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Au contraire, à l’échelle mondiale, le secteur de la finance est celui ayant le plus dépensé dans les technologies de l’information depuis 2008, selon la firme de recherche Gartner. Les organisations avisées ont déjà compris que les clientèles de demain sont constituées de milléniaux nés dans cet environnement technologique. Ils en maîtrisent les applications et recherchent des institutions financières dont les solutions technologiques sont adaptées aux besoins d’aujourd’hui.

L’intelligence artificielle, les nouvelles technologies et l’intégration des fintechs sont quelques exemples de nouvelles réalités qui entraînent des défis importants, tant pour les organisations que pour les professionnels de la finance.

Selon un récent sondage réalisé par le Forum économique mondial sur l’avenir des emplois, d’ici 2022, plus de 54 % des employés des grandes entreprises auront eu à adapter et à rehausser leurs compétences, toutes industries confondues.

Les entreprises interrogées projettent qu’une part significative des tâches administratives liées aux secteurs des services financiers et de l’investissement sera accomplie par des machines. À l’heure actuelle, les machines réalisent 36 % de ces tâches et on estime que cela passera à 61 % d’ici 2022.

Selon une étude sur la profondeur de la main-d’oeuvre dans les services financiers à Montréal, menée pour le compte de Finance Montréal, les postes opérationnels (middle office, arrière-guichet et comptabilité), soit environ 22 % des effectifs actuels du secteur des services financiers au Québec, seront ceux qui connaîtront la plus importante décroissance d’ici 2020.

Les fintechs requièrent des personnes ayant développé de nouvelles compétences transversales. On attend des professionnels qu’ils aient de bonnes connaissances en informatique, qu’ils soient capables d’utiliser les outils issus des technologies d’analyse de données et qu’ils sachent prendre des décisions financières éclairées à l’ère de la haute vitesse et des mégadonnées. La plus forte croissance prévue des perspectives de carrière dans les prochaines années est liée à l’analyse et au développement de solutions analytiques (data science), à l’automatisation des processus, à la programmation et à la cybersécurité. Pour le moment, on n’y trouve que 6 % des effectifs en finance au Québec, mais une forte hausse est à prévoir, selon l’étude de Finance Montréal.

Quelles sont les compétences requises pour être performant dans la finance de l’avenir ?

Énoncé simplement, disons que les compétences prisées seront celles que les robots n’ont pas, soit le raisonnement analytique, la capacité d’innovation, l’apprentissage actif, la créativité et le sens de l’initiative, la conception et la programmation, la pensée critique et l’analyse, la résolution de problèmes complexes, le leadership et l’influence, l’intelligence émotionnelle, le raisonnement et l’idéation ainsi que l’analyse et l’évaluation de systèmes.

Plus mobilisés que jamais !

L’écosystème financier de Montréal est branché sur les tendances mondiales qui transforment l’industrie. Le secteur est fortement mobilisé pour préparer cette finance de l’avenir. Montréal est déjà reconnue mondialement comme un pôle d’excellence en intelligence artificielle, en plus de l’être comme force financière regroupant un bassin de talents diversifiés. Aujourd’hui, toutes les forces vives de l’industrie misent sur ce profil unique pour positionner la ville comme un pôle fintech d’envergure internationale. La création du Forum FinTech Canada et celle de la Station FinTech Montréal – deux initiatives de Finance Montréal – sont de bons exemples.

La place financière de Montréal se développe donc à toute vitesse. Elle a tout pour le faire. Dans cette foulée, tous les acteurs en présence dirigent leur attention sur le développement de cette nouvelle intelligence professionnelle.

Du côté des employeurs, il est essentiel que les efforts en formations internes et en recrutement s’intensifient afin d’assurer le renouvellement et l’évolution de la main-d’oeuvre dont les compétences deviennent désuètes. Il y a une gestion de changement à prévoir pour faciliter la transition vers les postes d’avenir. Déjà, de plus en plus d’institutions financières renforcent les secteurs liés à l’intelligence d’affaires et l’analytique.

Les universités doivent multiplier les collaborations university to business (U2B) porteuses d’avenir et continuer d’adapter les programmes de formation à la réalité changeante de l’industrie des services financiers.

Le CFA Institute, responsable de la formation CFA® et de l’attribution du titre, adapte son programme. Dès 2019, les examens I et II comprendront une section consacrée aux fintechs. Les candidats devront démontrer des connaissances de base liées aux fintechs, aux mégadonnées, à l’intelligence artificielle, à l’intégration des fintechs dans la gestion des investissements et à la technologie de chaîne de blocs appliquée à la finance.

Du côté de CFA Montréal, les responsables du volet fintech se sont donné comme mandat de soutenir les membres en assurant la mise à niveau des compétences clés en forte croissance. Cela passe notamment par une nouvelle offre d’ateliers, de formations et de conférences.

La révolution en cours est appelée à bouleverser les modèles d’affaires et même à donner naissance à de nouveaux métiers dont il faut suivre de près l’évolution. Il est clair que les professionnels en finance et en investissement devront s’y préparer pour être capables de naviguer dans ce nouveau modèle dans les années à venir.

Thomas Gagné, M. Sc., CFA, FRM Directeur Développement corporatif FinTech au Mouvement Desjardins, membre du conseil d’administration de CFA Montréal et directeur Contenu et FinTech.