Les banques ont perdu 3% depuis le début de l’année, par rapport au déclin de 4,7% du S&P/TSX de la Bourse de Toronto.

RBC Marchés des capitaux et BMO Marchés des capitaux misent sur un bon premier trimestre, sans plus, avec une hausse prévue de 5 à 6% des bénéfices pour les sept grandes banques qui dévoileront sous peu leur premier trimestre.

La Banque CIBC ouvre le bal le 22 février tandis que Canadian Western Bank ferme la marche, le 8 mars.

De meilleures marges d’intérêt, un bon volume de prêts et le contrôle assidu des coûts devraient en effet compenser pour une légère détérioration des provisions pour pertes sur prêts et une moins grande contribution de la division des marchés des capitaux par rapport au record d’un an plus tôt.

La volatilité des marchés s’est en effet manifestée seulement à la fin du mois de janvier et se fera sentir à partir du deuxième trimestre.

Les profits des activités canadiennes de dépôts et de prêts croîtront de 5%, tandis que la croissance des bénéfices de la gestion de patrimoine et des assurances devrait atteindre de 11%, estime Sohrab Movahedi, de BMO Marchés des capitaux.

Le Canada procure 46% des bénéfices et 70% des prêts aux grandes banques, précise-t-il.

Il faudra par contre attendre le prochain trimestre pour prendre la première mesure des nouvelles contraintes fédérales de la Loi B-20 concernant les hypothèques résidentielles, signale aussi Darko Mihelic, analyste de RBC.

Cette nouvelle loi oblige les acheteurs de maisons et de logements à prouver qu’ils pourraient continuer à effectuer leurs paiements si les taux d’intérêt devaient grimper, même ceux qui ont effectué une mise de fonds de 20%.

«Bien que les banques aient dit que l’impact des nouvelles règles serait modéré, nous croyons que la croissance du volume des hypothèques passera de l’actuel 6% à 2%, au cours des prochains trimestres», indique l’analyste de RBC.

Chez Canaccord Genuity, le stratège quantitatif Martin Roberge, s’attend justement à ce que le premier trimestre profite du fait que les emprunteurs auront devancé leur demande de prêts avant l’entrée en vigueur de la Loi B-20.

En revanche, les investisseurs devront aussi patienter au prochain trimestre pour apprendre comment les banques entendent déployer le capital excédentaire que procureront les nouvelles règles de capitaux propres minimums de Bâle, précise pour sa part M. Movahedi.

«Cet allègement aidera les banques à atteindre nos prévisions de croissance de bénéfices de 5 à 8%, en 2018», précise-t-il.

Scotia et T-D, encore les préférées

Les deux banques les plus à même de profiter de leur forte présence à l’étranger Banque Scotia et Banque T-D, la première à l’international et la deuxième aux États-Unis, restent les préférées de M. Mihelic, à court terme.

Surtout que la Banque T-D, la plus américaine des banques canadiennes, n’a pas encore chiffré l’impact de la réforme des impôts américaine sur la contribution aux bénéfices de ses activités au sud de la frontière.

La Banque Scotia se négocie à un multiple inférieur à celui de son industrie par rapport à une plus-value historique de 5%.

Toute progression de ses prêts à l’international supérieure aux attentes, ainsi que la démonstration d’un contrôle rigoureux des coûts, pourrait raffermir le titre en Bourse, espère aussi l’analyste de RBC.

Quant aux dividendes, les deux analystes prévoient une hausse de 2 à 3% de la Banque Scotia et de 10% de la Banque T-D.

M. Movahedi, de BMO, s’attend aussi à ce que la Banque Royale augmente le sien de 2 à 3%, alors que M. Mihelic croit que la Banque CIBC gonflera son dividende de 2%.

Un dernier trimestre fort?

Les banques canadiennes ont offert en Bourse un meilleur rendement total que l’indice S&P/TSX grâce à leurs dividendes, mais leur performance est de 3,8% inférieure à la médiane d’un groupe repère de 39 banques dans le monde que collige BMO.

«Essentiellement, les autres banques apparaissent plus attrayantes quand on compare leur évaluation aux perspectives de croissance», explique M. Mohavedi.

L’indice bancaire canadien s’échange à un multiple de 11,5 fois les bénéfices prévus en 2018, soit 76% le multiple du S&P/TSX, une proportion tout à fait conforme à la moyenne historique, dans des conditions macroéconomiques similaires.

«Leurs titres restent tout de même attrayants compte tenu de leur dividende, du rendement de l’avoir des actionnaire respectable de 15%, de la saine diversification de leurs affaires et d’un nouvel effort pour réduire les coûts», avance l’analyste de BMO, qui préfère aussi les banques Scotia et TD.

Bien que les résultats des banques pourraient fournir un «dernier hourra» au premier trimestre, les titres bancaires ne sont pas dans une zone d’achat, croit M. Roberge qui se déplace d’un secteur à l’autre en fonction de paramètres comparatifs à court terme.

Le stratège quantitatif s’attend notamment à ce que l’effet cumulé des nouvelles contraintes hypothécaires, de la hausse des taux et de la hausse des prix des logements fasse décliner le volume des emprunts hypothécaires en 2019.

L’incertitude entourant les négociations de l’accord de libre-échange nord-américain nuira aussi aux décisions d’investissement des entreprises canadiennes.

Les bénéfices de 2019 risquent donc de décevoir, à son avis.

«En fin de compte, les investisseurs décident quel prix ils sont prêts à payer pour les bénéfices futurs, mais nous ne percevons pas quels nouveaux acheteurs marginaux pourraient donner un nouveau souffle aux cours des banques canadiennes, au moment où les autres banques du monde entament leur phase d’appréciation», écrit-il.

Ni la performance des banques canadiennes par rapport au S&P/TSX, ni leur multiple cours-bénéfices comparatif, ni leur élan technique ou leur rendement de dividendes ne suscite de signal clair d’achat.