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Kabbage, une plateforme américaine de prêts en ligne, a envoyé près de 400 prêts pandémiques d’une valeur de 7 millions de dollars (M$) à de fausses entreprises, rapporte ProPublica.

Ces prêts ont ainsi été accordés dans le cadre du programme de protection des salaires à de prétendues exploitations agricoles des communautés côtières du comté d’Ocean, dans le New Jersey. Un fait pour le moins étrange puisqu’il ne s’agit pas d’un secteur destiné à la culture maraîchère.

Des entreprises aux noms tels que « Ritter Wheat Club » ou encore « Deely Nuts » ont pu obtenir des prêts de parfois plus de 20 000 $ alors qu’elles ne figuraient pas dans les registres des entreprises du New Jersey. Quant aux propriétaires des maisons où elles sont censées être situées, ces derniers n’étaient pas au fait de la situation avant d’être contactés par ProPublica et affirment ne connaître aucune de ces entreprises.

« Il n’y a pas d’agriculture ici : nous sommes un banc de sable, pour l’amour de Dieu », a commenté l’un d’eux en entrevue avec le journal.

ProPublica a réussi à identifier un total de 378 petits prêts accordés à de fausses entités commerciales pour une valeur combinée de 7 M$.

D’autres cas du genre

Le cas de Kabbage n’est pas isolé. Les fraudeurs ont largement profité du programme de protection des salaires depuis sa création en mars 2020. Pressée par le temps, l’Administration fédérale des petites entreprises ont passé outre aux précautions les plus élémentaires pour empêcher les opportunistes de soumettre de de faux documents.

L’inspecteur général du U.S. Small Business Administration (SBA) a estimé en janvier que l’agence avait approuvé des prêts pour 55 000 entreprises potentiellement inéligibles, et que 43 000 d’entre elles avaient obtenu plus d’argent que ce que leur masse salariale déclarée justifiait.

De nombreux prêteurs en ligne, attirés par les généreuses commissions pour chaque prêt traité, ont octroyé des prêts d’urgence aux entreprises. Si ce système a permis d’aider de nombreux emprunteurs refusés par les banques traditionnelles, cela a aussi ouvert grand la porte aux fraudes.

« Le fait de déléguer l’opération de ce programme gouvernemental à différentes institutions actives dans le secteur financier a attiré certaines personnes malveillantes, a commenté Naftali Harris, PDG de Sentilink, qui aide les prêteurs à détecter les vols d’identité potentiels. C’est définitivement un cas où les entreprises qui ont décidé qu’elles voulaient être plus prudentes en termes d’octroi de prêts ont été pénalisées pour l’avoir fait. »

Kabbage a refusé de commenter les découvertes de ProPublica, mais a affirmé tout de même avoir respecté les protocoles destinés à contrer la fraude et avoir signalé toute activité frauduleuse au bureau de l’inspecteur général de la SBA.