Michaël Roy - photos gracieuseté

À l’approche de ses 40 ans, qu’il célébrera en août prochain, Michaël Roy a senti le besoin de marquer le coup avec une publication sur LinkedIn et de dévoiler publiquement sa carrière de lutteur professionnel, sous les traits du flamboyant Gorgeous Mike ! « Je ne m’attendais pas à avoir autant de réactions », confie-t-il d’entrée de jeu.

En fait, le planificateur financier et conseiller en placement et en sécurité financière chez Gestion de capital Assante, à Saint-Hyacinthe, précise que la plupart de ses clients savent depuis longtemps qu’il est lutteur professionnel.

Une passion

Dès l’âge de 9 ans, le jeune Michaël se découvre une passion pour la lutte professionnelle, en regardant les combats télévisés de la World Wrestling Federation (devenue depuis la World Wrestling Entertainement – WWE). À 12 ans, il débute son entraînement auprès de Serge Jodoin, un ancien lutteur de la WWF. Puis, à 14 ans, il intègre l’école de Jacques Rougeau, l’un des grands noms de la lutte au Québec.

C’est en 2000, à l’âge de 16 ans, qu’il entame sa carrière de lutteur professionnel. Son premier spectacle de lutte, à l’Assomption, l’oppose à Kevin Owens, aujourd’hui une figure emblématique de la WWE, qui amorçait lui aussi sa carrière sur le ring.

Presque 23 ans plus tard et quelque 400 matchs disputés, Gorgeous Mike est toujours dans l’arène. Il s’est taillé une place de choix au sein de la Northern Championship Wrestling (NCW), une fédération québécoise à laquelle il s’est joint en 2002.

Une discipline de vie

Michaël Roy en convient, « ce n’est pas facile de lutter. Tout le monde sait que c’est arrangé, que c’est un spectacle, un divertissement sportif. Mais il reste que les lutteurs sont des athlètes. Il faut s’entraîner, se pratiquer ».

Sédentaire et en surpoids, le jeune adolescent a dû d’ailleurs se prendre en main en surveillant son alimentation et en s’entraînant. « À l’âge de 13 ans, j’ai perdu 40 livres en six mois pour pouvoir devenir lutteur professionnel ».

La lutte lui a également apporté la discipline nécessaire pour persévérer dans ses études. Sur ce plan aussi, son parcours est atypique. Après avoir éprouvé des difficultés à la fin du primaire et au début du secondaire, un déclic s’est produit et lui a permis d’achever ses études secondaires à 19 ans.

Un attrait pour les finances

Considérant que ses chances étaient minces de faire carrière aux États-Unis et de gagner beaucoup d’argent grâce à la lutte, ce fils d’entrepreneur, propriétaire d’une compagnie de portes et fenêtres, choisit de se tourner vers les finances, son autre passion. « J’ai commencé à travailler à l’usine assez jeune. Mon père m’a fait découvrir très tôt la valeur de l’argent. Je lui prêtais de l’argent et il me donnait des intérêts. J’ai compris comment faire fructifier l’argent. »

Après des études en techniques administratives au Cégep de Saint-Hyacinthe, il décroche, en 2011, un baccalauréat en administration des affaires à l’Université du Québec à Montréal. Il obtient par la suite le titre de planificateur financier.

Tout au long de ses études, il poursuit sa carrière de lutteur en parallèle. « La semaine, j’étudiais, je m’entraînais, puis la fin de semaine, je donnais des spectacles. J’ai atteint mon apogée comme lutteur de 20 à 30 ans. Je luttais une à deux fois par fin de semaine. »

Peu après la fin de ses études universitaires, il commence sa pratique de planificateur financier chez Desjardins, à Saint-Hyacinthe, où il est déjà employé depuis le cégep. Puis, en 2016, il fait le grand saut comme planificateur financier indépendant, exerçant depuis ses activités professionnelles pour le compte de Gestion de capital Assante.

Le meilleur des deux mondes

Pour Michaël Roy, la lutte est une occasion de se mettre en scène et d’incarner un personnage. Et, d’après lui, c’est ce que les vrais amateurs de lutte apprécient. « Gorgeous Mike, c’est moi exagéré fois mille. […] Ce que j’aime de la lutte, ce n’est pas de faire des prises, mais de donner un spectacle. »

Il avoue d’ailleurs être plus à l’aise lorsqu’il campe un rôle de méchant, qui lui permet de s’extérioriser, ce qu’il ne peut évidemment pas faire dans sa profession de planificateur financier. « On ne peut pas se permettre d’être Gorgeous Mike lorsqu’on gère les investissements et le patrimoine des clients », lance-t-il en riant.

Cela dit, ses clients savent très bien faire la différence entre le planificateur financier et le lutteur professionnel. Dans les deux cas, une valeur principale le guide : l’authenticité. « Ils savent que Michaël Roy est authentique, et que la fin de semaine, il se transforme en Gorgeous Mike. Je ne m’en cache pas. »

La discipline et la persévérance dont il a su faire preuve tout au long de sa carrière de lutteur, tout comme dans son parcours scolaire, lui servent aujourd’hui dans sa profession. « C’est le même principe lorsque mes clients me disent : j’aimerais avoir un chalet ou je veux prendre ma retraite à 60 ans. On va travailler ensemble et on va prendre les mesures pour y arriver. »

Sur le ring encore longtemps ?

Si Michaël Roy a tenu à révéler publiquement sa carrière de lutteur, c’est aussi pour exprimer sa gratitude. « Je suis chanceux, à près de 40 ans, d’être aussi en forme et de connecter autant avec la foule. »

Cette double vie va-t-elle encore durer bien longtemps ? Si sa passion est intacte, il concède que le rythme n’est toutefois plus le même. « C’est sûr que je ne lutte pas deux fois par fin de semaine. Maintenant, c’est une fois aux trois semaines. »

Au bout du compte, ce qui influencera sa décision, c’est sa vie familiale, qui est sa priorité. Pour l’instant, ses deux enfants, une fille de 5 ans et un garçon de 3 ans, viennent le voir lutter à l’occasion et ils adorent ça. « Donc, je pense que ça peut durer quelques années encore. »