Une coquille d'escargot sur une flèche pointant vers le haut.
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Les plus récentes données de l’agence sur le produit intérieur brut réel montrent que, pour l’ensemble de l’année dernière, l’économie canadienne a affiché une croissance de 1,8 pour cent, comparativement à celle de 3,0 pour cent de 2017.

La hausse de 0,4 pour cent enregistrée au quatrième trimestre était inférieure à la croissance de 2,0 pour cent enregistrée au trimestre précédent.

« Je pense que nous assistons à la confirmation d’une tendance en ce qui a trait à une décélération économique, mais nous voyons qu’elle se manifeste beaucoup plus rapidement », a noté Brian DePratto, économiste principal à la Banque TD.

M. DePratto et d’autres analystes ont prédit vendredi que des chiffres plus modestes allaient venir dans les prochains mois, car les réductions de la production de pétrole en Alberta, au début de l’année, ne se feront sentir que lors de la prochaine publication trimestrielle des données.

« Tout cela suggère (…) que nous pourrions disposer d’un autre trimestre de surplace, avec une très très faible croissance », a-t-il affirmé.

Le mot qui commence par « R »

Les données dévoilées vendredi étaient largement inférieures aux attentes, les économistes tablaient sur une croissance annualisée de 1,2 pour cent au dernier trimestre de 2018, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.

Selon Statistique Canada, le ralentissement de la fin de 2018 est principalement dû à la contraction de 2,7 pour cent, d’un trimestre

à l’autre, des dépenses d’investissement. Dans l’ensemble, les exportations ont légèrement diminué et les dépenses des ménages ont ralenti pour un deuxième trimestre consécutif.

Les baisses, selon le rapport, ont été largement contrebalancées par une accumulation plus importante des stocks.

L’agence a également publié des révisions à la baisse pour le premier semestre de 2018, qui ont ramené la croissance du deuxième trimestre à 2,6 pour cent et celle du premier trimestre à 1,3 pour cent. Initialement, ces progressions avaient été estimées à 2,9 pour cent et 1,7 pour cent respectivement.

« Le mot qui commence par « R » restera dans les esprits, car l’économie canadienne a évité de justesse un début de récession (au quatrième trimestre) », a écrit l’économiste en chef de la Banque CIBC, Avery Shenfeld, dans une note de recherche.

« Si ce n’était pas de l’énorme gain de l’emploi en janvier, nous craindrions une récession en bonne et due forme, mais à ce stade-ci, on peut davantage parler d’un moteur en panne. »

M. DePratto a indiqué qu’en éliminant les chiffres relatifs au commerce et aux stocks, qui, selon lui, ne sont pas nécessairement de purs indicateurs de la santé de l’économie, le Canada a maintenant connu une année de ralentissement de la croissance et un deuxième trimestre de contraction.

« Il faut retourner au début de 2015 pour voir une telle contraction deux trimestres de suite », a-t-il observé.

« Ce n’est pas vraiment un parallèle encourageant. »

Pas de hausse de taux en vue

La plupart des observateurs s’attendent à ce que la Banque du Canada laisse son taux d’intérêt directeur inchangé lors de sa prochaine décision à ce sujet, prévue la semaine prochaine.

Avec le rapport de vendredi, certains se demandent maintenant si le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, osera augmenter de nouveau le taux directeur cette année _ ou même si le prochain changement apporté au taux sera vraiment une hausse.

« Il semble que la Banque du Canada va rester très tranquille pendant très longtemps. Elle aura besoin de preuves convaincantes que la croissance renoue avec une cadence supérieure à la tendance avant même d’envisager des hausses de taux, et ce ne sera probablement pas le cas d’ici la fin de l’année, au plus tôt », a estimé l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, dans un rapport de recherche.

Les termes de l’échange du Canada, une comparaison des prix des exportations par rapport aux prix des importations, ont connu leur plus forte baisse depuis le début de 2009, a indiqué le rapport de Statistique Canada. Il a ainsi diminué de 3,6 pour cent au quatrième trimestre, principalement en raison d’une baisse de 34,3 pour cent des exportations de pétrole brut.

L’agence a indiqué que la baisse des prix à l’exportation avait entraîné une baisse de 1,0 pour cent du revenu national brut, qui représente le pouvoir d’achat réel des revenus gagnés. Il s’agit de la plus forte baisse depuis le premier trimestre de 2015.

Pour la première fois, les répercussions de la légalisation du cannabis ont été reflétées dans le rapport sur le PIB réel de Statistique Canada. Le Canada a légalisé le cannabis récréatif en octobre.

Les dépenses des ménages en marijuana, sur une base annuelle, ont totalisé 5,9 milliards $ au quatrième trimestre, le cannabis illégal représentant 4,7 milliards $ du total, contre 1,2 milliard $ pour la marijuana obtenue de source légale.

« Le cannabis a représenté 0,5 pour cent des dépenses totales des ménages, et celles liées à l’achat de produits à des fins non médicales ont représenté 11,2 pour cent des dépenses en alcool, en tabac et en cannabis au quatrième trimestre », a précisé Statistique Canada dans son rapport.

La baisse du PIB pour 2018 reflète un ralentissement dans la plupart des catégories, notamment des résultats plus faibles pour la consommation des ménages, les investissements des entreprises et les investissements dans le logement, qui ont reculé de 2,3 pour cent. L’agence a expliqué que la baisse des investissements dans le logement avait coïncidé avec la hausse des taux d’intérêt et l’entrée en vigueur de règles plus strictes en matière de prêt hypothécaire.

En décembre, l’économie s’est contractée de 0,1 pour cent pour un deuxième mois consécutif. Il s’agissait en outre de son troisième déclin en quatre mois.