Photo portrait de Nicolas Schulman.
Gracieuseté

Avec son français impeccable et sa carrière québécoise, difficile de deviner que le conseiller en placement Nicolas Schulman est en réalité natif de Miami, en Floride. Ce dernier n’est arrivé au Québec que vers l’âge de 11 ans avec sa mère, qui en était originaire. Or, son intégration s’est révélée aussi rapide que le développement de sa carrière.

Nicolas Schulman est maintenant conseiller principal en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale (FBN). Il a commencé sur le parquet de la Banque Laurentienne à tout juste 19 ans. « Mon oncle travaillait à la Banque Laurentienne avec Henri-Paul Rousseau [qui en a été chef de la direction de 1994 à 2002], ce qui m’a permis d’obtenir un stage à un jeune âge », explique-t-il.

Après un bref passage dans cette institution, il rejoint celle qui est encore la sienne aujourd’hui: la Banque Nationale (BN).

« J’avais de bons partenaires et amis qui y travaillaient et dès l’université, ils m’ont proposé de participer à un programme qui était l’équivalent d’une formule sport-études, mais dans l’univers bancaire », se souvient le détenteur d’un baccalauréat en sciences économiques de l’Université Concordia.

Ainsi, dès cette époque, il travaille à temps plein pour la BN tout en poursuivant ses études à temps partiel. Il se joint aux rangs de l’institution en 2003, comme planificateur financier dans le réseau des succursales. Il assume pendant cinq ans ce rôle, puis a « la chance »de faire le saut à la FBN.

« Il n’y avait jamais vraiment de bonnes synergies à l’époque entre la FBN, qui est plus axée sur le courtage, et le réseau des banques. Ils m’ont demandé d’essayer d’abattre les murs qui existaient entre les deux silos », raconte-t-il.

C’est à cette époque que Nicolas Schulman a commencé à créer les bases de ce qui allait devenir plus tard son bureau de gestion de patrimoine de type family office. Avec son expérience du réseau bancaire, où il parlait d’assurance, d’investissement et de planification financière et successorale, il lui semblait logique de maintenir cette offre de services auprès de sa clientèle.

Aujourd’hui, avec son équipe de 10 collaborateurs et employés, il se considère comme le chef de la direction financière des quelque 425 familles qu’il sert. Sa clientèle, qui représente environ 800 M$ d’actifs sous gestion, est composée essentiellement de médecins.

Dès son entrée à la FBN, Nicolas Schulman a commencé à s’intéresser de plus près aux fonds négociés en Bourse (FNB). Parmi les cinq modèles portefeuille que son équipe et lui proposent à leurs clients, l’un est composé à 100 % de ces fonds. Les autres en contiennent également, mais dans une moindre proportion, soit environ de 20% à 35 %.

Le gestionnaire discrétionnaire ne s’intéresse toutefois pas à tous les types de FNB. Il aime particulièrement les FNB à bêta intelligent (Smart Beta). C’est la version « 2.0 des FNB », comme il aime le dire.

Alors qu’il croit profondément à la gestion active, il n’est pas surprenant qu’il apprécie cette approche qui ne se limite pas à une réplication indicielle. Son équipe et lui pratiquent la gestion active dans tous leurs portefeuilles. Il leur semblait donc naturel d’opter pour des produits dont les règles de construction reflètent aussi ce type de gestion.

« Ça fait une couche supplémentaire. Ainsi, il y a déjà deux lignes de front pour surveiller le capital de nos clients et prendre de bonnes décisions. Des superpositions de protection comme ça, c’est magnifique ! » s’enthousiasme-t-il.

Avantages notables

Un avantage des FNB qui retient l’attention de Nicolas Schulman, outre le fait de pouvoir s’avérer fiscalement avantageux, c’est la diversification qu’ils offrent. « Avoir des FNB vient réduire la volatilité d’une concentration dans une seule position », expose le gestionnaire.

Ainsi, son équipe et lui utilisent les FNB dans leurs portefeuilles principalement pour cibler certains secteurs d’activité ou zones géographiques plus difficiles à reproduire sans prendre de risque inutile. Cela permet ainsi « d’améliorer »et de spécifier un secteur ou de diversifier le risque parmi les actions.

« Les zones géographiques le plus facilement réplicables sont asiatiques ou européennes. Tu n’es ainsi pas obligé de faire la recherche supplémentaire dans les sociétés spécifiques, disons en Asie », se réjouit-il.

De plus, comme les FNB sont inscrits à la cote sur une bourse nord-américaine, un conseiller qui les utilise peut les négocier « indépendamment »de l’heure d’ouverture des bourses locales et quand même avoir trouvé la liquidité qui lui permet de le faire, note-t-il. Or, on recommande généralement aux conseillers de négocier un FNB au moment où les actifs sous-jacents sont échangés sur les bourses locales afin de réduire le coût de l’écart cours acheteur-cours vendeur.

Un autre avantage que Nicolas Schulman attribue aux FNB est leur efficacité en matière de frais. « Des sociétés comme Fidelity et Dynamique n’ont pas eu d’autre choix, en raison des comptes à honoraires, que de trouver une solution de rechange aux fonds communs de placement à 2,4 % de ratio des frais de gestion. Elles les reproduisent avec des frais de 0,8 % à 0,9 % par l’intermédiaire d’un FNB. Si je veux intégrer des produits externes qui ne sont pas gérés à 100 % par moi, je dois trouver une efficacité de frais », souligne-t-il.

Ainsi, dans ses stratégies, il utilise les FNB essentiellement dans la partie diversification et exploratoire de ses portefeuilles, excepté pour celui qui est à 100 % en FNB, évidemment. Ces produits sont ainsi utilisés de façon plus tactique, notamment pour s’exposer temporairement à un segment de marché.

Par exemple, son équipe a utilisé le FNB JETS juste après le confinement pandémique pour profiter de la reprise des voyages en avion. Celui-ci lui permettait d’investir dans le secteur des lignes aériennes américaines sans devoir sélectionner une entreprise en particulier. « En utilisant JETS, on misait sur l’ensemble du secteur. Si on avait visé une compagnie, on aurait pu se tromper… »

Dans le même ordre d’idées, pendant la pandémie, ils ont investi dans le FNB HERO, qui regroupe des entreprises de jeux vidéos. Un bon pari.

Évidemment, le recours à ce type de FNB n’est pas toujours fait dans une perspective à long terme. « On peut garder ces produits plusieurs jours, semaines, mois ou années. Ça va dépendre du temps qu’il nous faudra pour avoir raison », dit-il.

Pendant la pandémie, Nicolas Schulman et son équipe ont par exemple misé sur l’or, une prédiction qui s’est réalisée à l’été 2022. Cependant, une fois que l’inflation aura atteint un plafond, le conseiller estime que le FNB n’aura plus de valeur ajoutée pour lui et compte donc vendre sa position.

Leurs portefeuilles contiennent évidemment d’autres produits que des FNB, notamment des titres individuels, mais aussi des produits structurés. Son équipe et lui sont capables de créer des billets structurés sur mesure, dont les sous-jacents sont d’ailleurs souvent des FNB.

Malgré les avantages multiples liés aux FNB, Nicolas Schulman recommande aux investisseurs et gestionnaires de ne pas aller trop vite dans l’adoption de ces fonds. « Il y en a tellement sur le marché, c’est important de choisir le fournisseur et le produit qui non seulement correspond à son modèle, mais qui aussi aura de la liquidité en période de crise », avertit-il.

Lui-même se méfie ainsi des FNB synthétiques, lesquels utilisent souvent des produits dérivés pour obtenir une exposition à l’actif sous-jacent et présentent un risque additionnel que la contrepartie n’honore pas son contrat. Le conseiller les trouve trop opaques et estime qu’ils manquent souvent de liquidités en période de crise. Il se tient également sur ses gardes concernant des FNB trop « exotiques », liés à des produits alternatifs ou des fonds de couverture (hedge funds), souvent regroupés dans un indice, car il lui paraît parfois difficile de savoir exactement ce qu’il y a à l’intérieur.

Il s’éloigne également des modes et des FNB thématiques. Toutefois, il admet avoir déjà utilisé un FNB de cryptomonnaies pour un investisseur désirant participer à ce secteur. Il s’est cependant assuré qu’il s’agissait d’un produit authentique et non synthétique.

En bref, Nicolas Schulman estime que les FNB sont pratiques, à condition de faire les vérifications diligentes et de s’assurer de comprendre comment les négocier. Il recommande notamment de bien choisir ses FNB pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

« Il y a tellement de FNB que c’est sûr qu’on peut y trouver son compte. La question est toujours de bien connaître ses produits! » souligne Nicolas Schulman.