S’il est effectivement souhaitable d’avoir une fenêtre dans son bureau, son orientation par rapport à la surface de travail ne doit pas ajouter à la fatigue visuelle.

«La position idéale, c’est d’être perpendiculaire à la fenêtre», précise Véronique Goyette, ergonome certifiée CCPE et chargée de projets pour la firme spécialisée Entrac. Pour cette raison, il est également important de réduire au minimum les contrastes d’éclairage – entre un plafonnier tamisé et une lampe d’appoint intense, par exemple.

La pièce doit dégager le même professionnalisme qu’un bureau commercial, autant par les couleurs neutres des murs que par la propreté. Si le ménage représente parfois un défi – tout comme arriver à prendre des vacances sans «se sauver de la maison» -, Carmen Goyette voit beaucoup plus d’avantages que d’irritants à la situation. «J’ai beaucoup moins de frais associés aux déplacements, je suis moins prise dans le trafic et je m’habille beaucoup plus confortablement pour travailler», énumère-t-elle.

Elle profite également de mesures fiscales liées à l’utilisation d’environ 20 % de son domicile à des fins professionnelles. «L’impact est là, mais il n’est pas aussi grand que beaucoup le pensent», nuance-t-elle. Ses dépenses de taxes, de chauffage, d’électricité, d’assurances et d’intérêts hypothécaires sont calculées au prorata, puis divisées entre les deux paliers de gouvernement. Ses fournitures de bureau sont également déductibles.

Le défi de la conciliation travail-famille

Afin d’être efficace, il est nécessaire de disposer d’une pièce fermée réservée au travail et où il est possible de s’isoler. C’est d’ailleurs avec cet objectif en tête que Jérôme Martineau a magasiné sa maison en 2013. «C’était l’un de mes critères d’avoir un coin où je pourrais me concentrer et ne pas me faire déranger», raconte le conseiller autonome, conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective affilié à SFL. À peine emménagé, il a transformé une pièce du sous-sol de son domicile du quartier Vimont, à Laval, où il travaille environ la moitié du temps.

Il y voit beaucoup d’avantages. «Étant nouveau papa, je peux passer du temps avec mon enfant le matin, puis l’amener à la garderie en sachant qu’en 20 minutes, je suis revenu et prêt à travailler, sans le stress du trafic, raconte-t-il. En plus de tout le temps que j’épargne sur les déplacements, ça me permet de gagner en qualité de vie.»

Le proverbial revers de la médaille n’est pas bien loin, cependant. «C’est un défi de travailler quand le bébé court dans tous les sens, quand ta conjointe te dit : « Tu es à la maison, viens donc m’aider… » ou que toute la famille t’attend pour manger après une rencontre client à l’heure du souper, admet le jeune père. C’est facile de perdre sa concentration. Il faut faire comprendre aux membres de la famille que tu es en mode travail et qu’ils ne doivent pas te déranger.»

Jérôme Martineau souligne par contre que «ce n’est pas nécessairement plus facile de conserver le focus dans un bureau, quand les collègues viennent discuter».

Si c’était à refaire, il prêterait davantage attention à l’insonorisation de son bureau, de manière à réduire au minimum les bruits ambiants, dont le craquement du plancher de l’étage.

Véronique Goyette estime qu’investir dans des travaux structurels «ne sera peut-être pas très rentable», mais rappelle que le choix des matériaux peut avoir un effet important. «Le bruit rebondit sur les surfaces lisses, comme un bureau en verre ou une grande fenêtre, détaille-t-elle. Des fauteuils non rembourrés augmentent aussi la réverbération du son. À l’inverse, un revêtement de tapis va réduire le bruit, et certains plafonds suspendus sont plus absorbants.»

Peu de clients à la maison

Les deux professionnels rencontrent principalement leurs clients au domicile et au lieu de travail de ceux-ci, ou encore dans les locaux de SFL, à Montréal. Carmen Goyette n’en reçoit «qu’une poignée» chez elle, sur rendez-vous. «Je ne veux pas que tous connaissent mon adresse et se pointent le samedi matin pour dire bonjour ou m’apporter un document, fait-elle valoir. J’ai un lien d’amitié avec ceux que je reçois ou une grande confiance en eux.» Elle n’a prévu aucun aménagement particulier pour eux, sauf «un fauteuil sur roulettes réglable.»

Son collègue lavallois n’accueille «pas plus de 10 %» de ses clients chez lui, idéalement dans des plages horaires «qui respectent l’intimité des autres membres de la famille».

«Ce sont des gens que je connais depuis longtemps et qui connaissent aussi ma famille, donc ils reçoivent un accueil chaleureux, puis nous descendons au sous-sol parler de leur dossier», explique-t-il. Une salle d’eau a été «remise au goût du jour» à leur intention et deux chaises les attendent. Véronique Goyette souligne que celles-ci devraient être adaptées au type de clientèle servie. «Si plusieurs clients sont des aînés, par exemple, nous recommandons un siège avec des appuie-bras, car ça les aide à se relever.»