Une photo de Mark Carney à la Banque d'Angleterre

Justin Trudeau s’entretiendrait régulièrement avec Mark Carney, sans que celui-ci ait été formellement embauché comme conseiller, a appris le Journal de Montréal.

Après sept ans sur le sol anglais, le banquier est revenu à Ottawa ce printemps. Pourvu d’une belle expérience en matière de gestion de crises économiques, il semble être la personne idéale pour aider à la relance économique du pays.

Mark Carney a ainsi fait ses preuves en tant que gouverneur de la Banque du Canada de 2008 à 2013. Il a notamment réduit le taux au jour le jour de 50 points de base à un moment où d’autres banques centrales augmentaient leurs taux. Son geste a permis à l’économie canadienne de surpasser ses pairs, devenant le premier pays du G7 à voir son PIB et son niveau d’emploi revenir à leur niveau d’avant la crise, rappelle le National Post.

Il a ensuite manœuvré la Banque d’Angleterre pendant le Brexit. Et il a présidé le Conseil de stabilité financière, une institution internationale qui regroupe 26 autorités financières nationales, qui élaborent ensemble des normes dans le domaine de la stabilité financière.

Un article paru dans The Economist en avril a exposé son point de vue sur l’économie post-COVID.

Selon lui :

  • la crise va accélérer la fragmentation de l’économie mondiale, en limitant les déplacements jusqu’à ce qu’un vaccin soit trouvé et appliqué;
  • la dette va entraver la capacité de croissance des entreprises et le dynamisme du secteur privé pourrait être freiné par une relation trop étroite avec l’État;
  • la COVID-19 a renforcé la leçon de la crise financière de 2008 selon laquelle la résilience sera valorisée;
  • il y aura des conséquences durables pour les secteurs qui dépendent d’emprunts agressifs des ménages ou d’un marché immobilier en plein essor.

Il en conclut que nous sommes passés d’une économie de marché à une société de marché, où un actif doit se trouver sur un marché pour être évalué.

« Le prix de tout devient la valeur de tout. La crise pourrait contribuer à inverser cette relation », a-t-il écrit, citant le changement climatique comme le plus grand test de cette nouvelle hiérarchie des valeurs.

Selon lui, les entreprises qui n’ont pas établi un plan pour devenir carboneutres dans les prochaines années sont vouées à l’échec. Il estime que la pandémie offre une belle occasion de promouvoir le vert.

« À moins que nous n’agissions dès aujourd’hui, la crise climatique sera le scénario qui surviendra demain et, contrairement à ce qu’il se passe avec la COVID-19, personne ne pourra s’isoler pour l’éviter », a-t-il récemment écrit dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien britannique The Guardian.

Sa vision va de pair avec la promesse libérale d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050 et celle du Premier ministre Trudeau de mettre le climat à l’avant-plan du programme de relance post-COVID.

Un nouveau ministre des finances?

Certains libéraux de haut rang estiment que Mark Carney devrait être le concepteur et le moteur du plan de relance en tant que ministre des Finances.

Rappelons que récemment l’opposition réclamait la démission du ministre actuel, Bill Morneau, en raison du scandale à WE Charity. Le Bloc Québécois menaçait même de faire tomber le gouvernement dès septembre si le ministère des Finances n’était pas confié à quelqu’un d’autre d’ici là.

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Et Mark Carney semble être la personne toute désignée pour reprendre la place, si celle-ci devient vacante.