compte auprès d’une firme de conseil en gestion de patrimoine numérique », déclare Randy Cass, fondateur et PDG de Nest Wealth Asset Management basé à Toronto.

Nest Wealth a enregistré un nombre record d’ouvertures de comptes en mars et avril, lorsque les marchés boursiers étaient en pleine tourmente, commente Randy Cass. Cette activité a eu lieu après la fin de la période des REER et sans que davantage de marketing ne soit nécessaire.

Les actifs de JustWealth ont augmenté de 53 % au cours du premier semestre de l’année, tandis que le nombre de clients a augmenté de 64 %, rapporte Andrew Kirkland. L’argent a afflué dans les nouveaux comptes et ceux existants pendant la volatilité initiale du marché, en particulier de la part des clients milléniaux, ajoute-t-il.

« Nos jeunes clients étaient prêts à placer plus d’argent pendant cette période incertaine [en raison de la pandémie mondiale] », dit-il.

Les chiffres ont également été positifs chez Wealthsimple. Les dépôts nets ont augmenté de février à juin, tandis que Wealthsimple Invest comptait deux fois plus de nouveaux clients en mars 2020 qu’en mars 2019.

Dan Tersigni, gestionnaire de portefeuille auprès de cette fintech, affirme que le fait d’être une plateforme entièrement numérique a donné à Wealthsimple l’avantage de ne pas avoir autant à s’adapter que les conseillers traditionnels au début de la période de confinement.

Cela ne veut pas dire que les robots-conseillers n’étaient pas occupés lorsque les marchés ont piqué du nez et que les clients ont traversé une période économique sans précédent. Les conseillers ont souvent prétendu que les clients abandonneraient les robots en cas de krach, invoquant le besoin de conseils humains pour que les clients restent calmes et investis. Wealthsimple et JustWealth ont réagi en renforçant la communication avec leurs clients par l’intermédiaire de courriels, de vidéos et de webinaires.

Au cours du mois de mars, Wealthsimple a envoyé des courriers électroniques hebdomadaires à ses clients pour partager des informations et faire le point sur le marché. La société a également proposé quatre webinaires – auxquels ont participé plus de 3 000 clients au Canada et au Royaume-Uni – qui ont permis aux clients de poser des questions.

Bien sûr, au plus fort de la pandémie, les entreprises fintech ne se sont pas limité à contacter les consommateurs. De nombreux robots-conseillers ont des divisions interentreprises (B2B). Nest Wealth, en particulier, a mis l’accent sur le marché B2B grâce à son offre en marque blanche Nest Wealth Pro. (La société s’est associée à la Banque Nationale du Canada, à la Banque Scotia (par le biais de son achat de MD Financial Management en 2018) et à une troisième banque dont le partenariat reste soumis à un accord de non-divulgation).

« La note surprenante de la pandémie a été que [le besoin d’une plateforme numérique] est devenu une priorité beaucoup plus importante pour les entreprises qu’auparavant », affirme Randy Cass.

Au début de la pandémie, de nombreuses sociétés de conseil étaient impatientes de mettre en place une technologie permettant d’opérer à distance et de mettre à jour des documents tels que les formulaires « Connaître son client ». Cela a créé une opportunité pour les plateformes qui offraient déjà ces services.

Selon Randy Cass, la demande est là pour rester, car de plus en plus d’entreprises développent leur technologie pour assurer la continuité des activités et répondre aux attentes des clients.

« Les entreprises et les conseillers qui développent leurs pratiques et servent leurs clients sur une base technologique solide seront bien mieux à même de servir ces clients et d’apporter une plus grande valeur ajoutée que ceux qui continuent à le faire sans technologie », conclut-il.