Un homme d'affaire réarrangeant des légos
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Depuis 2006, je n’utilise que les fonds négociés en Bourse (FNB) pour gérer les portefeuilles de mes clients. J’étais alors las de me faire vendre les titres qui étaient les saveurs du mois. J’étais méfiant à l’égard des prévisions douteuses et des produits opaques assortis de frais de gestion élevés. Je voulais m’éloigner du marketing mettant de l’avant des vedettes de la sélection de titres.

Les investisseurs étaient impatients de se faire parler simplement, sans fausses promesses. L’imprévisibilité des marchés rend toute prédiction futile. Recourir aux FNB pour mes clients s’inscrivait dans une philosophie d’humilité et de réalisme. Voici les principales raisons qui m’ont fait adopter les FNB et grâce auxquelles je suis toujours à l’aise d’en offrir.

Faibles frais

La plus grande innovation des FNB est d’avoir permis aux détenteurs de ces fonds de négocier entre eux sur la place boursière plutôt que de se fier à un émetteur de fonds communs pour vendre et acheter leurs unités. D’où leur nom de fonds négociés en Bourse. Assurer la comptabilité de ces achats et ventes représente un coût important pour les manufacturiers de fonds, coûts qui sont refilés en grande partie à l’investisseur. Ayant imparti cette fonction aux mainteneurs de marché, les fournisseurs de FNB ont créé des économies qui résultent en frais moins élevés pour les détenteurs. De plus, il coûte moins cher de calquer un indice que de payer un gestionnaire de portefeuille pour la sélection de titres. Cela représente une autre économie dont on peut faire bénéficier les détenteurs.

Les gestionnaires actifs offrent en général peu de valeur ajoutée. La vaste majorité d’entre eux réussissent moins bien que leurs indices de référence sur une période de 10 ans, selon le rapport SPIVA Canada pour 2021. De plus, ils souffrent d’une absence de persistance de rendements d’une année à l’autre. Par le passé, bon nombre de gestionnaires ont été hissés au rang de héros à la suite d’une bonne séquence de rendements avant de glisser au milieu du peloton.

Un FNB indiciel vise à reproduire le rendement et le comportement de son indice de référence. Personne ne sait si l’indice augmentera ou baissera au cours des prochains mois. Par contre, nous savons que le rendement du XIU sera celui du S&P/TSX 60 (moins le ratio des frais de gestion annuels de 0,18 %).

Diversification

La meilleure défense contre la volatilité et l’imprévisibilité des marchés est d’être bien diversifié parmi un grand nombre de catégories d’actifs de qualité que l’on rééquilibre régulièrement. Il est avantageux de cibler nos efforts sur la structure de portefeuille plutôt que sur la sélection de titres afin d’offrir la meilleure gestion du risque possible.

Transparence

Les FNB se segmentent en trois groupes: ceux qui reproduisent l’indice sous-jacent en en détenant tous les titres; ceux qui reproduisent l’indice sous-jacent de manière partielle tout en s’assurant de la plus faible erreur de réplication possible; et ceux qui utilisent des produits dérivés pour offrir le rendement de l’indice. Le premier groupe présente la plus grande transparence, car nous pouvons déterminer avec exactitude les titres détenus, et leur composition relative à l’indice. Dans le deuxième groupe, les FNB visent à maximiser leur liquidité en laissant de côté les titres de l’indice qui sont les moins liquides. Cela les rend plus faciles à négocier en grande quantité et diminue les écarts de négociation. Or, nous sommes obligés de nous fier à la qualité de cette optimisation. Le FNB détient-il 95 % des titres de l’indice, ou seulement la moitié ? Et quel est l’impact sur son erreur de réplication ?

Le troisième groupe présente le moins de transparence. Il se fie à des produits dérivés tels que des contrats à terme pour offrir de manière contractuelle le rendement de l’indice sous-jacent. Cette méthode peut certes apporter certains avantages, mais elle est plus opaque et complexe.

Liquidité

Un FNB offre différentes couches de liquidité. La plus importante provient de la liquidité intrinsèque de l’actif sous-jacent. Si celui-ci est liquide, le FNB le sera tout autant. L’inverse est aussi vrai. Une autre couche est issue des parts de FNB elles-mêmes, qui peuvent s’échanger sur une plateforme boursière à tout moment de la journée. Enfin, un mainteneur de marché peut également offrir une certaine couche de liquidité, car il peut utiliser son inventaire de titres afin de négocier des parts de FNB.

Toutes les catégories d’actifs n’ont pas le même degré de liquidité. Le marché des obligations de sociétés n’est pas aussi liquide que le marché des grandes actions américaines, par exemple. Les FNB ne peuvent pas créer une liquidité infinie, mais ils ouvrent la porte à un grand nombre de marchés qui auparavant n’étaient accessibles qu’aux investisseurs institutionnels. Il nous serait impossible en tant qu’investisseurs de monter un portefeuille d’obligations de sociétés, ou d’actions privilégiées ou d’actions de sociétés à petite capitalisation sans que les coûts de négociation soient exorbitants. Les FNB que nous pourrions considérer pour nos portefeuilles doivent respecter ces critères: faibles frais, liquidité, référence à un indice reconnu et transparence.

Or, depuis quelques années, les nouveaux FNB semblent s’éloigner de plus en plus de ces principes directeurs qui avaient été la motivation originale de leur création. Certains FNB sont plus opaques, permettent d’investir dans la saveur du mois, et ont des frais plus élevés. Si l’on veut rester fidèle à la gestion de portefeuille basée sur les principes financiers éprouvés, on ne peut que constater qu’un segment important des nouveaux FNB montre peu d’intérêt.

Guy Lalonde est conseiller en placement, Financière Banque Nationale

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